Réjouissez-vous ! L’article que vous allez lire est entièrement gratuit. Pour qu’il le demeure et soit accessible au plus grand nombre, soutenez Aleteia !
*avec réduction fiscale
« Si vous étiez familles ou proches des victimes, auriez-vous participé à l’hommage national ? » La question était posée aux auditeurs de RMC par Éric Brunet, ce vendredi 27 novembre (« Carrément Brunet », 13-14h). À la fin de l’émission, le « non » l’emportait largement chez les auditeurs qui s’étaient exprimés : s’ils avaient perdu l’un des leurs dans ces attentats, 67% n’auraient pas accepté l’invitation de François Hollande à participer à la cérémonie des Invalides. Pour eux aussi, trop d’inaction entre les attentats de janvier et ceux de novembre avait permis ou favorisé ces nouveaux massacres.
« Des personnes fichées S circulent librement »
L’émission s’ouvrait par le témoignage d’Emmanuelle Prévost, sœur de François-Xavier Prévost, mort à 29 ans au Bataclan. Depuis les attentats de janvier, accuse-t-elle sur sa page Facebook, « rien n’a été fait, des textes ont bien été votés mais dix mois après, les décrets d’application n’ont toujours pas été publiés ». En France, poursuit la jeune femme, « il est possible d’être en lien avec un réseau terroriste, de voyager en Syrie, et de revenir, librement », « des personnes fichées S circulent librement, empruntent n’importe quel moyen de locomotion (…), louent des voitures (…), travaillent à nos côtés (…). En France, 89 mosquées sont recensées comme étant radicales, c’est-à-dire qu’elles appellent ou profèrent la haine », poursuit-elle, déplorant qu’il ait « fallu attendre les événements tragiques du 13 novembre pour que se pose enfin la question de leur dissolution ». Et de conclure : « Merci Monsieur le Président, Messieurs les politiciens, mais votre main tendue, votre hommage, nous n’en voulons pas et vous portons comme partie responsable de ce qui nous arrive ! » (Libération).
Emmanuelle Prévost a reçu le soutien du député-maire de Lambersart, commune d’origine de la famille : « On ne peut s’empêcher de se demander combien de vies auraient pu être sauvées si les pouvoirs publics avaient agi plus tôt », a commenté Marc-Philippe Daubresse (LR) (Valeurs Actuelles).
« On en est resté aux effets d’annonce »
Journaliste et membre du conseil d’administration de Reporters sans frontières, Jean-Marie de Peretti, père d’Aurélie, 33 ans, une des victimes du Bataclan, n’a pas appelé comme Emmanuelle Prévost à boycotter l’hommage national. Mais il a expliqué sur RMC sa décision de ne pas se rendre aux Invalides : « Quand nous avons tous été bouleversés, le 7 janvier (…), j’ai pensé, au lendemain de cette attaque barbare, qu’il y aurait des décisions fortes qui seraient prises par nos gouvernants : la sécurité était devenue une cause nationale ». Or lui aussi a l’amère impression qu’on en est resté aux «effets d’annonce ».
« J’y ai cru !, a-t-il confié au quotidien Var Matin. Mais que s’est-il passé ? L’espace Schengen a laissé passer toutes ces personnes pourtant signalées par le fameux fichier S. L’espace Schengen est devenu une passoire qui a permis à ces gens-là de venir perpétrer des actes terribles sur notre territoire. Rien n’a été fait ! »
Le père d’Aurélie a notamment relevé qu’à l’entrée du Bataclan, sa fille et l’amie qui l’accompagnait (celle-ci a été grièvement blessée ), n’ont fait l’objet d’ « aucune fouille, alors qu’à Londres, le même type de concert engendrait une fouille systématique » (La Voix du Nord).
Pourquoi pas d’état d’urgence dès janvier ?
Pourtant, au lendemain des attentats de janvier, chacun redoutait un nouveau massacre de plus grande ampleur, prédit par tous les spécialistes. Pourquoi ne pas avoir proclamé alors l’état d’urgence ? Patrick Jardin, le père de Nathalie, régisseuse lumière tuée au Bataclan, qui, lui, a finalement accepté de se rendre à la cérémonie sur les instances de son fils, pose également cette amère et redoutable question (Le Parisien).