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La foi chrétienne sauve l’histoire des hommes

resurrection

Jean-Michel Castaing - publié le 11/05/20

Le christianisme, loin de mépriser l’histoire, en fait au contraire le lieu où se déploie la liberté des enfants de Dieu. Cependant, la foi nous met en garde contre l’idolâtrie de l’histoire, comme une fin en soi.

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Avec la Résurrection, les derniers temps sont arrivés. Cela ne signifie pas toutefois que l’histoire se soit figée et arrêtée. Le Christ, maître du temps, nous pousse à le considérer à cause de l’Incarnation. En effet, depuis que le Fils éternel a foulé notre terre en menant une existence humaine, l’histoire possède une profondeur spirituelle que les philosophes antiques, qui méprisaient le devenir, ne pouvaient pas soupçonner.

Le salut ayant été opéré par Jésus-Christ dans l’histoire, le temps ne représente plus un décor tout extérieur à l’action divine. Dieu n’y est pas entré par infraction. En Son Fils, Il n’a pas non plus considéré l’histoire comme un simple décor de théâtre, indifférent en lui-même, quoique nécessaire à ses pérégrinations terrestres. Au contraire, Il l’a consacrée en l’instituant comme lieu de la Révélation. Celle-ci ne se déploie pas seulement dans la conscience individuelle, ni dans le cosmos, mais également dans l’histoire humaine.

Le temps est un allié de l’homme en Jésus-Christ

La nouvelle Alliance en Jésus-Christ a introduit dans le temps un germe de l’éternité divine. Aussi l’histoire des hommes est-elle devenue l’histoire de Dieu et des hommes. Dès lors, l’histoire est devenue coextensive au déploiement du Royaume dés ici-bas. Dans le même mouvement qu’il sauve les hommes, Dieu sauve aussi le temps. Dieu ne S’est pas révélé dans et par l’histoire pour lui dénier ensuite toute valeur et toute vertu pour les hommes. C’est ainsi qu’en consacrant le temps par l’Incarnation, Dieu en a fait le lieu privilégié de notre accession à la liberté spirituelle. Par et dans l’histoire, l’homme déploie et conforte son statut d’enfant de Dieu.


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De même que Jésus a fait de son existence terrestre un moyen de porter à sa perfection sa condition de Fils du Père, de même les chrétiens bâtissent leurs êtres intérieurs et spirituels avec les pierres du devenir, sans se contenter d’attendre passivement les arrhes de l’héritage promis par le Père. Au lieu d’être une fatalité ou une entropie, le temps, en régime chrétien, est l’allié des hommes.

La foi chrétienne révolutionne notre rapport au temps

Pour bien mesurer la révolution que le christianisme a opérée dans notre rapport au temps, il est nécessaire de considérer la différence entre la foi chrétienne et la philosophie grecque sur ce sujet. Pour le platonisme, le temps était un devenir sans permanence. Rien ne s’y passait de substantiel. Tout coulait, rien ne restait dans le fleuve du devenir. Selon cette philosophie, le temps était circulaire : rien de nouveau ne s’y manifestait. Ce qui apparaissait dans la durée du platonisme, c’étaient des phénomènes, autrement dit des accidents dénués de consistance.

À rebours d’une telle conception, le temps chrétien est constitué d’événements, de faits bien réels qui impactent irréversiblement la vie du monde et des hommes. Le temps chrétien, comme celui du judaïsme, est orienté vers une croissance, un accomplissement, au lieu d’être circulaire. Aussi l’histoire est-elle apte à devenir le théâtre d’une création continuée, et non la scène onirique d’une chute indéfiniment recommencée. Voilà pourquoi, dans le christianisme, l’histoire n’est pas un lieu neutre et indifférent où Dieu se manifesterait sans que rien ne soit changé de l’environnement au sein duquel se déroule cette révélation. Au contraire, l’histoire change au contact de Dieu. Ce qui a pour conséquence que les réalités historiques possèdent en elles-mêmes une profondeur spirituelle.

Le christianisme n’idolâtre pas l’histoire

Cependant, cette valorisation de l’histoire ne signifie pas que celle-ci soit idolâtrée. L’histoire ne possède pas les moyens de se donner une signification à elle-même. L’eschaton, c’est-à-dire les derniers temps inaugurés par la Résurrection, met l’histoire en tension vers ce qui la dépasse. Le sens ultime de l’histoire se dégagera, viendra en effet d’une réalité qui lui est transcendante. Si l’histoire, en bouclant sur elle-même, nourrissait la prétention d’accoucher de la signification définitive du devenir de l’humanité, elle rendrait impossible l’irruption de l’imprévu divin dans la vie des hommes. Ceux-ci vivraient alors sous le joug d’une idéologie qui prétendrait s’ériger en vérité absolue. Car idolâtrer l’histoire, c’est toujours être tenté de l’arrêter à un moment précis de son développement, et de désigner ce « moment » comme ce dont elle avait vocation, selon cette idéologie, à accoucher.


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Idolâtrer l’histoire reviendrait à séculariser le Royaume en le confondant avec une réalisation humaine. Celle-ci verrait dès lors d’un très mauvais œil la nouveauté infinie apportée par la Résurrection. Tout progrès inspiré par l’Esprit-Saint serait proscrit. La Résurrection, en laissant le champ de l’histoire disponible aux initiatives conjointes de l’Esprit et des hommes, est bien le gage de notre liberté. Le Ressuscité nous pousse à respecter le temps humain, sans toutefois en attendre le salut définitif — qui ne viendra que de Dieu. Ce rapport équilibré au temps est la marque de la spécificité chrétienne.




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