Très populaire en Espagne et dans le sud du Portugal, le gaspacho est une soupe à base de légumes mixés qui se consomme froide. Une soupe très appréciée en été pour sa fraîcheur.
Certains prétendent que l’origine de cette soupe remonte à l’époque romaine. Elle aurait été composée de pain rassis, d’huile d’olive, d’ail, de sel, de vinaigre et d’un peu d’eau. C’est avec l’expansion de l’empire espagnol dans les Amériques que le gaspacho est devenu de couleur rouge, grâce aux tomates du Pérou. Cette version rouge de la soupe est celle qui est aujourd’hui connue du monde entier, bien que d’autres variantes – mêlant concombres et petits pois – existent. Néanmoins, un seul nom les désigne toutes : gaspacho. Un mot qui serait lié à la pratique de la charité chrétienne.
Gaspacho, une soupe “caritative” ?
Selon le dictionnaire étymologique du linguiste Joan Coromines, le mot gaspacho viendrait du latin caspela, qui signifie “fragment”. La théorie de Coromines fait référence aux morceaux (fragments) de pain et de légumes trempés dans de l’eau, de l’huile et du vinaigre qui sont les principaux ingrédients de ce plat. Mais l’Académie royale espagnole (RAE, Real Academia Española) évoque une étymologie différente. Selon son dictionnaire, le gaspacho castillan dérive du grec gazophylákion, un mot qui fait référence aux aumônes déposées dans la salle du trésor du Temple de Jérusalem. Ce mot est utilisé à plusieurs reprises dans les évangiles de Marc, Luc et Jean :
“Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.” (Mc 12, 41)
“Jésus appela ses disciples et leur déclara : “Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.”” (Mc 12, 43)
“Levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor. Il vit aussi une veuve misérable y mettre deux petites pièces de monnaie.” (Lc 21, 1-2)
“Il prononça ces paroles alors qu’il enseignait dans le Temple, à la salle du Trésor. Et personne ne l’arrêta, parce que son heure n’était pas encore venue.” (Jn 8, 20)
Dans les évangiles, le mot se réfère aux espaces construits dans les temples dans lesquels les offrandes sacrées étaient conservées. Le trésor sacré, les archives publiques et même les biens des veuves et des orphelins étaient déposés ici.
Le “trésor” dont parlent les évangiles est le sac de collecte dans lequel les fidèles déposaient leur aumône. Alors que les offrandes d’aujourd’hui sont faites en espèces, il fut un temps où ce n’était pas le cas. Les gens apportaient à l’église tout ce qu’ils voulaient donner par charité chrétienne et déposaient ces dons soit dans des boîtes pour les pauvres, soit dans les sacs de collecte. La plupart du temps, ils apportaient du pain rassis, de l’huile, du vinaigre et quelques légumes mûrs – les ingrédients fondamentaux du gaspacho, un plat humble mais savoureux et sain !
Voici une recette de gaspacho pour quatre personnes, tirée du livre Petits plats comme en Espagne (ed. Marabout) de Sandra Mahut paru en septembre 2022.
Gaspacho
1 concombre (180 g); 700 g de tomates; 2 tranches de pain de campagne; 2 gousses d’ail; sel, poivre.
Ingrédients du monde :
1 poivron rouge (150 g); le jus de ½ citron; huile d’olive vierge extra; 1 petit flacon de Tabasco.
Préparation :
1. Épépinez le poivron rouge et pelez le concombre ; coupez-les en gros cubes. Équeutez les tomates et coupez-les en cubes. Taillez également le pain de campagne en cubes.
2. Placez tous les ingrédients y compris l’ail pelé dans un saladier. Ajoutez le jus de citron, du sel et du poivre. Versez le tout dans un blender ou bien mixez avec un mixeur plongeant, jusqu’à l’obtention d’une texture lisse et homogène. Rectifiez l’assaisonnement.
3. Répartissez le gaspacho dans des petits bols ou des verrines. Ajoutez un filet d’huile d’olive et une ou deux gouttes de Tabasco. Dégustez-le bien frais.