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​​Les miracles de Jésus : la première pêche miraculeuse

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Domaine public

La pêche miraculeuse, Raphaël, 1515-1516.

Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 13/06/23

C’est au pluriel qu’il faut à la lumière des Évangiles évoquer l’épisode de la pêche miraculeuse. Selon les évangélistes Jean et Luc, ce n’est pas une mais bien deux pêches extraordinaires que nous pouvons découvrir dans les textes des Écritures Saintes. La première pêche a eu lieu au début de la vie publique de Jésus lorsqu’il rencontra pour la première fois ses futurs disciples.

Des pêcheurs de Galilée, Simon accompagné de ses associés Jacques et Jean, tous deux fils de Zébédée, vont connaître en cette matinée après une nuit de pêche infructueuse un évènement extraordinaire… Cet épisode bien connu mais néanmoins toujours impressionnant se trouve relaté par Luc dans son évangile au début du chapitre 5 de manière très détaillée.

La scène a lieu au bord du lac de Génésareth, autre nom biblique pour le lac de Tibériade. Cette situation géographique n’est pas anodine car Jérusalem est le lieu du Temple, de la Loi, des scribes et des savants, or Jésus ne retient pas ce cadre pour manifester initialement sa gloire et ses enseignements. Il se manifeste plutôt dans le quotidien modeste de pêcheurs, habitués à peiner pour un maigre salaire.

Jésus aperçoit deux barques vides, leurs pêcheurs harassés par une nuit infructueuse lavant dépités leurs filets en silence… La précision du texte est surprenante, nous apprenons que Jésus monte sur l’une des barques et demande à l’un des pêcheurs, Simon, de s’écarter afin de lui permettre de mieux enseigner à la foule qui se pressait sur le rivage pour l’écouter.

Les filets emplis de poissons…

Simon s’exécute avant d’entendre cet ordre étonnant : “Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. Simon lui répondit : Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer”. La confiance en ce personnage qui leur était inconnu et qui n’était manifestement pas l’un des leurs a de quoi étonner, tout autant que le résultat qui ne put que les bouleverser tant les barques menaçaient de s’enfoncer sous le poids de cette pêche miraculeuse… “

“A cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.” Alors, laissant tout, ils suivirent Jésus sans hésiter…

Une préfiguration de la vocation

Saint Augustin commentera cette riche symbolique de la pêche miraculeuse en soulignant qu’elle préfigure ce que sera l’Église durant notre vie. Ce premier miracle a lieu en effet au début de la prédication de Jésus, première rencontre avec ceux qui seront ses futurs disciples et apôtres. Cette pêche miraculeuse ajoute le Père de l’Église représente les bons et les mauvais dont l’Église est composée durant cette vie terrestre. Le récit souligne combien les filets menacent de se rompre, signe des menaces qui pèsent sur la jeune communauté en devenir. Saint Augustin insiste sur l’aspect symbolique de cette pêche miraculeuse qui permet de figurer la vocation non seulement des disciples, mais également celle de tous croyants…

Une lecture du peintre Raphaël

Le peintre Raphaël reçut commande du pape Léon X peu après son élection en 1513 de dessins de tapisseries pour la chapelle Sixtine à Rome. Afin d’évoquer la vie du Christ parallèlement à celle de Moïse pour l’Ancien Testament, le célèbre artiste de la Renaissance italienne retint pour l’un des dessins cette première pêche miraculeuse relatée par l’évangéliste Luc. Ce choix de représentation avait également pour but de souligner l’autorité des fondateurs de l’Église chrétienne dont, bien sûr, Simon-Pierre était le premier d’entre eux.

Ce carton appartenant aux collections royales anglaises fait ainsi directement référence au rôle de Simon-Pierre comme “pêcheur d’hommes”. Cette représentation particulièrement éloquente sous le dessin du grand artiste place en premier plan Jésus assis dans la barque d’où il venait d’enseigner aux foules et non sur le rivage comme ce sera le cas pour la seconde pêche. Cette scène insiste également sur l’humilité de Pierre agenouillé aux pieds du Christ  à même la barque débordant de poissons. Jésus d’un geste de la main bénit Pierre reconnaissant ainsi la mission future du premier de ses disciples comme “pêcheur d’hommes”… 

La présence, enfin, de nombreux hérons sur le rivage symbolise leur propension à éliminer les vermines et autres bêtes d’origine diabolique. La patience et le silence réputés du héron en font également un animal de sagesse, et de là dans le bestiaire biblique, un symbole de conversion et de baptême que sous-tend cette première pêche miraculeuse…

Tags:
MiracleSaint Pierre
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