L’évêque Saad Sirop Hanna ne s’attendait pas à vivre une expérience aussi amère sur une terre qu’il connaissait depuis son enfance. Né en 1972, Mgr Sirop a effectué une première formation d’ingénieur aéronautique avant d’entrer au séminaire de Bagdad. Après son ordination sacerdotale pour le diocèse de San Diego, il poursuit ses études à l’Université grégorienne de Rome et obtient un doctorat de philosophie en 2008.
Kidnappé pendant la messe du 15 août
Deux ans plus tôt, alors qu’il célèbre la messe du 15 août en Irak, il est kidnappé par des militants d’Al-Qaïda. Cet évènement est un choc terrible pour lui qui ne pensait pas que cela puisse lui arriver dans son pays. “Je me demandais d’abord si cela s’était réellement passé en Irak. L’Irak n’est plus ce qu’il était. Il y a tellement d’incompréhensions, de différences, d’agressions… Je me suis posé ces questions en tant que chrétien et Irakien. Je suis né à Bagdad et j’ai vécu toute mon enfance là-bas. Je suis diplômé de l’université et, à l’époque, j’avais beaucoup d’amis de différentes religions… », explique-t-il.
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Pendant vingt-huit jours, Mgr Saad Sirop Hanna se retrouve entre les mains des militants qui le torturent sans relâche pour le forcer à renier le Christ. Mais sa foi l’aide à tenir bon. “Je tire ma force de Dieu et je lui dois ma nouvelle vie.” À l’époque, l’histoire de Mgr Saad Sirop Hanna fait le tour du monde et les réactions internationales ne se font pas attendre. Le pape Benoît XVI envoie une lettre aux chefs de l’Église en Irak pour exhorter tous les parties à travailler en faveur de la libération du père Sirop Hanna. Il est finalement libéré le 11 septembre 2006 après 28 jours de captivité.
“Les traditions chaldéennes et assyriennes sont en danger”
Aujourd’hui, il appelle le monde entier à combattre l’islamisme et protéger les chrétiens d’Orient exposés aux pires formes de persécution. En 2017, il publie un livre pour livrer son témoignage : Kidnappé en Irak : un prêtre à Bagdad. “J’aime l’Irak et j’aime mon peuple. Je veux continuer à travailler ici en tant que prêtre”, a-t-il déclaré à Bagdad, en ajoutant qu’il a un grand nombre d’amis musulmans pour qui il porte une grande affection. Il ajoute ne pas être un prêtre uniquement pour les chrétiens mais aussi pour les musulmans. Un homme de dialogue nécessaire au rapprochement entre les religions et au maintient de la paix.
“J’espère que je vais aider les chrétiens à surmonter les défis et les difficultés rencontrés dans tous les pays du Moyen-Orient, en particulier en Irak où on ignore souvent leur situation. Nous assistons à la fin possible de l’une des plus anciennes traditions chrétiennes du monde. La tradition apostolique de l’Église de l’Est : les traditions chaldéennes et assyriennes sont en danger, le monde a besoin de voir et d’écouter la voix de cette Église qui souffre.”