Pays touristique, plutôt pacifique, la Jordanie fait peu parler d’elle dans l’actualité. Située au cœur du Moyen-Orient, avec pour voisins la Syrie et l’Irak, l’Arabie Saoudite et Israël, elle jouit néanmoins d’une situation politique stable. Ceci en fait une terre de choix pour les milliers de réfugiés, fuyant la tourmente des combats et des attentats. Comment la Jordanie gère-t-elle aujourd’hui les menaces qui pèsent sur elle ?
Situation géopolitique depuis sa fondation
Indépendant depuis 1946, le royaume hachémite de Jordanie s’est engagé dans la guerre contre Israël jusqu’en 1994, date à laquelle fut signé le traité de paix israélo-jordanien. Dans les années 70-80, le pays subit des troubles politiques, dus à l’immigration de nombreux activistes palestiniens. Des mouvements de répression stabiliseront alors le pouvoir de cette monarchie constitutionnelle. C’est dans la continuité des réformes politiques et économiques, entreprises à la fin du XXe siècle par son père Hussein, que s’est inscrit le libéralisme d’Abdallah II, souverain de la Jordanie depuis 1999. Hautement respecté, le monarque ne pâtira pas des manifestions provoquées en 2011 par le Printemps arabe. De moindre ampleur, celui-ci portera davantage sur la corruption des membres du gouvernement.
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En 2014, la Jordanie rejoint la coalition internationale antijihadiste, dirigée par les États-Unis. Elle y apporte une aide financière et logistique, et organise des raids en Syrie et en Irak. Suite à l’assassinat de l’un de ses pilotes en février 2015, elle a intensifié ses bombardements, annonçant qu’elle engagerait « tous ses moyens militaires » dans la lutte contre l’État islamique (EI). Le 18 décembre dernier, la Jordanie est victime d’un acte terroriste à Karak, une ville réputée pour sa forteresse croisée (XIIe siècle). Il s’agit du quatrième attentat perpétué en 2016, alors que la Jordanie peine à maintenir un climat pacifiste et à soutenir le tourisme, secteur clef de son économie (14% du PIB en 2015). Selon Myriam Benraad, chercheuse à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman, ces attaques s’expliquent par la « volonté de déstabiliser aussi économiquement un pays qui a déjà largement perdu sa manne touristique ».
Terre d’accueil pour les réfugiés
En raison de sa situation géographique et géopolitique, la Jordanie est un pays privilégié pour les réfugiés syriens et irakiens. Les premiers viennent principalement de familles musulmanes pauvres, du sud de la Syrie. Peu appréciés des Jordaniens, ils vivent en outre dans des conditions précaires faisant monter le mécontentement. Les Irakiens, quant à eux, présentent davantage de disparités sociales, les réfugiés des première et deuxième guerres du Golfe (1991 et 1996) étant des gens plutôt aisés et toujours présents dans le monde des affaires. En revanche, les chutes de Bagdad en 2003, et de Mossoul et la plaine de Ninive en 2014 ont apporté des vagues d’immigrés dépouillés de tout, dont 18 500 chrétiens fuyant les persécutions.
Quoiqu’elle ne soit pas signataire des conventions de Genève, elle a encore vu l’arrivée de 689 000 personnes en 2015, d’après le Haut commissaire pour les réfugiés – les Syriens seuls représentent actuellement plus de 10% de la population. Ces vagues d’immigration engendrent des tensions et des problèmes quant à l’accueil dans les villes, l’insertion et la gestion des camps déjà surpeuplés de Zaatari et d’Azraq. Ces menaces ont impliqué un durcissement des autorités, lesquelles assurent que le pays a dépassé sa capacité d’hébergement.
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