Né en 1976 à Ranohira dans le Sud de Madagascar, Albert est fils d’enseignants et l’aîné de huit enfants. “Tout le monde est encore en vie, même mes parents, grâce à Dieu.”
Devenir prêtre pour avoir une belle voiture et bien manger
Après le collège, il entre au petit séminaire diocésain de Ihosy. “Je voulais être comme celui qui sert à l’église : avoir une belle voiture, bien manger. Ma motivation était uniquement matérielle.” Au séminaire, il rencontre des jeunes des quatre coins du diocèse qui l’encouragent à poursuivre sa formation. Ses réflexions finissent par le mener à une réponse : la Société du Verbe Divin (SVD). En 1999, il l’intègre comme aspirant, conscient alors qu’être prêtre n’est pas lié à la vie matérielle mais au service. “En devenant religieux, cela me permettait de réfléchir à cette notion. Je voulais faire les vœux de chasteté, d’obéissance et de pauvreté afin de mûrir ma vie spirituelle.”
Pour son noviciat, il est envoyé au Congo où il vit pendant un an dans un cloître sans en sortir. “J’ai travaillé, prié, et appris à connaître la congrégation SVD dont la spiritualité est fondée sur la Trinité, la parole qui s’est faite chair.” Après six ans dans la congrégation, il devient officiellement frère. “Ce qui m’a poussé à être fidèle, c’est que j’avais commencé, je ne voulais pas repartir de zéro. C’est une motivation simple mais profonde aussi, car je voyais la voie de Dieu.”
“En Asie, les fidèles te donnent même ton argent de poche car ils savent que ta vie dépend d’eux”
En 2009, il est ordonné prêtre et doit quitter Madagascar pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Pendant deux ans, il attend un visa qui n’arrive jamais. “Je n’avais pas de position officielle à Madagascar, je servais un peu de doublure aux curés dans la brousse, je souffrais beaucoup.” Quand sa patience atteint ses limites, il demande une nouvelle nomination. Ce sera les Philippines. Tout juste débarqué à Manille en juin 2011, il passe trois mois à apprendre l’anglais et quatre le Tagalog, la langue locale. Sur l’île de Palawan : il est nommé vicaire puis curé d’une paroisse dans un petit village de 4600 habitants (2500 catholiques et 1500 adventistes) à la fin de l’année 2014. “Je suis maintenant très content d’être un pasteur ici. Les gens sont joyeux, ils respectent les étrangers et soutiennent beaucoup les prêtres. En Afrique, si tu es prêtre, on s’attend à ce que tu sois riche, que tu payes au restaurant. Mais ici en Asie, les fidèles te donnent même ton argent de poche car ils savent que ta vie dépend d’eux.”
Ce qui le peine en revanche, c’est le manque de formation catéchétique. Il voit par exemple, “des paroissiens qui vivent ensemble sans être mariés prendre la communion”. Les instruire est donc son principal défi. “La mission n’est jamais finie ! Jésus Christ lui-même ne l’a pas terminée et l’a laissée aux Apôtres.” La pauvreté des Philippins, et notamment tous ces jeunes qui ne peuvent étudier faute d’argent, le touche beaucoup aussi. “Ça me fait du mal, car mon rôle n’est pas seulement spirituel. Je dois aussi soutenir les fidèles dans leur vie sociale, psychologique, matérielle : c’est une grande responsabilité !” Pour les jeunes défavorisés de son village, il essaie donc de trouver des bourses à travers deux fondations. Déjà quatre d’entre eux ont pu en bénéficier et poursuivre leurs études à Manille.