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Mgr Jean-Michel di Falco Leandri, évêque de Gap et d’Embrun, a reçu un témoignage venant directement de Syrie, qui raconte la situation dans laquelle se trouvent les chrétiens. Dans sa chronique vidéo du vendredi 6 septembre, il livre ce témoignage à la réflexion des internautes sans révéler le nom de son interlocuteur.
Transcription de la vidéo :
« La crise syrienne, qui dure depuis le 15 mars 2011, ne cesse de se transformer (…) dans un labyrinthe sans précédent. La géopolitique ne propose plus de logique à ce conflit qui a fait plus de 100.000 victimes et plus de 200.000 disparus et un mouvement d’exode et de transfert de population qui touche 6 millions de réfugiés intérieurs et 3 millions vers les pays voisins (Turquie, Liban, Irak, Jordanie). Pas loin de 40% des Syriens sont réfugiés ou exilés.
Le pays est soumis à une destruction et une violence sans merci qui a traversé trois phases : un mouvement populaire du « printemps arabe » en quête d’une démocratie et de liberté face à un régime musclé et fortifié en 2011 ; un conflit armé entre l’opposition et le pouvoir, affrontement doublé d’un alignement de forces régionales et internationales qui bloque l’Onu, le Conseil de sécurité, et banalise toutes les médiations en 2012 ; et entrée en force des groupes extrémistes qui brouillent la carte et la boussole et pousse la Syrie vers le chaos en 2013. Impossible d’imaginer l’avenir de ce pays, jadis paisible et terre d’accueil de tous les réfugiés du Proche-Orient.
Le plus dramatique reste l’absence de tout dialogue : depuis trois ans l’angoisse et le désespoir habitent ce petit peuple impuissant et martyrisé. Les minorités chrétiennes de Syrie, environ 5%, (…) cherchent depuis plus de 180 ans la protection des puissances étrangères, position qui les rend suspectes aux yeux de leurs compatriotes. Ainsi, dans les conflits du monde arabe, ces chrétiens observent une certaine neutralité. Ils ne sont ni avec le pouvoir, ni avec l’opposition, ils finissent par être rejetés des deux camps qui voudraient leur alignement.
En tout cas, cette politique d’autruche n’a pas sauvé les deux évêques et les trois prêtres enlevés, ni les trois prêtres et les milliers de chrétiens tués ou kidnappés, ni freiné l’exode massif des jeunes et des familles.
A noter : l’amertume profonde de l’Eglise arménienne, la plus importante à Alep, composée de rescapés de 1915. A peine installés en Syrie, ces arméniens doivent tout quitter pour partir en quête d’une nouvelle patrie. Le peuple arménien n’a pas terminé son calvaire !
Ce conflit internationalisé prend la Syrie en terrain d’affrontement, une cruelle tragédie sous le regard silencieux de tous, un petit peuple qui porte une croix si lourde à l’image de Jésus innocent et souffrant. Simon de Cyrène se fait attendre !
Plusieurs chantiers d’agrandissement des cimetières sont en cours. Une fillette de 6 ans jouait avec son frère à cache-cache, un franc tireur abat le petit garçon. Au cimetière, la fillette creuse chaque jour de ses mains la tombe de son petit frère en criant : « Sors de ta cachette, je ne veux plus jouer ! »
Les chroniques de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri sont également diffusées toutes les semaines sur les ondes de RCF Alpes Provence et sur le site internet du journal Le Point, et tous les quinze jours sur KTO dans l’émission À la source.
I.C