Quelle fraction donner ? Cela dépend évidemment de chacun, de ses charges, de son rôle dans la vie, de ses talents, bref de sa vocation, de ce que Dieu lui demande. On sait que dans certaines vocations cela peut aller jusqu’à un don très large, voire total. C’est aussi ce que faisait la pauvre veuve de l’Évangile. Mais dans le cas de celui dont la vocation est de vivre dans le monde, peut-on donner une idée, au moins pour assurer un minimum ? Il semble que l’Écriture et la tradition (y compris la pratique de l’Église pendant des siècles) nous donnent justement une telle référence, qui est la dîme. Il conviendrait alors en bonne logique de donner au minimum le dixième de ce que l’on gagne vraiment, c’est-à-dire net de toute fiscalité.
Qu’est-ce que la dîme ?
La dîme est dans nos revenus la « part » minimale de Dieu, autrement dit, si on se réfère aux deux commandements d’amour donnés par le Christ, ce qui est « pour Dieu » et ce qui est pour les autres (les prêtres, les étrangers et les pauvres). Rappelons le texte du Deutéronome 14, 28: « La troisième année, tu mettras à part dans tes portes (dans la ville) un dixième de ce qui t’est né sur la période (on parle d’éleveurs) ; que viennent alors le Lévite, qui n’a pas de part ni de bien en commun avec toi, l’étranger, la veuve et l’orphelin qui sont dans tes portes ; ils mangeront et seront rassasiés ; afin que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans toutes les œuvres de tes mains ».
On peut par exemple calculer un dénominateur, qui est ce que l’on gagne après tout impôt direct et taxe, et un numérateur égal à ce que l’on donne vraiment ; et le rapport cible doit égaler 10%. Bien entendu ceci peut être réduit en cas de dépenses incompressibles résultant manifestement d’un devoir d’état, notamment familial. Mais sous cette dernière réserve, des dons à ce niveau de dîme me paraissent avoir une priorité, y compris sur les considérations de niveaux de dépenses non vitales et résultant de notre position sociale, ou sur l’investissement.
L’impact de la fiscalité
Une question se pose alors : dans la fiscalité française les dons sont déductibles aux deux tiers (et aux trois quarts à l’ISF pour certains dons). Faut-il alors ne pas déduire fiscalement pour que ce soit de « purs » dons ? Il apparaît bon et même recommandable de déduire. D’abord parce que cela permet, à effort identique, de donner trois ou quatre fois plus : au lieu de donner 100 € à la quête vous pouvez donner 300 au denier de l’Église. Ensuite parce que ce que permet la déduction fiscale, c’est au fond de réorienter vers des œuvres que l’on choisit un argent que l’État utiliserait autrement. Quoi de plus juste (et sans doute de plus efficace) ?
Faut-il alors donner 10% de notre revenu, ou viser un vrai effort de 10% (en considérant que ce qui est économisé fiscalement n’est pas un vrai don) ? Dans ce dernier cas on devrait évidemment donner bien plus (dans la limite du plafond fiscal). Nous pensons que la première réponse, un objectif de 10% effectivement versé à celui à qui nous donnons, est déjà un bon départ, même si l’effort ultime dans les conditions actuelles est alors plus faible. Car après tout, les 10% sont bien ce qui est donné, et les 6,66% de différence c’est de l’impôt réaffecté, ce qui représente déjà un effort. Mais naturellement plus on en fait, mieux c’est !