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La discrétion, ou l’Esprit saint à l’œuvre

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CONFIDENCES

GaudiLab / Shutterstock

Marzena Devoud - publié le 13/03/23

Dans une société qui valorise l'image et où l'on s'exhibe sur les réseaux sociaux, la discrétion revient en grâce. Et si cette vertu qui semblait si désuète permettait de vivre une expérience de joie et de paix intérieure précieuse ?

Quand tout pousse à s’exposer, à communiquer, à s’exprimer jusqu’à faire part dans l’immédiat de ses états d’âme et de ses pensées les plus secrètes, il y a ceux qui savent rester discrets. Celles et ceux qui parlent à voix basse pour ne pas déranger les autres et qui observent le monde avec patience et délicatesse, n’ont pas peur de passer pour has-been. De nos jours, ne pas aimer sortir du lot est considéré comme suspect. « C’est exactement ce que je vis dans mon travail », explique Magali, 33 ans, graphiste. De nature réservée, Magali préfère ne pas s’imposer au sein de son équipe. « Mes vêtements sont classiques, ma manière de parler, décidément discrète. Je tiens aussi à des règles de courtoisie. Parler cash ou couper la parole à l’autre pour mettre la lumière sur moi et “me vendre”, m’horripile ! Alors oui, beaucoup pensent que je suis vieux jeu », confie-t-elle à Aleteia.

La discrétion, c’est le regard attentif, capable de discerner jusque dans le détail les besoins profonds, parfois très humbles, de ceux qui nous entourent.

Apparemment rien de plus désuet que la discrétion. Vraiment ? Est-elle un handicap à corriger d’urgence ? Et si être discret, garder une attitude de retrait, se taire pour laisser la place aux autres, était une expérience de joie et de paix intérieure précieuse ? Qu’il s’agisse d’un trait de caractère ou d’une fidélité aux valeurs de la « bonne éducation » exigeant une retenue dans l’attitude comme dans l’apparence, la discrétion a non seulement du bon, mais elle peut être l’œuvre active de l’Esprit saint. Pour le père Raphaël Buyse, auteur d’un ouvrage lumineux Il n’y a que les fous pour être sages (Salvator), il s’agit d’une vertu spécifique qui se déploie dans une vie avec d’autres et qui exprime « le respect de l’amour de tout être humain, à commencer par les plus proches et les plus faibles ». C’est un « regard attentif, capable de discerner jusque dans le détail les besoins profonds, parfois très humbles, de ceux qui nous entourent. Une vertu modératrice qui, tout en nuances, équilibre la vie et la pénètre d’une délicatesse mystérieuse », écrit-il, en esquissant le portrait d’un grand moine bénédictin, le belge Frédéric Debuyst (1922-2017).

Ce fondateur du monastère Saint-André de Clerlande (situé à Ottignies-Louvain-la-Neuve, en Belgique), était un homme d’une grande douceur, presque effacé, et qui, pour beaucoup, était un maître de l’art de la discrétion. Celle-ci devient alors l’œuvre de l’Esprit du Seigneur. « Sa vie montrait, sans grands discours, que suivre le Christ ne doit jamais se faire dans des efforts violents ou des à-coups exubérants, mais dans une grande patience du quotidien, un rythme régulier de prière et de travail, une capacité de supporter nos propres déficiences et celle des autres », écrit le père Raphaël Buyse.

L’art délicat de pratiquer la charité

La discrétion, c’est donc l’Esprit de sagesse qui nous inspire de passer de préférence du « respect du plus digne » au « respect du plus faible ». C’est la bonté qui « parle peu, ne se met pas en avant, ne se répand pas en organisations et statistiques », poursuit-il.

Mais comment apprendre cet art délicat de pratiquer la charité ? L’une des pistes à suivre est la Règle de saint Benoît. Car ce trésor de sagesse chrétienne surprend par une spiritualité très incarnée. Il s’agit en effet de vivre la charité au plus près des personnes et des choses, sans rien négliger des petites réalités de la vie quotidienne. Et dans cet ensemble de conseils applicables en dehors de la vie monastique, l’accent est particulièrement porté sur la discrétion, considérée comme l’art de pratiquer la charité. Une école pour apprendre à aimer qui se traduit notamment par ces deux indications :

1Écouter attentivement l’autre

« Écoute, mon fils ». C’est le premier mot de la Règle. Pour écouter, il faut d’abord faire silence. Du temps de saint Benoît, parler pour ne rien dire était même puni… Le silence permet de se recentrer intérieurement, de se mettre en présence de Dieu et de se rendre plus attentif à l’autre. Se détacher de soi pour être à l’écoute de Dieu — et donc de l’autre — c’est pour saint Benoît le moyen le plus simple de se laisser transformer et de s’engager sur le chemin de l’Évangile. En ayant toujours la même attitude devant Dieu comme devant chaque personne.

2Avoir le respect de l’amour de tout être humain

Ce qui détermine la relation avec l’autre est le respect. Reconnaître les besoins et les imperfections, ceux de l’autre personne comme les siennes, c’est la clé de la vie communautaire. « Tous ceux qui surviennent seront reçus comme le Christ », dit saint Benoît, en pensant à chaque nouveau membre de sa communauté. Il voit la responsabilité de l’abbé comme celle du berger, en référence à l’image biblique reprise par l’Évangile. Soucieux de chaque personne « l’abbé tient la place du Christ » pour le bien de la communauté, et pour que chacun de ses membres s’approche davantage de Dieu.

La discrétion, cette vertu évangélique, est le chemin de la conversion du cœur et une voie vers la renaissance dans l’Esprit, celle que Jésus révèle à Nicodème : « Fais ceci et tu vivras. »

Pratique :

« Il n’y a que les fous pour être sages », de Raphaël Buyse, Salvator 2022.

Découvrez aussi les pensées des grands saints pour apprendre la discrétion et l’écoute :

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