Les motifs dits à la cathédrale gagnent-ils à nouveau la déco ? Tombé dans l’oubli, le style néogothique semble être dans l’air du temps à nouveau après avoir connu la gloire tout au long du XIXe siècle…
La France se découvre alors une passion pour le Moyen Âge après la Révolution et l’Empire. La nostalgie de ces siècles obscurs inspire les peintres romantiques. Le célèbre roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris (1831), où la cathédrale est à la fois le décor et le personnage principal, provoque un enthousiasme populaire pour le temps des cathédrales. Prosper Mérimée invente les Monuments Historiques pour sauvegarder le patrimoine national. Viollet-le-Duc signe d’audacieuses restaurations et reconstitutions médiévales qui témoignent de cet engouement pour un Moyen Âge complètement idéalisé, revisité dirait-on aujourd’hui.
Les arcs brisés, les fleurons, les pinacles, empruntés au gothique flamboyant du XVe siècle, enjolivent les façades, les bureaux, les cheminées… Bref, au XIXe siècle, le Moyen Âge est tendance.
A partir des année 1820, le style néogothique dit aussi troubadour, né en Angleterre, gagne les intérieurs privés, s’empare du mobilier, des luminaires et des tentures. On parle alors de style à la cathédrale, basé sur une interprétation de l’ogive, élément phare du goût de l’époque pour les motifs gothiques. Les arcs brisés, les fleurons, les pinacles, empruntés au gothique flamboyant du XVe siècle, enjolivent les façades, les bureaux, les cheminées… On cherche à glorifier le passé monarchique et chrétien de la France sur le moindre dé à coudre. Bref, au XIXe siècle, le Moyen Âge est tendance.
Il refleurit en France depuis le printemps dernier dans le monde de la déco, en parallèle à la tragédie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, point zéro de la mode.
Papiers peints et tissus
La Maison Pierre Frey réinvente à sa manière le style médiéval dit à la cathédrale. “Alleluia”, un papier peint de la nouvelle collection, reproduit une toile imprimée à la planche de bois vers 1830.Il représente une architecture gothique stylisée et redimensionnée :
Au travers de cette création, le studio s’est emparé des codes du néogothique, tout en allégeant le dessin. Fenêtre sur le passé, il réactualise un document d’archive grâce à un jeu de colorisation (quatre coloris vraiment lumineux dont un bleu intense et un rose résolument contemporain).
L’Atelier d’Offard, à Tours, très connu pour son savoir-faire, réimprime à la planche une frise “Cathédrale” dont le succès monte en flèche :
Quant à la collection 2020 de la célèbre manufacture Zuber à Rixheim, près de Mulhouse, elle fait la part belle aux documents d’archive à la gloire du gothique, qui peuvent être imprimés en papiers peints et en tissus d’ameublement. Ils peuvent aussi être réalisés aux coloris du client, pour un gothic revival très personnel. On aime le sublime “Cathédrale” !
L’exposition qui se tient jusqu’en mars 2021 au Musée du papier peint à Rixheim tisse des liens entre l’architecture et le papier peint. Au pinacle du catalogue, un papier peint de la Manufacture Isidore Leroy, Paris, 1899, inspiré de l’art gothique.
Meubles et objets décoratifs
Aux Puces de Saint-Ouen et dans les vitrines d’antiquaires prestigieux, on voit réapparaître, depuis quinze ans déjà, du beau mobilier, des pendules et des luminaires inspirés des églises gothiques, notamment des chaises « à la cathédrale » avec des dossiers aux arcs trilobés. Et si l’art des cathédrales redevenait tendance ?
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