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Cinéma : un dialogue en apesanteur entre Thomas Pesquet et Saint-Exupéry

THOMAS PESQUET

Facebook I Dans les yeux de Thomas Pesquet

Louise Alméras - publié le 03/10/18

Que dire de plus aux hommes, si ce n’est qu’ils sont des êtres faits pour créer des liens ?

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Le temps s’arrête pendant près de deux heures à bord d’un univers sonore et visuel au milieu de l’espace. Expérience inédite, défi de l’homme face à sa petitesse, découverte enfin de ce qui fait la richesse de l’humanité comme sa pauvreté. Entre réussites scientifiques et constats dramatiques sur l’état de la planète, vue de haut dévastée, une équipe internationale progresse loin de la gravité terrestre pour retrouver la beauté des liens. À voir dès le 3 octobre dans les salles, dans cette version ou celle réalisée en réalité virtuelle avec des images captées à 360 degrés dans l’espace (30 min) : Dans la peau de Thomas Pesquet.

Un voyage onirique

Thomas Pesquet embarque à bord de la station spatiale internationale le 17 novembre 2016 et décolle de la base de Baïkonour (Kazakhstan) pour une durée d’environ six mois. Il exerce la fonction d’ingénieur de vol lors des expéditions extérieures et poursuit une centaine de recherches scientifiques pour le compte de la NASA, de l’ESA (Agence spatiale européenne) et du CNES (Centre national d’études spatiales), afin d’en connaître plus sur les capacités du corps humain et d’améliorer les conditions de vol des prochains spationautes à partir dans l’espace. Mais c’est l’homme ici qui est honoré. Pierre-Emmanuel Le Goff, le réalisateur de ce documentaire, le munit de caméras. Les plans visuels très inégaux changent en fonction de la caméra utilisée, ils s’adaptent à l’immersion en navette spatiale. Et il s’envole en quelque sorte avec lui dans un voyage onirique et métaphorique dans l’espace, n’oubliant pas de lui confier une statuette du Petit Prince. L’écrivain et aviateur Antoine de Saint-Exupéry les accompagne aussi, car l’astronaute embarque ses Oeuvres complètes avec lui.


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Loin du monde, que reste-t-il en soi d’humain ? Que peut-on dire aux hommes de cette vision de l’immensité ? Et quelle urgence, enfin, peut faire ressentir le besoin de revenir à la Terre ? Autant de questions qui égrènent ce périple à la quête inconnue et imprévisible. Le film nous montre des scènes du quotidien, d’émotion, de création. L’équipe se soude à mesure de l’avancée dans le cosmos, les liens se resserrent et la solitude est pourtant toujours là. Mais ils partagent le même idéal, la même galère, la même expérience extraordinaire, à en croire leurs sourires tout cela les augmente.

THOMAS PESQUET
G. Souvant

L’Odyssée universelle de l’homme

Il était une fois sur Terre, des hommes qui cherchent quelque chose dans la pénombre, dans une vue panoramique. Bientôt la poésie s’empare de leur quête, nous arrivons sur la plateforme où va décoller la station spatiale, jusqu’à nous emmener assez loin pour nous questionner sur l’univers et la place de l’homme là-dedans. En ce sens, nous ne sommes pas loin de 2001, l’Odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick, chef-d’œuvre visionnaire sorti il y a 50 ans, le 27 septembre 1968. Entre silence, quête non-identifiée sur la nature de l’être humain et voyage dans le temps et l’espace, sans véritable réponse. Cette fois, nourri à la prose de Saint-Exupéry, ce voyage hors du temps reprend un peu d’épaisseur et de sens, quand les sentiments d’un homme face à l’infini résonnent avec effroi et dans une lenteur propre à l’apesanteur d’une navette spatiale. Un homme d’action parle au nom d’un astronaute qui ne peut que flotter et se déplacer presque sans volonté à l’intérieur d’une machine, au-dessus du monde et au-delà des limites de l’esprit humain. Pourtant, son humanité semble grandir à mesure qu’il voit ce qu’est devenue la Terre et ce qu’il ressent si loin d’elle. Les membres de l’équipe, perdus dans l’immensité, se mettent à la recherche de « la seule planète véritable, la nôtre, de celle qui seule contenait nos paysages familiers, nos maisons amies, nos tendresses », commente l’écrivain, à travers la voix du réalisateur lui-même. La voix de Saint-Ex se fait rare. Mais les silences, aussi longs que les plans, la préparent, afin que nous l’entendions mieux :

« Nous étions infiniment pauvres du vent, du sable, des étoiles. Mais sur cette nappe mal éclairée, six ou sept hommes qui ne possédaient plus rien au monde, sinon leurs souvenirs, partageaient d’invisibles richesses. Nous nous étions enfin rencontrés. Nous cheminions tant côte à côte, enfermés dans son propre silence ou bien en échange de mots qui ne transportent rien. Mais voici l’heure du danger, alors on s’épaule l’un l’autre et on découvre que l’on appartient à la même communauté, on s’élargit par la découverte d’autres consciences. On se regarde avec un grand sourire, on est semblable à ce prisonnier délivré qui s’émerveille devant l’immensité de la mer. »

Le film nous offre des images incroyables de l’univers, comme des peintures célestes. Quand la musique de l’espace s’invite son mystère n’en paraît que plus grand, et même plus inquiétant. Est-ce trop ou pas assez pour l’équipe de scientifiques ? Et pour le spectateur ? Mais ils ont leur travail à faire, des appels à passer pour dire s’ils vont bien, ils n’ont pas le temps de savoir. Alors Saint-Ex parle à nouveau pour eux : « Si je rentre vivant de ce job nécessaire et ingrat, il ne se posera pour moi qu’un problème, que faut-il dire aux hommes? » au moment où Thomas Pesquet se met à jouer du saxophone pour émettre un blues mélodieux et envoûtant qui s’élève au beau milieu de l’espace, comme la seule chose à offrir de valeur, alors que  le plus important est invisible .

16 levers de soleil (2018), de Pierre-Emmanuel Le Goff, avec Thomas Pesquet, 117 min, sortie le 3 octobre 2018, distribué par La Vingt-Cinquième Heure.

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