Située à moins de 200 kilomètres de Gaziantep, la zone urbaine turque la plus proche de l’épicentre du séisme qui a ravagé la Syrie et la Turquie lundi 6 février, la ville d’Antioche n’est que désolation. “La situation à Antioche est dramatique. Des bâtiments entiers se sont effondrés, des mosquées et des églises ont été détruites. Il y a des morts, des personnes ensevelies sous les décombres, et dans de nombreux endroits, personne n’est encore arrivé pour tenter de les sauver”, raconte à l’agence Fides le père Domenico Bertogli, 86 ans, curé de la communauté catholique d’Antioche jusqu’en 2022. Vivant désormais à Istanbul, il est en contact étroit avec le père Francis, qui lui a succédé comme curé de l’église catholique Saint-Pierre-Saint-Paul.
“Il fait un froid glacial, il n’y a pas de lumière, pas d’eau, les fours à pain ont été détruits, les magasins sont fermés. Les rues, pleines de débris, sont impraticables même pour les véhicules de secours. Ils me disent qu’au moins la moitié de la ville est détruite ou a subi de graves dommages, surtout dans la partie la plus ancienne.” Mais à Antioche, l’église catholique Saint-Pierre-Saint-Paul est encore debout. “Notre paroisse est restée debout. C’est un bâtiment bas qui a résisté à l’impact des secousses. Seule la maison de réception a subi des dommages importants.”
23 millions de personnes exposées
La petite paroisse a dans la foulée ouvert ses portes pour accueillir les familles déplacées vivant à proximité. “Elles se sentent plus en sécurité, car la paroisse dispose d’un jardin qui offre une issue de secours immédiatement accessible, en cas de nouvelles secousses”, détaille encore le prêtre. Si elles ont un endroit où s’abriter, “la peur qui plane empêche d’aborder l’urgence avec lucidité”, regrette-t-il. “Il y a un besoin de nourriture, de tentes et de couvertures. Tout est nécessaire.”
Le bilan du séisme ne cesse de s’alourdir avec désormais plus de 17.500 morts selon les derniers bilans officiels et potentiellement 23 millions de “personnes exposées dont environ cinq millions de personnes vulnérables”, estime l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’organisation redoute une crise sanitaire majeure qui causerait encore plus de dommages que le séisme.