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Pourquoi n’y a-t-il pas de femmes prêtres dans l’Église catholique ?

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Jacques Perrier - publié le 23/10/19

L’absence de femmes dans le ministère ordonné n’est pas une question de discipline ou de droit. S’il en était ainsi, la règle pourrait être révisée. Le prêtre représente le Christ, Époux de l’Église. Il en va de la nature même du sacrement qu’il a reçu.

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Les femmes ont tenu un grand rôle dans le Nouveau Testament et dans toute l’histoire de l’Église. Pourtant, aucune d’elles n’a jamais été ordonnée prêtre. De nombreuses femmes font partie de l’entourage de Jésus. Marthe et Marie sont données en exemples : l’une est le modèle de l’écoute ; l’autre est le modèle de la foi en la Résurrection (Lc 10, 38-42). Ce sont précisément des femmes qui sont les premières bénéficiaires d’une apparition du Ressuscité. Elles sont chargées de mission : « Allez dire à ses disciples et à Pierre… » De même, plusieurs femmes sont nommées parmi les collaborateurs de Paul.

Le rôle éminent des femmes dans l’histoire de l’Église

Dans l’histoire de l’Église aussi, bien des femmes ont joué des rôles éminents dans des genres très différents. Citons entre autres sainte Blandine et d’innombrables martyres féminines ; sainte Geneviève, qui fut la providence de Paris ; sainte Jeanne d’Arc qui libéra la France ; sainte Catherine de Sienne, qui n’hésitait pas à rappeler aux papes leurs devoirs ; sainte Thérèse d’Avila, réformatrice du Carmel ; sainte Bernadette, messagère de la Vierge, a déclenché le plus grand mouvement de piété populaire depuis des siècles ; sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, « la plus grande sainte des temps modernes » d’après Pie X, patronne des missions ; la bienheureuse Thérèse de Calcutta qu’admirait tant le pape Jean Paul II… À Lourdes, le premier pèlerinage d’envergure nationale fut le fait d’une femme, Madame de Blic, qui se chargea de tout, à la condition d’être la seule patronne : elle entraîna 300.000 adhésions. C’est ainsi que dans le catalogue des saints, il y a bien plus de femmes qu’au Panthéon de la République…


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Y a-t-il eu des femmes ordonnées diacres ? La question est discutée. S’il est certain qu’il n’y a jamais eu de femme prêtre, ce fait ne fournit pas d’argument décisif, dans la mesure où il s’agirait d’une simple convenance culturelle. Mais cet argument n’est pas à rejeter pour autant, car il serait difficile de s’appuyer sur l’Écriture et la Tradition de l’Église pour introduire la nouveauté de femmes prêtres.

Le prêtre se définit par ce qu’il est, non par ce qu’il fait

L’enjeu de la question n’est pas la distribution des rôles sociaux, mais la signification du sacrement de l’ordre. Le prêtre n’est pas, avant tout, un animateur de communauté, mais le représentant du Christ, Époux de l’Église. S’il ne s’agissait que de rôles sociaux, l’Église catholique devrait suivre l’évolution de la société, depuis au moins un siècle… Elle n’aurait d’ailleurs pas tellement à la suivre, car elle l’a anticipée, en particulier dans la vie religieuse, qu’elle soit contemplative ou active, où des femmes prennent depuis longtemps des initiatives et exercent les plus hautes responsabilités. Ce n’est pas d’hier que des religieuses dirigent des écoles ou des hôpitaux. Ce n’est pas d’hier que l’abbesse ou la prieure dirige son monastère.


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Mais dans la foi catholique comme pour les orthodoxes, le prêtre ne se définit pas d’abord par ce qu’il fait. On dit du prêtre qu’il agit in persona Christi. C’est le Christ qui agit par lui. Dans l’ordination, il reçoit l’Esprit du Christ pour le représenter. Suprêmement quand il célèbre l’Eucharistie et qu’il dit : « Ceci est mon corps. » Ou dans le sacrement de réconciliation, quand il dit : « Je vous pardonne tous vos péchés. »

Une alliance conjugale

C’est déjà une constante dans l’Ancien Testament : l’alliance entre Dieu et son Peuple est une alliance d’amour, une alliance conjugale. Y compris avec ses déboires et ses réconciliations. En Jésus, Dieu fait homme, cette alliance se noue, irrévocablement. Ce n’est pas pour rien que le premier signe donné par Jésus, dans l’Évangile selon saint Jean, se situe au cours d’un repas de noces, à Cana. Plusieurs passages des Évangiles parlent de noces dont Jésus est l’Époux. Lui-même se désigne ainsi (Mt 9, 15). Parlant du mariage chrétien, saint Paul y voit une image du rapport du Christ et de l’Église. S’adressant aux hommes, saint Paul leur demande « d’aimer leurs femmes comme le Christ a aimé l’église ». Après avoir rappelé la parole de la Genèse sur le couple humain, saint Paul conclut : « Ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église » (Eph 5, 25-32).

Cette révélation est une donnée incontournable. Le Catéchisme de l’Église Catholique dit que, sur ce sujet, « l’Église se reconnaît liée » (n° 1577). Une nation peut changer sa constitution à sa guise et la France n’y a pas manqué depuis deux siècles. Il n’en va pas de même pour l’Église : on entrera toujours dans l’Église par le baptême dans l’eau et dans l’Esprit saint ; on priera toujours le Notre Père et aucun pape n’inventera de nouveaux livres inspirés. Le sacerdoce du prêtre qui dit « je » au nom du Christ, Époux de son Église, est du même ordre fondamental.

Dans les autres religions

Tout autre est la définition du pasteur chez les protestants ou les évangéliques. Il est donc normal que, chez eux, la fonction soit ouverte aux femmes autant qu’aux hommes. En effet, la Réforme protestante ne reconnaît pas l’ordination des évêques, des prêtres et des diacres comme un sacrement. Pour eux, n’existe que le sacerdoce commun à tous les chrétiens, sur la base de leur baptême. Il n’est question, ensuite, que de répartition des tâches, selon les talents de chacun et les besoins de la communauté. Parmi les fonctions, celle du pasteur est importante. Elle requiert une formation appropriée et elle est accompagnée d’une bénédiction. Mais le pasteur reçoit sa mission du « conseil presbytéral », c’est-à-dire des fidèles. Le pasteur n’est donc pas investi du symbolisme conjugal où le prêtre représente le Christ, Époux de l’Église. Dans cette perspective, il serait absurde de refuser aux femmes la possibilité d’être pasteurs. Comme il serait absurde, dans l’Église catholique, de refuser à des femmes d’être catéchistes, directrices d’école ou professeurs de théologie.


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Il faut bien comprendre que la question posée ne relève pas de la discipline ecclésiastique. C’est une question fondamentale sur les ministères dans l’Église et sur ce que le Christ a voulu en instituant les apôtres et en leur promettant qu’il serait avec eux jusqu’à la fin des temps.

Une question inactuelle

La perspective de l’ordination des femmes est particulièrement inactuelle, au moment où une idéologie conquérante veut que le droit ne tienne plus compte de la différence des sexes. Notre époque tend à uniformiser les fonctions sociales, sans distinction de sexe. C’est le principe de la parité, qu’il faudra peut-être appliquer un jour dans les deux sens, en obligeant la magistrature, l’enseignement et la santé à embaucher autant d’hommes que de femmes… Mais certains courants de la culture actuelle vont beaucoup plus loin, en niant toute spécificité masculine ou féminine, si ce n’est biologique, en fondant l’un et l’autre dans un « genre » variable et sur mesures, et en instituant l’équivalence entre les unions homosexuelles ou hétérosexuelles. Dans ces perspectives, le refus d’ordination à une personne appartenant au « genre » humain deviendra vite criminel et on peut s’attendre à ce qu’un jour l’Église catholique passe en jugement devant une Cour européenne pour discrimination !

Une différence structurante et vitale

L’Église catholique pense, au contraire, que la distinction du masculin et du féminin est une donnée structurante, vitale, riche de sens pour toute l’humanité. C’est pourquoi elle rappelle inlassablement le verset de la Genèse (Gn 1, 27), qui ne concerne pas seulement les juifs ou les chrétiens, mais toute l’humanité : « Homme et femme, il les créa. » En supprimant le symbolisme conjugal attaché au ministère du prêtre, l’Église catholique apporterait sa caution à une idéologie ruineuse pour l’humanité. Elle ne le fera pas.

Un rôle appelé à évoluer, sans confusion

La situation des femmes dans l’Église est promise à évoluer. Mais il vaudrait mieux ne pas s’obstiner dans une voie sans issue. La situation actuelle des femmes dans l’Église catholique est-elle satisfaisante ? Beaucoup d’entre elles vous répondront que « non ». Elles exercent de réelles responsabilités, dans les paroisses, dans les diocèses, dans les services nationaux. Il en sera un jour de même à la Curie romaine. Y compris des fonctions considérées autrefois comme plutôt masculines, comme les finances et la gestion. Mais elles ont l’impression de se heurter quand même, finalement, un jour ou l’autre, à l’autoritarisme des clercs. Il y a donc encore bien du chemin à faire pour découvrir une vraie complémentarité.

Jean Paul II a beaucoup écrit sur ce sujet, en particulier dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem — « La dignité de la femme » (1988). La société civile n’est pas un modèle à cet égard. Depuis longtemps, on entend dire par exemple que les femmes feraient de la politique « autrement » : cela ne s’est pas encore tellement manifesté. Le passage de l’épître aux Éphésiens sur le mariage commençait par ces mots : « Soyez soumis les uns aux autres. » Le Fils de Dieu lui-même n’a rien revendiqué (Ph 2, 6). L’Église catholique rendrait un grand service à la société si elle montrait combien l’acceptation des différences demande d’humilité mais apporte de joie.

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