“La mission a donné aux Pygmées l’Évangile mais aussi la liberté et la dignité, tout en préservant leur culture et leur tradition”. C’est ce qu’a récemment affirmé un missionnaire carmélite en Centrafrique, le père Federico Trinchero, à l’agence catholique Fides. Il s’exprimait après être allé à la rencontre des Pygmées dans un de leurs rares villages, Belomboké, situé en lisière de forêt à 500 kilomètres de Bangui, la capitale de Centrafrique.
Quelque 2.000 habitants vivent à Belomboké. Tous sont pygmées, à l’exception de deux prêtres, trois religieuses et une institutrice. Ce village pygmée — le premier — est né de l’initiative d’un prêtre français, le père Michel Lambert. Ordonné en 1960, il part aussitôt en Centrafrique, envoyé en Fidei Donum. Vivant d’abord à Bangui, il est choqué par l’écart de vie entre les prêtres missionnaires et les indigènes. C’est ainsi que sa réflexion sur l’évangélisation prend forme. Sa première intuition : un bon missionnaire est celui qui vit l’incarnation des Béatitudes parmi les personnes qu’il rencontre sur ses chemins et qui vit avec elles, comme elles.
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Le Français décide en 1973 d’aller vivre avec les Pygmées, notamment pour “vivre une véritable amitié avec ce peuple”. Pour cela, il partage la vie des Pygmées et étudie leur culture pour en valoriser la connaissance. Dialogue, respect des liberté, confiance et patience sont alors de mise pour celui dont la théologie missionnaire peut se résumer par ces mots qui reviennent sans cesse dans ses écrits : « incarnation, communion, Béatitudes ».
Sois prêt à recevoir autant sinon plus que tu donneras
Ainsi, lorsqu’il fonde le village de Belomboké, le prêtre français a le souci d’un vrai développement, spirituel, certes, mais aussi humain. Sa priorité : que les Pygmées soient indépendants des villageois, propriétaires des plantations alentours, qui les maltraitaient et les asservissaient. Sachant bien que les Pygmées ont une organisation clanique, il les poussent à avoir chacun leur propre plantation afin d’avoir leur indépendance alimentaire. Loin d’être un ghetto, il s’agit d’un village ouvert aux échanges mais non asservi aux autres populations. Ainsi, tout en annonçant l’Évangile, le père Lambert a œuvré pour le développement de “tout l’homme et de tous les hommes”, selon les mots du saint pape Paul VI dans son encyclique Populorum progressio (1967).
Lui-même évangélisateur, le Français a quelques conseils pour ceux qui veulent porter la Bonne Nouvelle aux plus démunis. « Ne va pas réaliser tes projets. Sois prêt à recevoir autant sinon plus que tu donneras. Incarne-toi avant de parler pour que la parole que tu diras un jour corresponde à ton témoignage. Ne fais rien à la place des gens, (…) seuls ta sueur et ton sang répandus avec amour sont efficaces en ce domaine. (…) Alors tu peux partir pour être témoin de Jésus-Christ, car il y a encore des gens que l’annonce d’une Bonne Nouvelle peut libérer ».
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