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« Si j’ai envie et que ça ne dérange personne… est-ce que j’ai le droit ? »

Larghero

© Caroline

Jeanne Larghero - publié le 07/11/20

Être dans son droit, c’est d’abord être juste, et être juste, ce n’est pas d’abord revendiquer. C’est reconnaître un ordre intérieur qui nous incline au respect d’autrui.

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Parfois on ne comprend pas bien le sens des règles qui nous sont imposées, car on ne voit pas à qui elles sont utiles, car on ne voit pas non plus qui elles sont censées protéger, et je ne parle pas seulement d’avoir à porter un masque dans une rue totalement déserte, ou d’être empêchés d’aller au lycée en crop-top et en tongs. Après tout, qui ça dérangerait, vraiment ? Mais parlons aussi de tous les moments où on voudrait jeter aux orties les exigences purement personnelles. Oui, je fume, et pas que du tabac, et alors : ça dérange quelqu’un ? Oui je mange n’importe quoi : et alors, je ne fais de mal à personne ? Je suis sur Internet, et pas que sur YouTube, jusqu’au milieu de la nuit et alors : j’ai bien le droit, ça gêne qui ?

Être juste, pour autrui

Le « j’ai bien le droit » exprime une conception réduite, pour ne pas dire étriquée du droit et de la justice. Il est vrai que la justice consiste en ce que nos droits et libertés soient respectés. Il est vrai que la justice régule nos rapports aux autres : ce que je leur dois, et ce que j’ai le droit d’exiger d’eux. Cette conception très valable est héritée d’une tradition lointaine, qui a traversé l’histoire en passant par Aristote, saint Thomas d’Aquin, jusqu’aux moralistes et juristes modernes. Cette conception repose sur une intuition forte : nous, les humains, sont des « être pour les autres ». La vie sociale est la condition de notre survie, mais aussi d’une vie accomplie. Ainsi la pratique de la justice, du respect de ce qui est dû aux autres, porte à son épanouissement ce germe ancré en nous : l’inclination à la vie sociale. Mais à trop voir la justice comme le strict respect de ce que nous devons aux autres, en toute impartialité, exactitude, et réciprocité, on finit par mettre la justice à l’extérieur de nous-même : indignons-nous, revendiquons, exigeons, la société pourvoira à nos demandes ! et à l’inverse, du moment que je n’empiète pas sur les droits des autres… tout m’est permis !

La véritable justice ne prend pas sa source en premier dans les juridictions qui formalisent la vie en commun. Elle prend, redisons-le, sa source d’abord dans le cœur de chacun, à chaque fois que nous nous demandons : est-ce que je sais où est mon vrai bien ?

D’abord un ordre intérieur

Or la justice prend sa source dans notre cœur, elle est faite pour régner dans notre intériorité, dans toute notre personne. Être juste, c’est aussi être capable de reconnaitre l’admirable agencement de tout notre être : une intelligence éprise de découvertes et d’horizons nouveaux, une volonté capable de nous emmener loin et de transformer en projets nos rêve les plus fous, un monde imaginaire toujours prêt à être nourri de grands récits, de musique, de beauté, un corps qui réclame et insuffle énergie et vigueur ! La première justice est alors celle que nous nous rendons à nous-même, lorsque nous aimons tout ce que nous sommes, en honorant la place de tout ce qui nous compose. Voilà pourquoi, Platon, et à sa suite saint Augustin voyaient dans la justice un ordre tout d’abord intérieur.




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Dès lors que l’on ouvre notre esprit à ces deux visions complémentaires de la justice, on comprend que tout n’est pas permis. La véritable justice ne prend pas sa source en premier dans les juridictions qui formalisent la vie en commun. Elle prend, redisons-le, sa source d’abord dans le cœur de chacun, à chaque fois que nous nous demandons : est-ce que je sais où est mon vrai bien ? Est-ce que mon prochain a ce qui lui faut, pour que lui et moi puissions vivre, vivre bien, et vivre bien ensemble ? La véritable justice est donc par essence générosité : elle va au-devant de la loi, elle se refuse à être impersonnelle et froide. La vraie question n’est donc pas « Est-ce que je fais du mal à quelqu’un en faisant ceci ou cela ? » mais « À qui est-ce que je fais du bien ? ». Voilà pourquoi l’Écriture sainte situe la justice au même niveau de profondeur que l’amour. La justice forme avec l’amour une unique réalité : elle désigne la rectitude, la droiture dans l’amour, tandis que celui-ci indique plutôt la spontanéité profonde qui nous porte vers autrui.

Droits et devoirs

C’est donc étrange mais c’est ainsi : la liste de nos droits sera toujours plus étriquée que la liste de nos devoirs, l’étendue de nos devoirs sera toujours plus riche et plus inspirante que l’étendue de nos droits ! Ce que je dois aux autres parce qu’ils sont mes frères et que j’ai besoin d’eux comme ils ont besoin de moi, ce que je me dois à moi-même parce que je suis un empire à moi tout seul, ce que je dois à Dieu, qui est l’auteur de cet empire et a choisi d’y habiter.


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JusticeSociété
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