Le rôle clé du bienheureux Jean Paul II dans la chute de l’Union Soviétique et du Pacte de Varsovie peut être attribué à son humanité, guidé par sa sensibilité et sa foi catholique. Ses prédécesseurs, et notamment le bienheureux Jean XXIII, avaient déjà posé les fondements des actions qu’allait entreprendre Jean Paul II.
Jean Paul II promouvait avec ardeur la liberté religieuse
Les premiers échanges entre le Vatican et Moscou se sont déroulés à l’occasion du 80e anniversaire du pape Jean XXIII. La porte de la communication s’est alors entrouverte, ce qui a ensuite permis à Paul VI de poursuivre l’Ostpolitik, en dialoguant avec les représentants de l’autre côté du Rideau de Fer, dans le but d’améliorer les conditions de vie des chrétiens qui vivaient dans les pays concernés.
Dans la politique de Jean Paul II, au regard du Pacte de Varsovie, le cardinal Agostino Casaroli, son secrétaire d’Etat de 1979 à 1990, joua un rôle primordial. Ce dernier avait en effet représenté le Saint Siège dans les négociations avec les gouvernements communistes d’Hongrie, de Yougoslavie et de Tchécoslovaquie. Le bienheureux Jean Paul II a été ordonné prêtre par l’archidiocèse de Cracovie en 1946, peu de temps après qu’un gouvernement communiste, soutenu par les soviétiques, s’installe en Pologne. Le père Wojtyla était opposé au conflit et à l’affrontement. Il promouvait avec ardeur la liberté religieuse et le christianisme.
Dignitis humanae a donné à l’Eglise qui se trouvait de l’autre côté du Rideau de Fer, une puissante ressource pour œuvrer au côté de la complexe situation politique là-bas.
En tant qu’archevêque de Cracovie, il participa au Concile Vatican II et a guidé avec véracité et efficacité les évêques polonais dans la révision de ce qui devint la déclaration du Concile sur la liberté religieuse, la Dignitatis humanae – une question qui suscitait de grandes préoccupations parmi les prêtres qui vivaient sous le régime communiste.
« C’est incontestable », a écrit le père Andrzej Dobrzynski, directeur du Centre de la Documentation et des Etudes du Pontificat de Jean Paul II, dans un article publié dans Communio en 2013, que la « Dignitis humanae a donné à l’Eglise qui se trouvait de l’autre côté du Rideau de Fer, une puissante ressource pour œuvrer au côté de la complexe situation politique là-bas. Et Karol Wojtyla en a profité le plus possible pour arranger les choses ».
Juin 1979, le point de départ du démantèlement de l’Union Soviétique
Karol Wotjyla a évité la critique directe concernant le gouvernement communiste polonais, mais il a travaillé durement pour créer de nouvelles paroisses au sein de son archidiocèse et organiser des processions.
En 1977, après 20 ans de rudes efforts, il réussit à ouvrir une nouvelle paroisse à Nowa Huta, dans la banlieue de Cracovie. Dans son homélie prononcée à l’occasion de cette inauguration, traduite par le père Dobrynski, il affirma : « Lorsque Nowa Huta a été construite avec comme intention de devenir une ville sans Dieu, sans une seule église, le Christ est venu près des hommes là-bas, et se posant sur leurs lèvres, il a rappelé la vérité fondamentale de l’homme. L’homme et son histoire ne peuvent pas être jugés sur des bases économiques, même si l’on utilise les règles les plus exactes de consommation ou de production. L’homme est plus grand, plus profond que cela. Car il est crée à l’image de Dieu ».
Peu après son élection en tant qu’évêque de Rome, le bienheureux Jean Paul II retourna en Pologne pour un voyage de huit jours en juin 1979, qui, pour son biographe George Weigel, « a été le point de départ du démantèlement de l’Union Soviétique ». « Je souhaite profondément que mon voyage en Pologne puisse servir à la grande cause du rapprochement et de la collaboration entre les pays », avait-il dit le 2 juin en arrivant à Varsovie ; « qu’il serve à la compréhension mutuelle, à la réconciliation et à la paix dans le monde contemporain. Je désire, enfin, que le fruit de cette visite soit l’unité interne de mes confrères mais aussi un développement des relations entre l’Etat et l’Eglise au sein dans ma très chère Patrie ».
L’exemple de Jean Paul II a inspiré Lech Walesa
En dédiant sa patrie à la Madone dans son sanctuaire à Czestochowa le 4 juin, il lui confia les “problèmes difficiles de la société, des systèmes et des états, des problèmes qui ne peuvent pas être résolus par la haine, la guerre et l’autodestruction, mais seulement par la paix, la justice et le respect des droits de l’homme et des nations ».
En partant de Pologne le 10 juin, il déclara : « Notre époque a un grand besoin de témoignages qui expriment ouvertement la volonté de rapprocher les nations et les régimes, une condition indispensable pour la paix dans le monde. Notre époque exige de nous, non pas de se renfermer à l’intérieur de nos frontières rigides, mais de chercher ce qui est nécessaire au bien de l’homme, lequel doit trouver partout conscience et certitude de son authentique citoyenneté».
L’exemple de Jean Paul II a inspiré Lech Walesa, l’électricien qui fonda Solidarność. Le projet a été ensuite soutenu et protégé par le pape lui-même. Le gouvernement soutenu par les soviétiques a fini par être contraint de négocier avec Solidarność. Et en 1989, des élections ont entrainé la formation d’un gouvernement de coalition en Pologne.
Cette même année, une série de révolutions entraînera la chute du communisme en Europe et la destruction du mur de Berlin. En 1991, l’Union Soviétique est dissoute. Mikhail Gorbaciov, chef d’état soviétique, a rendu visite à Jean Paul II au Vatican le 1er décembre 1989. Cette rencontre a été perçue comme la victoire du christianisme sur le communisme soviétique.