“C’était un enfant aimant et affectueux, qui aurait fait n’importe quoi pour aider quelqu’un. Il avait un cœur d’or.” Ce commentaire de Jon, le père de Ryan Lock, salue l’engagement total de son fils de 20 ans, tombé en même temps que quatre de ses frères d’armes dans le village de Jaeber. Le jeune homme n’avait pas de formation militaire, et avait travaillé comme cuisinier avant de se joindre au YPG, un groupe armé kurde, qui lutte contre l’État islamique (EI) en Syrie. Il avait échappé plusieurs fois à la mort, voyant notamment deux de ses proches camarades mourir dans un bombardement mené par l’aviation turque. C’est le troisième britannique à être tué aux côtés des Kurdes dans cette guerre.
Les Kurdes à l’offensive sur Raqqa
Alors que les offensives précédentes menées sur la capitale de Daesh en Syrie ont rapidement avorté, celle-ci, qui a débuté au mois de décembre 2016, a de bonnes chances d’aboutir. Benjamin Blanchard, cofondateur de SOS chrétiens d’Orient, résidant actuellement en Syrie, commente : “Le 6 novembre, les médias occidentaux relayaient l’annonce d’une offensive qui me laissait dubitatif… Mais cette fois, tout est différent !”
L’annonce de novembre concernait les forces des Forces démocratiques syriennes, soutenue par la coalition internationale. Elles attaquaient par le nord, débutant à 50 kilomètres de Raqqa, dans un terrain difficile, parfois marécageux. Les forces engagées manquaient d’allant, et deux mois après, l’opération qu’elles menaient, ne leur avait pas permis de progresser loin de leur point de départ. Cette fois les choses sont différentes, car l’offensive, lancée au mois de décembre, a emporté des positions jusqu’à 30 kilomètres à l’ouest de Raqqa.
Raqqa, point faible de l’EI
Palmyre est tombée pour la deuxième fois aux mains de Daesh au mois de décembre. Profitant de ce que les forces russes et syriennes étaient concentrées sur Alep, les jihadistes ont pratiqué cette attaque qui leur permet de remettre la main sur les puits de pétrole et de gaz de Djazal et de Chaer, dans la périphérie est de Palmyre. Outre cet objectif économique, la reprise de Palmyre pourrait disperser les forces de l’Armée arabe syrienne, contrainte de se redéployer au moins en partie vers le sud au lieu de se concentrer sur Raqqa.
La prise de Raqqa pourrait s’avérer bien plus rapide que celle de Mossoul, la capitale de Daesh en Irak. En raison de son tissu urbain d’abord : Raqqa est une ville de 200 000 habitants, alors que Mossoul en comptait deux millions avant la guerre. Ensuite, les habitants de Raqqa sont plus loyalistes que ceux de Mossoul. La population de Mossoul, majoritairement sunnite, montrait une grande défiance à l’égard de l’administration dominée par les chiites, avant même le début du conflit. À l’inverse, l’EI s’est imposé par la force à Raqqa, et la présence de dissidents comme les animateurs du site d’informations clandestin Raqqa is being slaughtered silently démontre qu’elle n’a pas l’appui de ses “sujets”. D’autant plus qu’une famine menace les civils restés dans la ville et ses environs. La ville de Raqqa, actuellement sous la neige, souffre de l’avancée des forces de la coalition, à laquelle s’ajoute une série de mauvaises récoltes. Enfin, Daesh refuse toute aide humanitaire étrangère, et la faim pourrait achever de lever la population contre le régime d’Abou Bakr Al Baghdadi.