Depuis jeudi, un article de la Constitution française est dans la tête de tous, ou presque. Le 49.3 est ainsi devenu comme un totem, que ce soit pour dénoncer un déni de démocratie ou pour assurer une réforme nécessaire. Le réflexe est peut-être étrange, mais Dieu ne se sert-il pas de tout pour nous parler ? Aleteia a donc ouvert la Bible pour écouter le Seigneur à travers les versets 3 des chapitres 49 des livres bibliques qui en ont un. Ils sont peu nombreux, cinq seulement, mais ouvrent des perspectives spirituelles sûrement plus infinies que les éternels débats politiques. Retenons ici trois d’entre eux.
1Genèse – La bénédiction du Père
“Toi, Roubène, mon premier-né, ma force, les prémices de ma virilité, débordant de fierté, débordant d’énergie” (Gn 49, 3).
À la toute fin du premier livre de la Bible, le patriarche Jacob rassemble ses douze enfants. Avant de mourir, il donne à chacun d’eux, en commençant par l’aîné Roubène, des paroles pour les exhorter à rester unis entre eux et avec Dieu. Une occasion singulière de manifester l’unicité du peuple hébreu et de rendre gloire pour la fidélité du Père, le charnel figurant le Créateur : “Ce sont là toutes les tribus d’Israël, les douze tribus ! Et voilà ce que leur a dit leur père, en les bénissant. Il les a bénies en donnant à chacun de ses fils sa bénédiction.” (Gn 49, 28). Après l’enterrement de Jacob, et le deuil de quarante jours ayant été observé, Joseph pardonne à ses frères d’avoir voulu le tuer par jalousie : ““Vous aviez voulu me faire du mal, Dieu a voulu le changer en bien, afin d’accomplir ce qui se réalise aujourd’hui : préserver la vie d’un peuple nombreux. Soyez donc sans crainte : moi, je prendrai soin de vous et de vos jeunes enfants.” Il les réconforta par des paroles qui leur allaient au cœur.” (Gn 50, 20-21). Ainsi finit le livre de la Genèse, comme un exemple de la conversion tant recherchée en ce temps de Carême.
2Ben Sira le sage – la figure du roi
“Il tourna son cœur vers le Seigneur et, dans ces temps d’abandon de la Loi, il raffermit la religion.” (Si 49, 3)
Le sage Siracide explique au début du chapitre 44 de son livre le projet de cette ultime partie : “Faisons l’éloge de ces hommes glorieux qui sont nos ancêtres.” (44, 1). Pourquoi Josias, roi de Juda de la fin du VIIe siècle avant Jésus-Christ, est-il retenu dans ce long éloge ? Parce que, dans son gouvernement, il a toujours cherché à préserver l’Alliance, à aider le peuple hébreu à demeurer fidèle à son Créateur. C’est sous son règne que, des rouleaux de la Loi ayant été retrouvés dans le Temple, on renouvela l’Alliance (Cf. 2 R 22-23). C’est lui qui mourut en roi juste à la bataille de Meggido, transpercé par la lance et qui inspira Zacharie (cf. Za 12, 10). Une prophétie accomplie sur la croix par le Christ, roi et sauveur de l’Univers.
3Isaïe – le chant du Serviteur
“Il m’a dit : “Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur.”” (Is 49, 3)
Voici sûrement l’une des parties les plus pascales d’Isaïe. Dans les chapitres 40 et 50, le prophète nous transmet ce que l’on a appelé les “chants du Serviteur”. Ce serviteur, dont l’identité n’est jamais précisée, peut être à la fois Israël comme peuple, Cyrus le Perse qui a libéré les Hébreux du joug babylonien ou… Jésus lui-même. Les quatre péricopes, aussi mystérieuses que poétiquement achevées, sont d’ailleurs lues dans la liturgie pendant la Semaine sainte, le dernier et plus abouti lors de l’office de la Passion. Ecoutons donc ce que le Seigneur révèle à cette figure du Sauveur que nous attendons avec d’autant plus d’impatience en ce carême : “Et il dit : “C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre.”” (Is 49, 6).