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Des soutanes en plastique recyclé : les Églises au défi de la pollution

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Paul De Maeyer - publié le 12/06/18

Lutter pour la sauvegarde de la création devient un engagement œcuménique de plus en plus concret

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L’Église d’Angleterre se joint à la bataille contre le plastique, annonce le Telegraph dans un article publié fin mai dernier. Le quotidien londonien rapporte que l’usine d’habits ecclésiastiques Butler & Butler a lancé la première soutane en tissu polyester de qualité obtenue 100% à partir de bouteilles en plastique recyclé. Et comme elle est très sensible au commerce équitable, la maison de confection fait arriver ses tissus de l’Inde, où la fibre est plus souple que le polyester classique.

Mobiliser les consciences

L’idée de produire des vêtements en plastique recyclé pour les ecclésiastiques est partie de l’énorme intérêt suscité par la série de documentaires The Blue Planet de la BBC. Dans cette série, le célèbre naturaliste et présentateur anglais David Attenborough se penche sur différents aspects de la vie marine et notamment les effets de l’activité humaine et des déchets plastiques sur l’écosystème pélagique.


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Déjà au Carême dernier, l’Église d’Angleterre avait lancé une campagne remarqué invitant les fidèles à renoncer à la consommation de produits en plastique. Selon Ruth Knight, responsable de la politique environnementale de l’Église d’Angleterre, citée par BBC News, ce Lenten Challenge — nom de cette campagne de Carême — avait pour objectif de « sensibiliser les conscience à la dépendance du plastique jetable » et mettre les personnes à l’épreuve en leur demandant de chercher où elles pouvaient réduire cette utilisation.

L’engagement du pape François

Avec le pape François, l’Église d’Angleterre, est certaine de trouver un allié. Dans son encyclique Laudato si’ (2015), il souligne lui aussi l’importance d’une « éducation à la responsabilité environnementale ». Celle-ci, dit-il, « peut encourager divers comportements qui ont une incidence directe et importante sur la préservation de l’environnement tels que : éviter l’usage de matière plastique et de papier, réduire la consommation d’eau, trier les déchets, cuisiner seulement ce que l’on pourra raisonnablement manger, traiter avec attention les autres êtres vivants, utiliser les transports publics ou partager le même véhicule entre plusieurs personnes, planter des arbres, éteindre les lumières inutiles et ainsi de suite » (211).

À l’occasion de la première Journée mondiale des pauvres en novembre dernier, le souverain pontife a d’ailleurs rencontré les fondateurs de la Plastic Bank, David Katz et Shaun Frankson, qui ont mis au point une application spéciale pour récupérer le plastique fini dans les océans et le convertir en saine monnaie pour les plus pauvres.

Une montagne de plastique

S’il est indispensable à notre quotidien, le plastique est un matériau très problématique pour l’environnement. Selon une étude réalisée par Roland Geyer de l’Université de Californie, à Santa Barbara (UCSB), l’homme moderne, en 65 ans, a produit l’équivalent d’une montagne en plastique de 8,3 milliards de tonnes dont 70% ont fini en déchets. De cette masse énorme, chaque année, ce sont environ 8 millions de tonnes qui finissent dans la mer. Et la situation tend à s’aggraver, révèle une autre étude publiée en février 2015 dans la célèbre revue Science.


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En effet, mettent en garde les auteurs de cette étude, si rien n’est fait d’ici 2025, ce sont environ 17,5 millions de tonnes par an qui pourraient finir dans les océans. L’impact de cette masse de plastique est énorme. Dans les mers et les océans de notre planète — y compris la mer Tyrrhénienne — se sont formées de véritables îlots en plastique, dont le Pacific Trash Vortex est probablement l’exemple le plus flagrant.

Une nappe de déchets

Selon les chiffres de la fondation néerlandaise Ocean Cleanup, cette énorme nappe de déchets accumulés à peu près à mi-chemin entre les côtes californiennes et les côtes Hawaïennes est trois fois plus grande que la superficie de la France. Et, plus inquiétant, seize fois plus grande qu’on ne le pensait auparavant. Alors que les plus gros artefacts, les plastiques de plus de 50 centimètres, constituent la moitié de ce « magma » (53%), le nombre des soi-disant microparticules de plastique — 1,8 trillion de pièces — est effrayant. Non seulement ils sont mortels pour la faune marine, mais ils finissent aussi dans la chaîne alimentaire, et donc, tôt ou tard, sur nos tables.

La catastrophe plastique a également atteint les mers de l’océan Arctique. Le confirment les données recueillies, entre le printemps 2014 et l’été 2015, par les chercheurs de l’ Alfred-Wegener-Institut (AWI) à Bremerhaven, en Allemagne, au cours de trois expéditions à bord du navire de recherche et de déglaçage Polarstern. Selon ces données, un seul litre de glace arctique peut cacher plus de 12.000 micro-fragments de plastique. Beaucoup sont infiniment petits, 11 micromètres seulement, c’est-à-dire environ un sixième de la taille d’un cheveu humain, dont le diamètre varie entre 65 et 78 µm.




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« Les particules les plus petites peuvent être facilement mangées par des microorganismes arctiques tels que les ciliés, mais aussi les copépodes », avertit Ilka Peeken, co-auteur de l’étude AWI.

Le cancer des plages

Une autre enquête, cette fois-ci de l’Agence italienne pour les nouvelles technologies, l’énergie et le développement économique durable (ENEA), révèle que 80% des déchets ramassés sur les plages de la Botte sont en plastique. Selon les estimations, au moins 100 millions de cotons-tiges pour les oreilles polluent les plages italiennes.

Il est donc nécessaire d’agir. C’est la conclusion à laquelle est arrivée la Commission européenne, qui a proposé le 28 mai dernier une nouvelle directive visant à interdire ou réduire certains des produits en plastique jetables les plus répandus et les plus polluants. Cela va des pailles pour les boissons et couverts en plastique jetables, jusqu’aux fameux cotons tiges et même les bâtonnets pour les ballons. Alors que des restrictions sont prévues aussi pour les bouteilles en plastique, avec l’introduction d’un système de verres à consigner, et pour les filets de pêche, Bruxelles compte achever le processus législatif d’ici les prochaines élections européennes, prévues pour mai 2019.

Ces derniers mois, le Premier ministre britannique Theresa May et le gouvernement du Premier ministre écossais, Nicola Sturgeon, ont déjà pris des mesures pour stopper la fabrication du plastique jetable.

Paul de Meyer

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