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La passion d’Augustine : tout pour la musique

Fanny Magdelaine - publié le 28/03/16

Découvrez l’histoire d’un combat au Québec dans les années 60, celui de Mère Augustine qui lutte pour son couvent, véritable école de musique, dont l’avenir est menacé par la réforme de l’éducation.

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Bienvenue dans cet univers musical et féminin. Tout le film est porté par des mélodies, des gammes, des chants, qui accompagnent et portent le spectateur du début à la fin, à bon escient. Ici, Bach, Schubert, Chopin, Liszt, Beethoven, à moins que ce ne soient leurs œuvres – l’Étude op. 10 n°3 en mi majeur de Chopin, le Prélude en do mineur de J.S. Bach, le Liebestraüm de Liszt… – sont des personnages à part entière ! Et les pianistes dont on admire la virtuosité sont de vraies musiciennes, Lysandre Mesnard en tête : la jeune prodigue, qui a déjà remporté de nombreux prix musicaux, incarne à la perfection, Alice Champagne, jeune pensionnaire rebelle, pianiste prodigue et, qui plus, nièce de la mère supérieure du couvent, Sœur Augustine – l’actrice Céline Bonnier, formidable. « À chaque accord, une émotion nouvelle apparaît », souligne Augustine, elle-même excellente pianiste, en guidant les jeunes filles au piano.

La Révolution tranquille au Québec

Ce couvent est unique en son genre : c’est un joyau musical qui rafle tous les grands prix de piano. Les religieuses du Sacré-Cœur qui y enseignent ou y travaillent aiment ce lieu même si elles ne partagent pas forcément toutes la passion de leur mère supérieure : « Il n’y en a que pour la musique ici », soupire Sœur Lise, qui enseigne le français, en voyant un piano flambant neuf débarquer. Et quand une élève lui demande de quel instrument elle joue, la religieuse de répondre, un brin agacée : « L’orgue le plus majestueux qui soit : la langue française ! ».

La musique est la clé de voûte de ce couvent unique en son genre, et c’est en musique que sœur Augustine se décide à lutter pour sa survie. Car le Québec connaît ce qu’on a appelé la Révolution tranquille, et parmi les changements qui surviennent, il y a la création d’un ministère de l’Education : jusque là payante et gérée par le clergé, qu’il soit catholique ou protestant, l’éducation sera désormais prise en charge par le ministère qui crée des écoles publiques gratuites. C’est la fin d’un système et avec lui, la fin de nombreuses écoles religieuses.

Face au modernisme, la musique adoucit les peurs

Le monde change, l’Église aussi. L’évêque en personne est venu prévenir les religieuses : « Le modernisme nous attaque de toute part… » Le soir, à la radio, tandis que les religieuses jouent aux cartes, on parle pilule et régulation des naissances… Avec Vatican II, les religieuses sont amenées à simplifier leur tenue vestimentaire et à tomber le voile. La réalisatrice a construit autour de cet événement historique une séquence poignante : au son de l’opéra Didon et Énée d’Henry Purcell, on voit tour à tour quelques unes des sœurs du Sacré-Cœur abandonner leur voile, avec force douleur et résignation, avant de renaître sous le Gloria de Vivaldi. « Je me sens nue », confient plusieurs religieuses…

Mais c’est décidé, le dégel de la société ne se fera pas sans elles. La première partie du film nous renvoie des images d’hiver enneigé, radieux, où les couleurs chaudes de la brique du couvent, des manteaux et bonnets de ses pensionnaires, contrastent avec la luminosité du blanc presque aveuglant. À l’image aussi, l’hiver se termine, le manteau neigeux disparaît, sous la glace qui fond, le Richelieu reprend vie, le printemps éclot et avec lui d’autres couleurs. Il est temps pour les sœurs de renaître autrement, de prendre leur destin en main, à l’image d’Augustine ou d’Alice, qui se soucie peu des convenances et n’hésite pas à revisiter Bach par le jazz !

Religieuses et élèves s’organisent pour éviter la fermeture du couvent, en suivant le conseil de la mère d’une pensionnaire : « Vous allez oser faire ce que les religieuses n’osent jamais faire : du bruit ! ». Elles ouvrent les portes du couvent pour montrer au monde extérieur, journalistes et politiques en tête, ce qu’elles savent faire de mieux : de la musique. « On va se battre, au nom de nos convictions, pour nos filles, pour la musique et parce que j’aime profondément ce couvent », confie Augustine aux sœurs du couvent. Puis viendra l’heure du concours provincial de musique, l’heure de vérité pour la jeune Alice et pour sa tante…

La musique, une prière pour l’âme
Si le scénario et la réalisation restent très classiques, l’histoire est magnifiée par des comédiennes talentueuses et sublimée par des belles images – les mains qui courent sur le piano, les visages des musiciennes –, les émotions servies par la musique – sous la direction magistrale de François Dompierre. Seul bémol : on parle finalement assez peu de foi dans ce couvent. « Ici nos filles apprennent que la musique peut être une prière pour l’âme, qu’elle peut chasser la haine à ceux qui sont sans amour, qu’elle peut donner la paix à ceux qui sont sans repos », déclame Mère Augustine lors de la journée portes-ouvertes au couvent. Et certes, comme elle le dit aussi, les religieuses mettent la foi au service de la musique. Mais qu’en est-il de leur foi à elles ? De-ci de-là, on saisit des bribes de leur vie d’avant le couvent, des raisons qui ont motivé leur vocation, et elles ne sont pas forcément spirituelles, comme c’était sûrement le cas pour nombre de jeunes femmes à l’époque. Et c’est sans doute une toute autre histoire…

Avec ce film, Léa Pool, la réalisatrice canadienne, devrait se faire un nom en Europe. Le film La passion d’Augustine vient de recevoir six prix au 18e Gala du cinéma québécois, dont le trophée du meilleur film. Chez nous, en 2015, le film avait obtenu le prix du public au Festival du film francophone d’Angoulême et lors des rencontres cinématographiques de Cannes 2015.

La passion d'Augustine © KMBO
La passion d'Augustine © KMBO

La passion d’Augustine, de Léa Pool est sorti au Québec en mars 2015. Sortie nationale en France le 30 mars 2016 – 1 h 43

Tags:
CinémacouventMusiqueReligieux
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