Le message du gouvernement pour limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus est clair : rester chez soi et n’effectuer que des déplacements essentiels. Entre le télétravail ou l’école à la maison, la vie de chacun s’organise progressivement. Mais que répondre, que faire pour celles et ceux qui se retrouvent enfermés dehors ? Face à la crise sanitaire actuelle, le gouvernement a prolongé de deux mois la trêve hivernale jusqu’à fin mai, de quoi suspendre les expulsions et éviter des remises à la rue pour les 14.000 personnes logées en centres d’hébergement d’urgence seulement pendant l’hiver, et réquisitionnent des chambres d’hôtel.
Sur le terrain, toutes les associations observent un arrêt – pour les associations “non-professionnelles” notamment – ou un ralentissement de leurs actions à destination des personnes de la rue, surtout les maraudes. Là où les équipes disposent de matériels barrière adaptés à leurs missions et là où ils sont en nombre suffisants, les actions de lutte contre la précarité sont maintenues souvent en lien avec les pouvoirs publics. C’est le cas de l’Ordre de Malte, qui continue à fonctionner dans 23 département « En Haute-Savoie, à Paris, dans l’Hérault et dans le Var les maraudes sociales se poursuivent grâce aux équipements fournis par la préfecture », indique l’association.
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Le nombre restreint de bénévoles se fait néanmoins sentir. « L’ensemble de nos maraudes reposent sur du bénévolat et nombre d’entre eux, parce qu’ils ont plus de 70 ans ou moins de 18 ans, parce qu’ils sont concernés par une pathologie ou parce qu’ils sont les proches aidants ayant des personnes fragiles à domicile, sont considérés comme ‘à risque’ et ne peuvent plus les assurer », explique-t-on à l’Ordre de Malte.
Depuis le début du confinement Aux captifs la libération, une association qui mène plusieurs actions de rencontre et d’accompagnement des personnes de la rue, fonctionne elle aussi à flux très tendus. « On maintient nos tournées de rue d’autant plus que nous avons été équipés, comme Emmaüs et Aurore, en masques par les autorités publiques », explique à Aleteia l’un des responsables, Thibault Leblond. “Etant donné que nous avons fermé nos permanences d’accueil, les personnes qui les assuraient et qui ne sont pas confinées peuvent faire les maraudes”. A Paris, l’association maintient ainsi trois tournées par semaine dans le XIIe arrondissement, dix tournées rues dans le IXe et Xe arrondissement avec les gares et quatre tournées par semaines dans le centre de Paris.
“Va-t-on pouvoir tenir le rythme dans le temps ?”
Côté pratique, à ce jour, explique le jeune homme « le document dérogatoire fonctionne car nous cochons la case nécessitée professionnelle ».« Mais la grosse difficulté aujourd’hui c’est que nous perdons des travailleurs sociaux ou des bénévoles qui ont des enfants, qui sont à risque ou qui ne peuvent quitter leur domicile. Va-t-on pouvoir tenir le rythme dans le temps ?”, s’interroge-t-il.
Un autre problème persiste : la question alimentaire. « Beaucoup de structures proposant des petits déjeuners ou des soupes ont fermé », résume Thibault Leblond. « Les lieux où se rendaient habituellement les personnes de la rue ont fermé leurs portes par manque de bénévoles ». Une inquiétude partagée par l’ensemble des acteurs associatifs. « La situation est catastrophique », résume Yoen Qian Laurent, bénévole à Paris et membre du Conseil d’administration de la Société de Saint-Vincent-de-Paul (SSVP). « Pour y faire face, sans être hors la loi, nous invitons les Français, à chaque fois qu’ils vont faire leurs courses, à déposer de la nourriture devant les SDF. La distribution de colis alimentaire fait partie des activités jugées nécessaires et donc autorisées selon l’arrêté du Journal Officiel paru cette semaine », reprend Yoen Qian Laurent. Une initiative que la SSVP invite à relayer sur les réseaux sociaux avec le hastag #Quarantaide.
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À la paroisse Saint François-Xavier, à Paris, comme dans de nombreuses paroisses, il n’y a plus de maraude à pieds. Mais pour continuer à assurer une présence et une distribution alimentaire, c’est à vélo qu’elle s’effectue. « Cela existait déjà avant l’épidémie de coronavirus », raconte à Aleteia l’un des bénévoles, Jean Chevalier. « C’est l’une des personnes de notre équipe qui avait l’habitude de de le faire. Nous allons renforcer le dispositif pour qu’elle ait toujours des choses à distribuer. Ce sont des petits gestes mais c’est aussi par-là que passe la solidarité ».