Orpheline depuis le dramatique incendie de Notre-Dame de Paris survenu le 15 avril dernier, la maîtrise Notre-Dame, qui animait autrefois plus de mille offices par an et produisait un concert par semaine au cœur de la cathédrale, est aujourd’hui contrainte à l’exil. Malgré tout, cette institution séculaire tente, tant bien que mal, de poursuivre sa mission musicale en dehors des voûtes de Notre-Dame pour continuer de faire rayonner la cathédrale en France et dans le monde.
C’est sous les voûtes illuminées de l’église Saint-Eustache, à l’ombre de l’un des plus grands orgues de France, que le chœur de Notre-Dame de Paris entonnait, le 19 novembre dernier, les premières notes du Requiem de Mozart, accompagné de l’orchestre de chambre de Paris. Depuis l’incendie du 15 avril, la maîtrise est privée de son plus beau sanctuaire, la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’obligeant à donner ses concerts à différents endroits de la capitale. Elle a décidé de poursuivre son activité musicale en se produisant dans quatre églises parisiennes (Saint-Séverin, Saint-Étienne-du-Mont, Saint-Eustache et Saint-Sulpice) qui ont accepté généreusement de les accueillir.
Véritable institution musicale, la maîtrise de Notre-Dame est le cœur battant de la cathédrale depuis presque un millénaire. Impensable donc, pour le chef de chœur, Henri Chalet, de cesser toute activité. “Nous sommes plus que jamais les ambassadeurs de Notre-Dame”, confie-t-il à Aleteia. “Nous représentons son patrimoine immatériel. L’histoire de la musique doit beaucoup à Notre-Dame. Au Moyen Âge, Paris était un véritable centre de recherche universitaire avec l’Église, et les débuts de la polyphonie sont d’ailleurs nés au cœur de la capitale. On a donc le devoir de maintenir cette tradition. Le clergé est bien sûr toujours là, mais l’âme de la cathédrale c’est bien la musique.”
Une mission spirituelle et musicale qui se poursuit
Créée il y a plus de 850 ans, la maîtrise de Notre-Dame est bien plus qu’un simple chœur. Celle qui animait, il y a encore quelques mois, toute la liturgie de Notre-Dame — un mission qu’elle poursuit aujourd’hui à Saint-Germain-l’Auxerrois — et produisait un concert chaque mardi pour le plus grand plaisir des mélomanes, est aussi le fruit d’une des meilleures écoles de musique en France. Un école d’exigence qui a fait naître bon nombres de chanteurs solistes, aujourd’hui reconnus sur la scène musicale. “Notre mission d’enseignement, qui a lieu dans nos locaux boulevard Saint-Germain se poursuit”, explique le chef de chœur. “Nous avons environ 160 élèves et une trentaine de professeurs. Les concerts que nous donnions autrefois à Notre-Dame, et que nous tentons de maintenir aujourd’hui, est l’aboutissement même de cette pédagogie.”