Aucune autre ville ne concentre en elle autant d’histoires sacrées et de foi. Jérusalem est depuis longtemps déjà au carrefour des religions, mais son histoire débute véritablement avec le roi David qui y installe l’Arche d’Alliance en 1010 avant notre ère, après s’être emparé de la ville des Jébusites. L’espace géographique de ces temps reculés se nommait l’Ophel dans l’Ancien Testament, l’antique ville de David se situait sur cette colline au sud. C’est son fils Salomon qui édifiera le premier Temple chargé d’abriter l’Arche selon la volonté divine rappelée de manière très détaillée au premier Livre des Rois, édifice appelé à une grande renommée tout autant qu’à un avenir dramatique. On parlera alors de la « montagne du Temple » pour désigner cet espace qui s’élargira vers le nord de la ville. Rien n’est trop beau pour ce lieu sacré que le roi Salomon dans sa sagesse proverbiale a su réaliser selon les vœux de son père évoqués dans la Bible.
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Une centralité éloquente dans la Bible
Comment expliquer une telle prédominance de la ville de Jérusalem dans la Bible ? Le psaume 134 donne déjà un premier élément de réponse en rapportant cette Hymne au Seigneur pour ses bienfaits : « Béni soit le Seigneur depuis Sion, lui qui habite Jérusalem ! » ; ainsi, le Seigneur réside littéralement dans la ville avec l’Arche d’Alliance. L’Ancien Testament ira même jusqu’à personnifier cette cité lorsque le prophète Isaïe souligne : « Comment ! Elle s’est prostituée, la cité fidèle ! Le droit y régnait, la justice l’habitait, et maintenant, ce sont les meurtriers ». Cette place essentielle, centrale, est également relevée par le Psaume 136 : « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! Je veux que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem, au sommet de ma joie ».
Une relation presque charnelle relie ainsi les juifs à leur ville qu’ils pleureront lorsqu’ils seront conduits en exil à Babylone et que leur Temple, le premier temple de Salomon, est détruit par ces mêmes Babyloniens en -587. Si moins d’un siècle plus tard, le Temple est reconstruit — ce que l’on appellera dès lors le second Temple, en -516 par Zorobabel, suivi par Néhémie qui en restaure les remparts, il faut cependant attendre — 141 pour que la ville soit de nouveau en pleine expansion avec toute la splendeur de la colline de l’Ouest construite. Mais une nouvelle fois, l’Histoire semble s’acharner sur Jérusalem pour en éprouver la foi avec en –70 le siège et la destruction du Temple par le général romain Pompée, avant qu’Hérode le Grand n’arrive au pouvoir en 40 av.-JC. et ne la soumette à Rome. C’est à cette époque qu’une gigantesque esplanade fut alors décidée par Hérode le Grand, suivant en cela l’influence romaine, et reposant sur le fameux mur de soutènement du second Temple, un mur déjà imposant et impressionnant, devenu si important aujourd’hui… Mais, lorsque tous ces travaux furent achevés, seules sept années devaient cependant, une nouvelle fois, séparer cette fin de chantier de la destruction de Jérusalem par les armées romaines en 63 apr. J.-C.
Des lieux passés à l’éternité
Jérusalem est synonyme de lieux connus de tous à commencer par son Temple ayant subi tant de vicissitudes. Si nous n’avons plus aucune trace archéologique du premier Temple de Salomon, il nous reste du second Temple, bâti en –516, encore quelques vestiges. Mais, de la Jérusalem de l’Ancien Testament et de ces vestiges, c’est surtout le célèbre mur de soutènement de ce second Temple sur lequel reposait la grande esplanade élargie par Hérode le Grand qui nous est parvenu, et appelé aujourd’hui « Mur des Lamentations » ou « Mur occidental ». Un Mur des Lamentations, de nos jours, aussi important pour les juifs — qui continuent d’y prier avec ferveur — que pour les musulmans puisque le dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam, y sont situés.