Évêque du diocèse de La Rochelle et Saintes, Mgr Georges Colomb coordonne l’action des Œuvres pontificales missionnaires (OPM) pour la France depuis le mois d’avril 2020. Prélat à l’âme missionnaire, il a vécu à Taïwan puis en Chine, de 1990 à 1998.
Aleteia : Comment définir la mission en quelques mots ?
Mgr Georges Colomb : La mission, c’est aimer, annoncer, témoigner !
Pourquoi la dimension missionnaire est-elle essentielle dans la foi d’un catholique ?
L’Église est faite pour la mission. Ce n’est pas l’inverse. Par conséquent, tout baptisé étant prêtre, prophète et Roi, se doit d’annoncer l’Évangile. “Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !”, proclame saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens. Cette phrase nous interpelle chacun d’entre nous, particulièrement ces temps-ci. Tous, nous participons au corps du Christ. Tous, nous devons participer à sa mission.
En quoi la mission transforme le cœur et la foi d’un croyant ?
Lorsque l’on a rencontré le Christ, lorsqu’on l’aime, lorsqu’on lui parle dans la prière, on est conscient d’être les héritiers d’un trésor magnifique. Par conséquent, on a envie de le partager. Plus on partage notre foi, plus notre foi grandit. En effet, cela suscite des questionnements chez les personnes que nous rencontrons et qui sont parfois éloignées de l’Eglise. A partir de leurs questions, nous sommes amenés à approfondir notre foi, et à parler davantage au Seigneur dans la prière. Je lui dirais qu’il faut partir, évidemment. La mission, c’est une aventure spirituelle, mais c’est également une aventure humaine. Nous ne sommes pas faits pour regarder passer les trains, comme des bovins. Nous sommes faits pour monter dans les trains. Aristote disait que “l’homme est un animal social”. Par conséquent, nous sommes faits pour la rencontre et pour aller vers les autres.
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L’Eglise nous envoie en mission dans le premier périphérique, auprès de nos frères baptisés qui ne sont pas pratiquants. Le deuxième périphérique, ce sont tous ceux qui n’ont pas rencontré le Christ. On ne peut pas rencontrer le Christ comme ça, il faut que quelqu’un nous l’annonce ! Nous avons la chance d’avoir reçu la foi, il nous appartient à nous de témoigner que le Christ est vivant !
Pouvez-vous nous partager le souvenir d’un moment missionnaire qui vous a particulièrement marqué ?
Je me souviens d’un couple de professeurs chinois que j’ai connu pendant plusieurs années, lorsque j’habitais là-bas. C’était en 1990, un an après les événements de Tiananmen. Ils m’ont dit : “On ne peut pas changer la société, mais on peut changer notre vie, on n’est pas obligé de mettre le doigt dan l’engrenage de la carrière de la compromission de l’adhésion à un parti auquel on ne croit pas, uniquement pour faire carrière”. Je trouve cela très juste. L’Evangile peut changer notre vie.
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Partir en mission, est-ce donné à tout le monde ?
La vocation des uns et des autres diffère selon les charismes de chacun. Tout le monde n’est pas appelé à partir loin. Comme saint François de Sales l’écrit dans sa lettre à sainte Jeanne de Chantal, on ne peut pas demander à un évêque de passer son temps enfermé dans sa chapelle. On ne peut pas demander à un moine de battre la campagne. On ne peut pas demander à un père de famille de passer son temps dans une chapelle. Pour autant, toutes ces vocations s’interpellent, se questionnent et se nourrissent. Saint Jean-Paul II le résume bien dans son encyclique Redemptoris Missio : “Le missionnaire est un contemplatif en action”, dit-il. Autrement dit, on ne peut pas annoncer Jésus-Christ si l’on n’est pas contemplatif, si l’on ne va pas se nourrir à la source, qui est le Christ lui même. A l’inverse, on ne peut pas être un contemplatif si l’on n’a pas le matériel, la vie des hommes et des femmes de ce temps pour partager leur vie au Seigneur.
Pourquoi est-il urgent d’évangéliser et de partir en mission ?
Notre monde est un monde tel qu’il est : blessé, violent, désorienté. De nombreuses personnes sont sans repères. S’il y a beaucoup de sectes, que de nombreuses personnes pratiquent l’ésotérisme et autres, c’est parce qu’ils n’ont pas rencontré Dieu. Il nous appartient à nous de donner un sens à notre vie pour que les autres puissent nous poser des questions. D’ou l’importance d’annoncer, de témoigner, et surtout, d’être unifiés : que notre vie soit unifiée par la foi ! Ne soyons pas des personnages qui ont plusieurs vies.
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