Savez-vous que le mot alphabet vient des deux premières lettres de l’alphabet grec, alpha et béta ? Établi à partir de l’alphabet phénicien, l’alphabet grec est le plus ancien alphabet encore utilisé de nos jours. Il s’est répandu dans tout le bassin méditerranéen grâce aux conquêtes d’Alexandre le Grand et est à l’origine entre autres de notre alphabet latin. De nombreuses lettres grecques sont utilisées comme symboles mathématiques et scientifiques.
Avant la création de l’alphabet, l’écriture se faisait au moyen de pictogrammes ou d’idéogrammes. Il en existait plusieurs milliers pour chaque population, difficile donc de tous les connaître ! La création de l’alphabet a permis de passer de ces milliers de signes à seulement une vingtaine de lettres qui, combinées entre elles, permettent de transcrire aisément les sons d’une langue. Alpha (A) représentant la première lettre de l’alphabet grec et oméga (Ω), la dernière, l’expression l’alpha et l’oméga signifie dans le langage courant le début et la fin de toute chose et, par extension, sa totalité (on utilise plus facilement aujourd’hui l’expression de A à Z).
Les deux lettres A et Ω se retrouvent souvent dans l’iconographie chrétienne, notamment sur le cierge pascal, car pour les chrétiens, cette expression a une dimension spirituelle fondamentale. Issue des paroles du Christ dans le Livre de l’Apocalypse, elle symbolise le Seigneur lui-même et son éternité :
“Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers” (Ap 1, 8)
Par ces paroles, Dieu nous rappelle qu’il est à l’origine de tout (Saint Jean débute d’ailleurs ainsi son évangile : « Au commencement était le Verbe […] C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui » (Jn 1, 1 et 3). Et Dieu sera également là après la fin des temps : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » (Lc 21, 33). Le ciel et la terre, expression fréquente dans la Bible pour désigner l’univers, sont marqués par la finitude, mais le Verbe, Lui, est éternel.
Le terme de l’histoire humaine
Quelques chapitres plus loin, le Christ se présente à nouveau comme « le premier et le dernier, le commencement et la fin » (Ap 21, 6 et Ap 22, 13). Mais tout comme l’Apocalypse est un message d’espérance et non d’anéantissement, le terme fin est à prendre dans le sens de finalité ou destinée et non de destruction. « Le Seigneur est le terme de l’histoire humaine », développait le pape Paul VI dans la Constitution pastorale Gaudium et spes du Concile Vatican II. Il est « le point vers lequel convergent les désirs de l’histoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie de tous les cœurs et la plénitude de leurs aspirations ». Et il poursuit ainsi :
« Vivifiés et rassemblés en son Esprit, nous marchons vers la consommation de l’histoire humaine qui correspond pleinement à son dessein d’amour : « ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre » (Ep 1, 10).