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Que veut dire le Pape François par « mondanité » ?

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Xavier Lefebvre - publié le 04/12/22

Le pape François voit dans la mondanité une perversion de la vie spirituelle. Il y voit moins un attachement au monde, qu’une complaisance dans l’autosuffisance, y compris à l’égard de Dieu. Explications.

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Mondanité : voilà un mot qui n’est pas passé inaperçu dès le début du pontificat du pape François ! Cardinaux ou prêtres, jeunes ou vieux, à l’état clérical ou laïc, tout le monde y passe. En français, le terme désigne la fréquentation des gens de pouvoir ou fortunés et le culte des apparences. L’italien a conservé davantage le sens originel : l’attachement aux biens de ce monde. François va encore plus loin. Après la lecture de ses textes où il en parle, vous pourriez répondre à un formulaire aux questions bien senties pour savoir si vous êtes mondain selon lui, et où vous vous situez : un peu trop « du monde », ou pas assez « dans le monde » ? Pour lui, la mondanité représente un danger réel, « le pire de ce qui peut arriver à l’Église de Dieu ». Et il nous renvoie au livre d’Henri de Lubac, Méditation sur l’Église (1953), qui la définit comme une « attitude radicalement anthropocentrique », cachée sous des attitudes religieuses parfaite… Ce qu’un André Mauriac a très bien décrit dans son roman La Pharisienne (1941), cette femme, se sentant élue de Dieu, remarquée par son évêque pour son ascèse rigoureuse, qui sait opprimer son entourage par les rigueurs d’un perfectionnement moral loin de la sainteté.

La confusion entre perfectionnisme et sainteté

Voilà dénoncée la source de la mondanité spirituelle : la confusion entre perfectionnisme et sainteté, séparés par l’épaisseur d’un scrupule. Ce qui les différencie : la recherche orgueilleuse de soi-même (« Miroir, mon beau miroir, dis-moi donc qui est la plus belle ») ou la seule gloire de Dieu dans l’humilité (« Le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est son nom ! »). La reine Grimhilde ou la Reine des cieux… l’amour de son « moi-je » jusqu’au mépris de Dieu, ou l’amour de Dieu jusqu’au mépris de son « moi-je ».

Le texte de référence sur la mondanité reste l’exhortation apostolique de 2013 Evangelii Gaudium (n. 93-97), dans lequel la notion est bien définie : « La mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien-être personnel » (n. 93). C’est un peu comme si un cardinal (enfin arrivé !), recherchait la meilleure étoffe d’un rouge moiré pour son habit, sans plus se soucier de ce à quoi cette couleur renvoie : le témoignage rendu au Christ jusqu’au sang. La mondanité dont il s’agit peut se résumer ainsi : avoir un comportement religieux parfait… alors que la foi est morte.

Gnosticisme et pélagianisme

Dans Evangelii Gaudium, le Pape montre deux aspects de cette perversion spirituelle, qu’il va reprendre ensuite dans deux autres textes : l’exhortation apostolique Gaudete et exultate (l’appel universel à la sainteté, 2018) et la lettre apostolique Desiderio desideravi (2022). Autrement dit, le religieux mondain donne l’apparence de cette sainteté de deux façons : premièrement, le gnosticisme consistant à « croire que parce que nous savons quelque chose ou que nous pouvons l’expliquer selon une certaine logique, nous sommes déjà saints, parfaits, meilleurs que la “masse ignorante”… Le gnosticisme de par sa nature même veut apprivoiser le mystère », tant le mystère de Dieu et de sa grâce que le mystère de la vie des autres (Gaudete et exultate, n. 40).

D’une certaine manière, c’est « Dieu dans les limites de la simple raison ». Ici, le mondain jouit de ce que sa seule raison peut connaître de Dieu avec évidence, évacuant la certitude de la foi… Deuxième perversion, le pélagianisme : celui-ci consiste à jouir des seuls efforts de sa volonté dans l’atteinte de la perfection, rejetant toute nécessité de la grâce… « une volonté sans humilité » (Gaudete et exultate, n. 47), ou la justification par ses propres forces (n. 57). 

Le Christ est le seul sauveur

Ici, le « Je » brille dans les salons, sur les réseaux sociaux, bien plus que le Seigneur dont il veut se faire le porte-parole mais dont il devient l’écran ; là, « Je » se mire dans sa propre bonté, en manquant totalement à la vertu de charité. La mondanité attaque nos deux facultés spirituelles : l’intelligence et la volonté, par lesquelles on devient porteur de sa propre lumière (au sens étymologique : Lucifer), s’attribuant à soi-même la Gloire qui revient seule à Dieu. On peut comprendre les enjeux et les tentations dans le domaine liturgique (Desiderio desideravi, n. 17-20).

Comment en sortir ? Il n’y a pas de sainteté chrétienne sans foi ni humilité. L’accueil du Verbe divin dans l’humilité de la foi pour la sainteté de l’intelligence ; l’accueil humble de la grâce pour la sainteté de la volonté. En un mot, le Christ est le seul Sauveur. Il y a bien des vertus naturelles qui élèvent l’homme dans sa recherche de vérité et de bonté : prudence, justice, force, tempérance, intelligence, science, sagesse sont nécessaires mais non suffisantes. Seul, le don de Dieu, nous élevant à la sainteté, nous permet de vivre en enfant de Dieu, libres et sauvés… sauvés surtout de nous-mêmes !

Tags:
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