« Tout est lié », rappelle l’auteur de l’encyclique Laudato Si’ (2015) dans un texte, dévoilé en avant-première sur le portail officiel du Vatican, qui fera partie de l’ouvrage Nostra Madre Terra à paraître le 24 octobre prochain : le changement climatique et la désertification, l’acidification des océans et la réduction de la biodiversité. Ces aspects sont inséparables d’une « injustice sociale » toujours plus importante : « concentration » du pouvoir et des richesses dans les mains d’une minorité, « folles » dépenses militaires ou encore “culture du déchet”.
« Je rêve sincèrement d’une prise de conscience et d’un sincère repentir de la part de nous tous, hommes et femmes du XXIe siècle, croyants ou non croyants, de la part de nos sociétés. »
« Je rêve sincèrement d’une prise de conscience et d’un sincère repentir de la part de nous tous, hommes et femmes du XXIe siècle, croyants ou non croyants, de la part de nos sociétés », face aux « logiques qui divisent, meurent, isolent et condamnent », interpelle le pape François. « Il serait beau si nous devenions capables de demander pardon aux pauvres, aux exclus », souhaite-t-il. C’est alors que « nous deviendrons capables de nous repentir sincèrement aussi du mal causé à la terre, à la mer, à l’air, aux animaux ».
« Ce que je dis peut peut-être paraître idéaliste et peu concret », reconnaît le souverain pontife. Les innovations technologiques, la réduction de l’utilisation des emballages ou encore le développement de l’énergie à partir de sources renouvelables sont nécessaires mais certainement pas suffisants, souligne-t-il. « Un des plus grands risques de notre temps » serait ainsi de croire que les réponses à la crise actuelle se limitent dans des « solutions purement environnementales » ou technologiques, alerte le pontife argentin.
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“La crise écologique est d’abord une crise spirituelle”
Comme pour toute maladie grave, la médecine ne suffit pas, explique le successeur de Pierre : encore faut-il « regarder les malades et de comprendre les causes qui ont conduit à l’apparition du mal ». De même, la crise actuelle doit être « confrontée à ses racines ». La culture dominante, déplore ainsi le primat d’Italie, repose sur le fait de posséder des biens, le succès, la visibilité ou encore le pouvoir. « Celui qui possède beaucoup vaut beaucoup », résume-t-il de manière lapidaire, et chacun est d’une manière ou d’une autre « victime » de cette mentalité.
En raison de la menace qu’elle fait peser sur la vie, la crise écologique requiert donc une « renaissance spirituelle ». Elle invite donc à s’interroger sur le « style de vie » que l’on mène, indique ainsi l’évêque de Rome, mais aussi les « critères de jugement » ou les valeurs sur lesquelles reposent les choix personnels. L’attitude « juste et sage », estime-t-il encore, est de redevenir capable de considérer le monde comme un « sacrement de communion ». Ce livre Nostra Madre Terra (Notre Mère la Terre, en italien) paraîtra le 24 octobre prochain en France et en Italie aux éditions Salvator.