Frères et sœurs bien aimés, dimanche dernier, pour commencer l’Avent, nous étions appelés à la vigilance. Les lectures résonnaient d’expression comme « réveillez-vous ! », « veillez ! », « tenez-vous prêts ! » Le Seigneur vient – et Il est même déjà là, présent au milieu de Son peuple, tout proche de nous, à nos côtés – mais saurons-nous Le voir ?
Aujourd’hui, le message va plus loin, plus profond. Puisque nous avons décidé de veiller, d’ouvrir les yeux, d’être attentifs – sinon vous ne seriez pas là : vous seriez restés bien au chaud sous votre couette, n’est-ce pas ?– l’Église nous appelle aujourd’hui à la conversion. C’est la voix de Jean-Baptiste qui vient nous exhorter.
Un petit rappel pour les plus jeunes de notre assemblée : Jean-Baptiste est le grand cousin de Jésus, fils d’Elisabeth et de Zacharie, il a 6 mois de plus que Jésus. C’est un « homme de Dieu », pour reprendre une expression de l’Ancien Testament, un prophète, c’est-à-dire un homme choisi par Dieu pour se tenir devant les autres hommes et leur transmettre un message de Sa part, par son attitude, sa façon d’être et sa parole. Un personnage haut en couleurs, ce Jean : il habite le désert dans des conditions rustiques. Son vêtement : une tunique en poils de chameau ! C’est peut-être bien chaud pour la nuit… mais ça gratte et ça pue la peau de chameau ! Et Jean, pour se nourrir, mange des sauterelles grillées ! Quand je sais que certains font la moue devant les choux de Bruxelles ou la ratatouille, j’aurais bien voulu les voir devant un plat de sauterelles grillées…
Laisser au fond du fleuve ses péchés
Plus important que ça : Jean propose un signe fort aux Juifs qui veulent se convertir, changer leurs mauvaises habitudes, changer de vie, même : il les invite à se dépouiller de leurs vêtements – belle façon de laisser tomber l’apparence, le côté extérieur, pour se présenter tel qu’ils sont devant Dieu –, à descendre dans le fleuve et là, il les plonge tout entier dans l’eau, d’où son surnom : « Jean qui plonge », « Jean qui baptise », « Jean le Baptiste ». Dans cette eau, ils sont symboliquement lavés : ils laissent au fond du fleuve leur mauvaises habitudes, leurs fautes, leurs péchés. En sortant, ils ont pris la décision de changer de vie, de donner plus de place à Dieu, de faire davantage attention aux autres, d’être bons, généreux, à l’écoute.
Mais dans la foule qui se presse sur le bord du Jourdain, Jean a repéré des hommes qui sont plus venus en curieux, pour faire comme tout le monde. Eux aussi ont commencé à se déshabiller, à déposer sur la berge leurs beaux manteaux et leurs tuniques brodées pour descendre dans le lit du fleuve. Mais Jean sait bien qu’ils n’ont pas du tout l’intention de changer de vie, de reconnaître leurs torts et leurs péchés. Peut-être qu’ils ont été touchés par la ferveur qui émane de la foule, mais leur conversion n’est qu’une conversion de surface, pas en profondeur… Alors, Jean les rabroue, les secoue : « Menteurs, hypocrites, votre conversion, elle doit se voir : si vous décidez de changer de vie, on doit le remarquer ! » Et il avertit la foule : « Le geste que, moi, je pose, ce plongeon dans l’eau, ce n’est rien à côté de ce que va réaliser Celui qui va bientôt venir : Lui, c’est le feu qui purifie, c’est la force de Dieu qui sépare le bien du mal ! Changez de vie, vraiment : abandonnez vos mauvaises habitudes et choisissez le Bien ! »
Prendre conscience de la présence de Dieu
Alors que Nadège et ses enfants se préparent au baptême au milieu de nous, souvenons-nous, mes frères, que, pour la plupart parmi nous, nous avons reçu le baptême du Christ. Pas celui de Jean-Baptiste, qui n’était qu’un signe symbolique, mais celui de Jésus qui est un sacrement, c’est-à-dire un signe efficace qui donne la grâce de Dieu. Dieu est venu Se blottir en notre âme, y faire Sa demeure, et, de là, rayonner en nous et autour de nous. Car un trésor comme celui-là ne peut demeurer caché, camouflé, planqué : nous devons en vivre et en rayonner.
Recevoir le sacrement du baptême très tôt, c’est une grâce immense ! Vous rendez-vous compte : vous avez accueilli le Dieu trois fois saint de bonne heure en notre âme ! Mais peut-être que nous nous sommes habitués à Sa présence, à Son action en nous. Notre conversion à nous n’est-elle pas de prendre conscience de la présence de Dieu en nous – et même plus que ça : de Son action en nous et à travers nous. Je veux être vraiment le Temple du Saint-Esprit, l’instrument du Bon Dieu, l’outil efficace entre Ses mains, le propagateur de Sa bonne nouvelle du Salut auprès de mes frères. Merci à nos futurs baptisés, qui sont autant de nouveaux Jean-Baptiste dans nos assemblées, qui viennent nous secouer et qui nous invitent, avec l’aide et la grâce du Seigneur, à nous convertir vraiment, c’est-à-dire à Lui appartenir pleinement ! Amen !
Retrouvez sur le site des communautés paroissiales de Fresnay-sur-Sarthe, Oisseau-le-Petit et Sougé-le-Ganelon l’homélie de l’Abbé Gaëtan de Bodard ou suivez le sur Twitter.
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