Aleteia logoAleteia logoAleteia
Samedi 27 avril |
Aleteia logo
Décryptage
separateurCreated with Sketch.

La novlangue à la conquête de la bioéthique ?

FIV

© RusAKphoto - shutterstock

Christine Pellen - Gènéthique - publié le 20/11/20

Les mots ont un sens. Une évidence ? Quand il s’agit de bioéthique, le vocabulaire s’emploie à remettre le concept de novlangue au goût du jour.

Réjouissez-vous ! L’article que vous allez lire est entièrement gratuit. Pour qu’il le demeure et soit accessible au plus grand nombre, soutenez Aleteia !

Je fais un don*

*avec réduction fiscale

Dans son roman intitulé 1984, George Orwell invente la « novlangue ». Un langage pour empêcher la pensée. Parmi les exemples célèbres, on trouve : « La guerre c’est la paix », « la liberté c’est l’esclavage », ou encore « l’ignorance c’est la force ». Les concepts sont inversés, la réflexion rendue impossible. Dans le domaine de la bioéthique, le champ lexical est un vaste domaine d’observation. Des termes changent alors que la réalité demeure et les mots semblent utilisés à contre-emploi. Certains apparaissent quand d’autres sont effacés.

Des mots nouveaux, des contresens

Ainsi en est-il de la filiation. La « gestation pour autrui », expression habituellement utilisée pour désigner la pratique par laquelle on demande à une femme de porter un enfant qui ne sera pas le sien, est venue remplacer la « maternité de substitution ». Même réalité, point de vue différent. L’accent n’est plus mis sur le rôle de mère que l’on délègue, mais sur le processus biologique à visée « altruiste ». Et la « femme porteuse », réduite à un utérus, vient remplacer la « mère porteuse » qu’une affection peut encore relier à l’enfant. Et finalement, on réfute un très controversé « droit à l’enfant » pour mettre en avant un « droit à faire des enfants » (Jean-Louis Touraine) qui n’est plus négociable.


PREGNANT WOMAN

Lire aussi :
Pourquoi l’Église refuse-t-elle la pratique des mères porteuses ?

De même que chaque année le dictionnaire intègre de nouveaux mots dans ses pages, les débats autour de la révision des lois de bioéthique créent de nouveaux concepts. À l’occasion de la discussion d’un amendement visant à autoriser plusieurs enfants issus d’un même don de gamètes à se retrouver, Coralie Dubost, rapporteur LREM du projet de loi, avait expliqué qu’elle voulait éviter de parler de demi-frère ou de demi-sœur, leur préférant le terme de « demi-génétique ».

« Médical »

Mais d’autres domaines de la bioéthique ne sont pas en reste. Le terme « médical » signifie « qui a rapport à la médecine », c’est-à-dire à la « science ayant pour objet la santé, [l’]art de prévenir et de traiter les maladies », selon la définition de l’Académie française. Pourtant, on parle d’aide « médicale » à mourir pour des patients dont le décès n’était pas toujours prévu à brève échéance, ou encore d’interruption « médicale » de grossesse. Qu’en penserait Hippocrate ? 


SYRINGE

Lire aussi :
Pays-Bas, Belgique, Suisse… L’incontrôlable « pente glissante » de l’euthanasie

« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », écrivait Albert Camus. Et quand la réalité s’efface derrière des sigles — PMA, GPA, IVG, IMG… — est-ce que ce n’est pas notre conception du monde qui s’emmêle ?

Tags:
BioéthiqueEuthanasieGPASociété
Soutenez l’aventure missionnaire qu’est Aleteia !

Vous n’avez jamais fait un don à Aleteia ?  De grâce, faites-le, maintenant.
Aleteia se doit d’être gratuit : les missionnaires ne font pas payer l’évangélisation qu’ils apportent. Grâce à cette gratuité, chaque mois 10 à 20 millions d’hommes et de femmes - majoritairement des jeunes -, visitent la cathédrale virtuelle qu’est Aleteia. Mais vous le savez, si l’entrée de nos églises n’est pas payante, c’est parce que les fidèles y donnent à la quête.

Vous aimez Aleteia ? Vous voulez être de l’aventure missionnaire qu’est Aleteia ?

Alors, sans attendre, aujourd’hui même, donnez !

*avec déduction fiscale
FR_Donation_banner.gif
Top 10
Afficher La Suite
Newsletter
Recevez Aleteia chaque jour. Abonnez-vous gratuitement