Souvent assignés à une piété populaire désuète, les sacramentaux ont une réelle utilité dans la liturgie catholique. Ils sont, nous dit l’Eglise, les « signes sensibles et sacrés, qui tout en ayant une analogie avec les sacrements, n’en sont pas. Ils sont porteurs d’une réalité spirituelle. Les consécrations et bénédictions, mais aussi les objets bénits, eau bénite, médailles, scapulaires sont des sacramentaux ». Ils « comportent toujours une prière », précise le Catéchisme de l’Église catholique, elle-même « souvent accompagnée d’un signe déterminé, comme l’imposition de la main, le signe de la croix, l’aspersion d’eau bénite » (CEC §1668).
La forme variée des sacramentaux : objets ou prières ?
Attention, toutefois, à ne pas confondre sacramentaux et sacrements. Les premiers « ne confèrent pas la grâce de l’Esprit saint à la manière des sacrements, mais par la prière de l’Église ils préparent à recevoir la grâce et disposent à y coopérer » (CEC §1670). Parmi les sacramentaux les plus connus, on compte l’eau bénite, à laquelle peut être ajouté du sel bénit, la cendre du mercredi des Cendres, les rameaux bénits du dimanche des Rameaux, les cierges bénits à la Chandeleur ou encore l’encens. Ces outils n’ont d’efficacité que s’ils s’accompagnent d’un geste de foi : c’est par exemple le cas lorsqu’en entrant dans une église, le fidèle qui se signe avec l’eau bénite efface les peccadilles et autres petites fautes, à condition qu’il accompagne son geste d’un désir sincère de conversion.
Leur forme est variée et ne s’attache pas qu’aux objets matériels puisque « parmi les sacramentaux figurent d’abord lesbénédictions (de personnes, de la table, d’objets, de lieux). […] Certaines bénédictions ont une portée durable : elles ont pour effet de consacrer des personnes à Dieu et de réserver à l’usage liturgique des objets et des lieux. Parmi celles qui sont destinées à des personnes – à ne pas confondre avec l’ordination sacramentelle – figurent la bénédiction de l’abbé ou de l’abbesse d’un monastère, la consécration des vierges et des veuves, le rite de la profession religieuse et les bénédictions pour certains ministères d’Église (lecteurs, acolytes, catéchistes, etc.). Comme exemple de celles qui concernent des objets, on peut signaler la dédicace ou la bénédiction d’une église ou d’un autel, la bénédiction des saintes huiles, des vases et des vêtements sacrés, des cloches, etc. » (CEC §1671-1672).
Sacramentaux et dévotion populaire
« Hors de la Liturgie sacramentelle et des sacramentaux, la catéchèse doit tenir compte des formes de la piété des fidèles et de la religiosité populaire. Le sens religieux du peuple chrétien [trouve] son expression dans des formes variées de piété qui entourent la vie sacramentelle de l’Église, tels que la vénération des reliques, les visites aux sanctuaires, les pèlerinages, les processions, le chemin de croix, les danses religieuses, le rosaire, les médailles, etc. » (CEC §1674). Si ces manifestations de la foi du fidèle s’inscrivent dans le prolongement de la liturgie, l’Eglise est très claire sur ce point : ils ne la remplacent pas. En aucun cas le fait de porter une médaille, allumer un cierge dans une chapelle ou prier le chapelet ne peut se substituer à l’usage des sacrements de la confession et de l’eucharistie.
Un usage désuet ou une efficacité réelle ?
Non, les sacramentaux ne sont pas réservés aux grenouilles de bénitiers. Certains, pourtant, en abusent et leur prêtent des pouvoirs magiques : c’est le cas, notamment, de l’eau bénite. A Lourdes, il n’est pas rare de voir des pèlerins s’en asperger et en rapporter des bidons entiers pour leur usage quotidien, jusqu’à cuisiner ou se doucher avec. Attention, encore une fois, car ces manifestations traduisent un basculement dans le champ de la superstition, qui n’est pas compatible avec la foi catholique. Leur efficacité dépend quant à elle de la disposition de celui qui y recourt : foi, espérance et charité. Les sacramentaux n’ont pas de pouvoir magique : ils ne sont que les supports de la foi, car ils rappellent sans cesse à celui qui en fait l’usage que le Seigneur est là, le guide, le protège, le soutient et que toute grâce vient de Lui.