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La marque du christianisme est la recherche de la douceur

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Saint François d'Assise.

Vincent Morch - publié le 06/11/22

Comment distinguer ce qui est chrétien, ce qui a été chrétien et ce qui ne l’est pas ? Pour l’essayiste Vincent Morch, la marque de la civilisation chrétienne est d’avoir arraché le monde à la violence du monde antique.

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Qu’est-ce que la civilisation chrétienne ? Pour la plupart d’entre nous, la réponse relève spontanément de la sphère socio-politico-culturelle : elle serait un ensemble de lois, d’institutions et de productions artistiques dont la source d’inspiration prédominante serait l’Évangile. Cette approche ne va pas sans poser de nombreuses difficultés, en premier lieu parce que la civilisation chrétienne n’a pas surgi de nulle part. Elle est née du sein du judaïsme, et s’est développée dans des civilisations qui lui préexistaient et dont l’histoire a fini par faire d’elle l’héritière, parfois pour le meilleur (la philosophie grecque ou le droit romain), parfois pour le pire (l’esclavage ou le statut inférieur de la femme). De sorte qu’il est parfois bien difficile de faire la part des choses entre ce qui est « chrétien » et ce qui ne l’est pas. 

La chevalerie par exemple — parangon s’il en est de la chrétienté triomphante — doit tout autant à la puissante tradition guerrière des Germains qui s’implantèrent dans l’empire d’Occident qu’au concept de guerre juste de saint Augustin. Si l’on s’en référait aux seuls évangiles, elle n’aurait jamais dû exister. Voudrait-on alors retirer de la civilisation chrétienne tout ce qui n’est pas purement évangélique ? Cela reviendrait à vouloir retirer des premières églises les pierres ayant au préalable servi à un usage païen : tout tomberait en ruine.

Que veut-on sauvegarder ?

L’autre faille majeure de l’approche socio-politico-culturelle apparaît lorsque l’on renonce à une posture créative pour adopter une posture défensive. Lorsque l’on cherche à répondre aux besoins des plus pauvres, ou lorsque l’on compose un morceau de musique sacrée par exemple, il est possible — sans être nécessairement facile — de percevoir si l’inspiration évangélique est à l’œuvre. Car si l’Esprit est le souffle du Vivant, il se fait reconnaître dans la Vie qu’il prodigue, dans les déserts qu’il fait refleurir, aujourd’hui, sous nos yeux. En revanche, si l’on se donne pour programme la sauvegarde de ce que l’Esprit a pu autrefois inspirer, une ambiguïté fondamentale persistera. Que veut-on réellement sauvegarder ? La foi ou la cathédrale ? L’espérance ou le mémorial ? La sève ou le fruit ? Il n’est guère besoin d’insister sur la dangerosité de cette situation.

Deux ou trois réunis au nom de Jésus forment déjà une petite civilisation chrétienne, pourvu qu’ils essayent sincèrement de mettre leurs pas dans les siens

Qu’est-ce donc que la civilisation chrétienne ? Pour sortir de l’impasse, il nous faut abandonner l’angle de notre première approche, abandonner toute considération de grandeur, de puissance, de réalisations grandioses. Il nous faut nous tourner vers Celui qui disait à ses disciples : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Deux ou trois réunis au nom de Jésus forment déjà une petite civilisation chrétienne, pourvu qu’ils essayent sincèrement de mettre leurs pas dans les siens, de mettre en œuvre la fine pointe de son enseignement : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 10-12).

L’évolution des mœurs

Cette civilisation chrétienne est-elle donc réductible au royaume des Cieux ? Pas tout à fait. J’y vois plutôt le Royaume en ce qu’il produit spécifiquement des effets concrets, susceptibles de devenir germes de civilisation au sens usuel du terme, en premier lieu à travers l’évolution des mœurs. Nous avons peine à prendre conscience en effet de la brutalité des sociétés antiques. S’il nous est possible de nous horrifier des us et coutumes passées de la « chrétienté », c’est parce que nous avons perdu la mémoire de l’état de violence dont elle nous a arrachés — même si elle demeurait largement imparfaite. « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme » (Mt 11, 29).

Cette promesse du Christ, au long des siècles, lentement mais tendanciellement, s’est concrétisée sur notre petit lopin de terre. La douceur y était une qualité, l’humilité, une vertu, le repos, un idéal. Or partout où le christianisme recule, et partout où il s’est mal ou pas du tout implanté, la violence et l’exploitation cynique des masses humaines semble se développer à un rythme soutenu. Tenons résolument la douceur et l’humilité comme notre ligne de vie : c’est ainsi que nous bâtirons, en dépit des épreuves, l’avenir de la civilisation chrétienne.

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