En mai 1897, sainte Thérèse de Lisieux n’était plus qu’à quelques mois de mourir. Sa tuberculose lui a provoque d’intenses douleurs physiques, mais surtout, Dieu a permis qu’elle soit plongée dans une obscurité spirituelle.
Elle en parle dans son autobiographie,Histoire d’une âme.
[Dieu] permit que mon âme soit submergée par les ténèbres, et la pensée du Ciel, qui m’avait consolé depuis ma plus tendre enfance, devint alors un sujet de conflit et de torture. Ce procès n’a pas duré que des jours ou des semaines ; Je souffre depuis des mois et j’attends toujours la délivrance. J’aimerais pouvoir exprimer ce que je ressens, mais cela me dépasse. Il faut avoir traversé ce tunnel obscur pour comprendre sa noirceur… Quand je chante le bonheur du Ciel et l’éternelle possession de Dieu, je n’y ressens aucune joie, car je ne chante que ce que je veux croire. Parfois, je l’avoue, un petit rayon de soleil éclaire ma nuit noire, et je jouis un instant de la paix, mais plus tard, le souvenir de ce rayon de lumière, au lieu de me consoler, rend la noirceur encore plus épaisse.
C’était une période très difficile pour sainte Thérèse et elle a exprimé cette obscurité dans un poème qu’elle a écrit , intitulé “À Jeanne d’Arc“. Thérèse avait une profonde dévotion à sainte Jeanne d’Arc depuis son enfance et a écrit de nombreux poèmes et pièces de théâtre sur sa bien-aimée patronne. Lors de son épreuve de foi, Thérèse se sent unie à Jeanne d’Arc, qui attend dans le cachot avant d’être conduite à son cruel martyre.
Au fond d’un cachot noir, chargé de lourdes chaînes,
Le cruel étranger t’a rempli de chagrin.
Aucun de vos amis n’a participé à votre douleur.
Personne ne s’est avancé pour essuyer vos larmes.Jeanne, dans ta sombre prison tu me sembles
Plus radieuse, plus belle qu’au sacre de ton Roi.
Ce reflet céleste de la gloire éternelle,
Qui donc l’a apporté sur vous ? C’était une trahison.Ah ! Si le Dieu d’amour dans cette vallée de larmes
N’était pas venu chercher la trahison et la mort,
La souffrance n’aurait pour nous aucun attrait.
Maintenant, nous l’aimons; c’est notre trésor.
Sainte Thérèse a ainsi vécu une obscurité spirituelle que beaucoup d’athées ressentent, ne sachant pas s’il y a un Dieu ou un au-delà. Pourtant, même au milieu de tels doutes, Thérèse continuait à faire des actes de foi avec sa bouche, voulant que son cœur suive après.
Cette “nuit noire de l’âme” s’est finalement éclaircie au moment de sa mort, et elle a quitté ce monde avec les mots : “Mon Dieu, je t’aime !”