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Comment les catholiques ont sauvé New York

NEW YORK CITY,POVERTY,RIIS

Jacob Riis | Museum of the City of New York with permission

Jeffrey Bruno - publié le 16/09/19

À New York, au XIXe siècle, surmontant l’anti-catholicisme violent, la pauvreté et les gangs, les Sœurs de la Charité ont ouvert le champs des possibles à plusieurs générations d’immigrés. (½)

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Les couloirs étroits du 32 Prince Street, dans le quartier de Lower Manhattan à l’extrémité sud de l’île, résonnent silencieusement avec les histoires d’un autre temps : les voix d’orphelins depuis longtemps perdues criant dans la petite cour alors que les religieuses leur demandaient de se hâter pour traverser la rue et assister à la messe dominicale dans la consacrée « vieille » cathédrale Saint-Patrick sur Mott Street. Un portrait délavé de grâce et de beauté peint sur une toile qui à l’époque aurait facilement pu être confondue avec l’enfer.

Les débuts

Tout a commencé en 1815, à une époque où la « ville » de New York aurait été totalement méconnaissable pour ceux qui l’identifient par ses immenses gratte-ciels et ses larges avenues. La rue Canal Street, un vrai canal à l’époque, était la limite la plus septentrionale de la ville. Au-delà, des collines, des forêts et des fermes s’éparpillaient sur la rivière Hudson. Alors que la population « fourmillante » de 80.000 habitants gagnait son pain grâce aux commerces traditionnels, New York était en train de devenir rapidement la capitale commerciale du pays grâce à son port en pleine expansion. La communauté catholique naissante, composée principalement d’immigrés irlandais, allemands et français, constituait la minorité religieuse et le sentiment anticatholique parmi les descendants des colons était fréquent. Peu d’églises et encore moins de prêtres ont fait de l’accès aux sacrements un véritable enjeu.


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Le 24 novembre 1815, à la suite d’un passage en mer épuisant qui a laissé penser à de nombreuses personnes que leur vie se terminerait dans les profondeurs de l’Atlantique, le brick « Sally » de 147 tonnes jeta l’ancre dans le port de New York, déposant un homme épuisé âgé de 68 ans, Mgr John Connolly, sur les quais animés de l’East River. Deuxième évêque de New York, Mgr John Connolly fut le premier à fouler ces rues pavées. En effet, l’évêque précédent avait perdu la vie dans les guerres napoléoniennes avant même de pouvoir faire le voyage vers le Nouveau Monde.

L’historien Mgr Peter Guilday, de l’Université catholique, a déclaré : « On peut quasiment être certains que, dans toute l’histoire de l’Église catholique des États-Unis, aucun autre évêque n’a débuté sa vie épiscopale dans des conditions aussi décourageantes. » Quelque 15.000 catholiques, quatre prêtres et trois églises… l’une d’entre elles située à 300 km au nord, à Albany : ce nouveau troupeau, qui souffrait d’une pauvreté abjecte, de maladies et d’un sectarisme anticatholique accueillait avec espoir leur nouveau berger. Et il entreprit de servir son troupeau avec un zèle enviable, de faire naître des vocations, d’ouvrir des paroisses et de rédiger une lettre qui conduirait finalement à l’une de ses réalisations les plus remarquables.

Les enfants sans abri

Parmi les premiers enjeux rencontrés par le nouvel évêque se trouvait celui des enfants sans abri. À cause de la prostitution et de l’espérance de vie réduite des parents dee aux maladies, un grand nombre de nourrissons étaient orphelins et beaucoup d’enfants étaient abandonnés à eux-mêmes dans la rue. C’est ainsi que, dans une lettre datée du 14 juillet 1817, adressée à Mère Elizabeth Ann Seton, dont l’ordre en pleine expansion, les Sœurs de la Charité, s’était établi à Emmitsburg (Maryland), Mgr Connolly l’avait implorée d’envoyer trois religieuses pour ouvrir un orphelinat et répondre aux besoins urgents de son évêché naissant.




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Et à peine un mois plus tard, le 20 août 1817, sœur Rose White, sœur Cecilia O’Conway et sœur Felicite Brady des Sœurs de la Charité sont arrivées dans leur premier foyer à New York, un petit hôpital de campagne postrévolutionnaire connu sous le nom de « La maison des morts ». Le plancher en bois était tellement taché par le sang des soldats qu’aucun lavage minutieux n’aurait jamais pu effacer la mémoire de ceux qui en avaient franchi le seuil.

En moins d’une semaine, les sœurs ont accueilli les cinq premiers orphelins dans le refuge et l’asile des orphelins catholiques des Sœurs de la Charité, le premier orphelinat catholique des États-Unis, était alors créé. En aménageant intelligemment l’espace intérieur, elles ont réussi à accueillir 23 enfants supplémentaires, soit 28 au total.

Au cours des années suivantes, la taille et le nombre d’enfants de l’orphelinat ont augmenté. De nombreux bienfaiteurs et volontaires visitaient l’institution et parmi eux se trouvait une jeune fille noire, Euphemia Toussaint, et son oncle, Pierre, qui apportaient des pâtisseries et des fruits pour organiser une grande fête pour les anniversaires des jeunes filles. On dit que le cœur d’Euphemia était avec les orphelins de sa petite enfance et qu’après son tragique décès à l’âge de 14 ans seulement, son oncle, qui avait auparavant joué un rôle déterminant dans la collecte de fonds pour l’église et l’orphelinat, a redoublé d’efforts, ouvrant même sa propre maison au 105 Reade Street pour offrir un logement et une éducation aux orphelins. Euphemia a été inhumée devant l’orphelinat du cimetière Saint Patrick le 11 mai 1829.

La cité des rêves et des âmes

Après des débuts modestes dans une ville encore peu développée, la décision prophétique de sainte Elizabeth Ann Seton d’envoyer les trois religieuses pionnières dans ce qui allait devenir la plus grande ville du monde a jeté les bases de plus de 180 écoles, 28 hôpitaux, 23 institutions de protection de l’enfance et d’innombrables ministères fournissant des soins guidés par la foi qui ont permis à des générations d’immigrés appauvris de se construire une vie pleine de promesses et de bâtir la cité des rêves.

En 1862, en plus de tous les services prêtés, ces sœurs ont soigné les soldats blessés qui revenaient de la guerre de Sécession, changeant ainsi radicalement la façon dont les catholiques étaient perçus à l’époque. En 1912, elles ont reçu et soigné les survivants du Titanic à l’Hôpital Saint-Vincent et, dans les années 1950, ont appris au jeune Martin Scorsese à lire et à écrire à l’école Saint-Patrick de Mott Street.

Dans l’histoire dramatique de New York, les Sœurs de la Charité ont joué un rôle de premier plan en tant que femmes, soignantes et éducatrices catholiques, façonnant profondément l’âme de la ville de béton et d’acier. L’héritage de leur travail héroïque est indissociable du riche tissu culturel d’une ville d’hommes et de femmes attirés par la promesse d’une vie meilleure. Et cette vie meilleure, les Sœurs de la Charité la leur ont offerte.

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