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Le père Bro, une figure de l’intelligence catholique

BERNARD BRO

Stéphane Ouzounoff I Ciric

Février 2007: Bernard BRO, dominicain (op), docteur en philosophie.

Fr. Philippe Verdin, op - publié le 29/10/18

Un grand frère prêcheur est retourné à Dieu. Toute sa vie, le père Bernard Bro a mis sa parole et sa plume au service de la beauté du mystère de Dieu.

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Le dominicain Bernard Bro vient de nous quitter. Il avait 93 ans. Il fut le célèbre prédicateur d’une parole chrétienne franche et gorgée d’espérance. Que l’on se figure un dominicain de grande allure, de haute taille, à la voix droite, tour à tour séduisante ou tonnante, un homme sensible et de profonde culture. Un dominicain, donc par vocation passionné par la vérité et la Parole de Dieu. Il fut pendant quarante ans le prédicateur de France le plus écouté à la télévision, à la radio, dans la nef de Notre-Dame de Paris, à travers ses nombreux livres aux tirages de best-sellers.

La TOB et Thérèse

Né à Chablis dans une famille nombreuse, il vit son enfance à Paris. Le marquent profondément ses années de scoutisme. Il commence des études de philo à la Catho, puis découvre l’ordre des prêcheurs, autrement dits dominicains. Six ans de formation théologique, puis il enseigne à ses cadets la question de Dieu de la Somme de saint Thomas d’Aquin. En 1958, à l’invitation du père Carré, il commence sa collaboration aux Éditions du Cerf qui allait durer jusqu’en 1993. Il devient directeur de la maison d’édition dominicaine en 1962. Ces deux plus grands chantiers comme éditeur, et ceux dont il fut le plus fier, seront la publication de la Traduction œcuménique de la Bible et des Œuvres complètes de Thérèse de Lisieux. « Grâce à ce travail, on peut être heureux de lire vraiment Thérèse, qui est avec Pascal l’un des deux génies les plus profonds de l’histoire religieuse française. »


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À partir de 1975, le père Bro devient pour onze ans le responsable des émissions religieuses de France culture. Sa réputation de prédicateur, dans des années où l’on ne sait plus très bien quoi croire et qui adorer, lui vaut de prêcher le carême à Notre-Dame de Paris de 1975 à 1978. Il parle de la confiance et de l’espérance. Il redonne courage aux chrétiens français désemparés : « La fête du Dieu de gloire est déjà commencée pour toujours ! ». Le journal le Monde écrit : « Mieux que personne, le père Bro a compris que l’homme moderne n’a que faire de la charpente doctrinale, d’exhortations morales, de propos menaçants ou lénifiants, mais qu’il a soif de la chaleur d’une conviction, de l’authenticité d’un témoignage, d’une discrétion, d’une amitié à toute épreuve. » Le succès de sa prédication lui vaut d’être cité parmi les successeurs potentiels du cardinal Marty à la tête du diocèse de Paris…

« Au service des saints »

Durant cette période si féconde, le père Bro publie un livre par an. On retient notamment le radicalisme de son Jésus-Christ ou rien : « L’Église, ce sont des sages, encore trop sages peut-être, mais qui suivent des fous ; ce sont des institutionnels, peut-être, mais au service des saints. Oui des sages, mais qui découvrent que les fous du Christ possèdent la seule joie véritable, celle de la vérité ! » Devenir Dieu : « Le courage et la véritable avant-garde, c’est de tenir bon et d’attester paisiblement et heureusement la lumière inépuisable du Credo. » La Stupeur d’être : « Que possédons-nous ? Rien, sinon notre fragilité. Tout, parce que nous portons Celui qui nous porte : le Christ. » Ses ouvrages de solide spiritualité, nourris de la foi et de l’expérience, n’ont d’équivalents durant ces années que ceux du père Varillon. Les tirages sont impressionnants : 80.000 exemplaires pour Apprendre à prier, plus de 100.000 pour la Gloire et le Mendiant, son premier livre consacré à Thérèse de Lisieux.


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Sa nature solide lui permet de mener de front ces innombrables chantiers : la direction d’une maison d’édition qui compte plus de cent salariés, les conférences, prédications de retraite, la messe radiodiffusée, ses mandats de prieur du couvent Saint-Dominique, la rédaction de ses livres, les rencontres improbables avec Clouzot, Nicolas de Staël ou Louis de Funès. Il se ressource chaque jour dans la lecture des poètes et la prière liturgique.

Le mystère de la beauté

Après avoir quitté la direction du Cerf, il accepte les nombreuses invitations à prêcher à travers le monde. En 1990, il publie un magnifique album, La Beauté sauvera le monde, méditation sur le Salut et la rencontre de Dieu illustrée d’innombrables reproductions d’œuvres d’art. « J’ai voulu me demander comment et où l’on pouvait regarder le mystère et le visage du Christ avec douceur et paix, mais sans gommer les cicatrices, les blessures et les stigmates de la vie. » Un livre qui demeure une référence pour toute approche du mystère de la beauté de Dieu révélé par les artistes. « Un livre initiatique » affirme-t-il.


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En 2003, ce seront ses mémoires, La Libelluleou… le haricot. Et enfin, en 2007, quatre volumes de ses paraboles, prêchées sur KTO chaque semaine : « À quoi bon nos pastorales, nos débats, notre langage « herméneutique » si cela ne « parle » plus à quelqu’un ? Et si ça ne parle plus, n’est-ce pas parce que nous nous sommes éloignés du langage de l’Évangile : celui des paraboles et celui du cœur. Or le privilège de ce langage est de partir du concret et de nous y ramener, tout en nous ouvrant à l’universel. » Il achève sa vie à l’ombre paisible de l’abbaye de Solesmes.

En relisant les ouvrages du père Bro, on se sent accompagné sur le chemin où nous attend le Christ resplendissant de beauté et qui nous tend les bras. C’est dans ces bras divins que ce serviteur d’une Parole de feu fait aujourd’hui sa demeure pour l’éternité.

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