Un récent rapport de l’ONU dénonce des atteintes graves aux droits de l’homme, et en appelle à une enquête internationale pour clarifier la situation au Yémen. La coalition pro-gouvernementale, sunnite, soutenue par l’Arabie saoudite affronte les rebelles chiites houthis, bombardant systématiquement les villes soupçonnées, pour des raisons confessionnelles, de soutenir la rébellion. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avertit que s’il était avéré, l’usage de bombes à fragmentation constituerait un “crime de guerre”.
La capitale du pays dans le collimateur
Les rebelles houthis, qui sont soupçonnés d’être aidés par l’Iran en sous-main, tiennent Sanaa, la capitale du Yémen. La coalition sunnite soutient le président Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil en Arabie saoudite, et tente de reprendre la capitale. L’aviation saoudienne multiplie les sorties. Selon les experts de l’ONU, 119 de ces interventions auraient frappé des cibles civiles, violant de ce fait les conventions internationales. Les armées de la coalition affameraient délibérément les populations non sunnites. Des civils, fuyant les villes bombardées, auraient été pris en chasse par des hélicoptères de combat. Toutes ces exactions ont été observées grâce aux images satellites du pays ou à des témoignages indirects, car les observateurs de l’ONU n’ont pas été autorisés à se rendre sur place.
Exactions dans les deux camps
Le rapport accuse aussi la rébellion de s’établir dans des quartiers résidentiels et de recruter des mineurs parmi ses combattants. Les experts de l’ONU présentent des preuves de l’implication de l’Iran, qui soutiendrait clandestinement les Houthis. Des missiles antichar de facture iranienne, saisis au large d’Oman, et expertisés aux États-Unis, démontreraient l’existence de livraisons d’armes à la rébellion.
Armements occidentaux
Ce rapport de l’ONU pose enfin la question de la nature de l’intervention de l’Arabie Saoudite au Yémen. Ce pays, allié de l’Occident et premier importateur d’armements au monde, semble opérer à sa guise, sans être menacé de sanctions internationales. Les États-Unis, la Russie, la France et la Grande Bretagne, notamment, continuent à lui fournir les bombes qui lui servent à écraser les civils Houthis. En 2014, les achats d’armes du royaume atteignaient 64,4 milliards de dollars, contre 56 milliards en 2013, soit une augmentation de 13,4%, affirmait le cabinet d’experts IHS Janes, basé à Londres. La commission d’enquête, proposée par les experts des Nations unies, serait un élément qui contraindrait les médias, voire les gouvernements, à prendre la mesure de la barbarie de la répression au Yémen.