Une mère réveille sa fille de 11 ans avant de l’aider à s’habiller pour… ses noces. Le scénario du dernier clip réalisé par Marie Gillain pour l’ONG Le Plan Belgique est aussi succinct que la réalité qu’il dénonce est brutale : “Chaque minute, 27 mineurs sont mariés de force dans le monde”.
Un nouveau clip de sensibilisation pour le moins ambigu, moins d’un an après un précédent court métrage caricatural commandité par l’association 14 millions de cris. On y découvrait un couple bourgeois (campé par Julie Gayet et Alexandre Astier) menant sa fille devant Madame le maire, sous les ors de la salle des mariages d’une mairie cossue. Le libidineux époux, âgé d’une soixantaine d’années, regardait la fillette d’un œil torve devant les invités complices, avant de faire passer la malheureuse petite à la casserole dès la cérémonie bouclée. Un tableau de Jésus s’était pernicieusement glissé dans le décor de l’appartement familial pour dénoncer, sans doute, les mœurs moyenageuses régnant dans les foyers catholiques de la bonne société française.
Le clip de Marie Gillain réussit la gageure d’associer la précarité morale la plus sordide (le mariage des petites filles) aux codes visuels des hôtels particuliers parisiens : robe ourlée de perles fines, talons aiguilles, parquet ciré, boiseries aux murs encadrant les tentures de soie et lustre en cristal… On aimerait savoir qui, de la vieille aristocratie française, de la grande bourgeoisie libérale ou de la clientèle des palaces, se livre encore au mariage forcé des mineurs.
L’Église catholique, rempart contre le mariage forcé
La robe blanche, le voile nuptial et l’alliance de la jeune fille entretiennent un amalgame plus délétère encore. Le clip prétend dénoncer le mariage des mineurs “dans le monde” mais se focalise sur l’image d’Épinal d’un Occident en costume et nœud papillon, où l’Église comme la société civile interdisent pourtant catégoriquement le mariage des mineurs de moins de 15 ans.
Au-delà de cet âge, l’État comme l’Église s’assurent scrupuleusement du consentement des époux. Tout particulièrement dans l’Église où il leur est demandé de rencontrer un prêtre ou un diacre au moins neuf mois avant la date du mariage, de suivre une formation et de se plier aux conditions posées par les diocèses de manière notamment à s’assurer que les quatre piliers du mariage* sont bien réunis, tout spécialement celui de la liberté de consentement. L’Église catholique s’est ainsi érigée en véritable rempart face aux pratiques dénoncées dans ce clip. À ce titre, l’Église avait même dénoncé en avril 2015, un projet de loi proposé par le groupe socialiste belge visant à abaisser la majorité sexuelle de 16 à 14 ans. Mais sur ce sujet, le Plan Belgique n’avait diffusé aucun clip de sensibilisation.
* Les 4 piliers du mariage : La liberté (“Voulez-vous vous engager l’un envers l’autre ? Est-ce librement et sans contrainte ?”), la fidélité, la fécondité, l’indissolubilité.