Un chef d’État démissionnaire favorable au chaos cultivé par ses partisans, face à une présidente intérimaire qui dénonce la fraude de son prédécesseur et promet des élections anticipées. C’est dans ce contexte que la conférence épiscopale bolivienne a pris la tête du dialogue entre les pro et les anti-Morales. Le premier président indigène de la Bolivie a renoncé à son quatrième mandat le 10 novembre dernier face à la pression de la rue. Les manifestants refusaient de reconnaître sa réélection, invoquant la Constitution qui autorise deux mandats consécutifs maximum. En 2016, Evo Morales s’était engagé à respecter le résultat d’un référendum défavorable à son maintien au pouvoir après 2019.
Lire aussi :
Chili : les églises, cibles des manifestants
Réfugié au Mexique, le président démissionnaire continue de crier au “coup d’État”. Ses partisans ont envahi les rues de La Paz, au prix de violents affrontements avec l’armée. Derniers en date, ce mardi 19 novembre. Des heurts ont éclaté lorsque des “agitateurs et des vandales enragés” s’en sont pris à une usine de combustible à El Alto, ville jumelle de La Paz, en utilisant des “explosifs de forte puissance”, selon le communiqué de l’armée bolivienne. Bilan : trois nouveaux morts et plus de 30 blessés.
L’Église favorable à des élections anticipées
Mgr Aurelio Pesoa, le secrétaire général de la Conférence épiscopale, a réuni ce lundi 18 novembre le gouvernement intérimaire, tous les partis et la société civile. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le prélat a dressé les trois chantiers prioritaires : mettre un terme aux violences, définir les contours de nouvelles élections anticipées et s’accorder sur la mise en place d’un nouveau Tribunal suprême électoral, seul organe à même de convoquer des élections.
Lire aussi :
Dans les coulisses d’une diplomatie unique au monde
Les évêques boliviens ont également publié un communiqué dans lequel ils clament leur volonté de trouver un accord entre tous les boliviens “sur de nouvelles élections libres afin que le peuple puisse décider de son propre avenir, dans des conditions de transparence et de confiance, et dans un véritable esprit de respect pour tous”.
Pour l’heure, la présidente par intérim, Jeanine Añez, participe au dialogue initié par l’Église. Mais certains de ses alliés la poussent à convoquer directement des élections par décret présidentiel, en se passant de l’accord du Tribunal suprême électoral. Au risque de raviver la colère des partisans d’Evo Morales. Mercredi elle a envoyé un projet de loi au Parlement visant à organiser de nouvelles élections présidentielle et législatives. Elle conserve encore la possibilité d’émettre un décret pour les convoquer. Elle a néanmoins déclaré en conférence de presse vouloir ainsi créer un “consensus national”.