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Saint François Xavier, le samouraï et le projet d’évangélisation du Japon

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Bodleian Libraries/Coll Dagli Orti

Aliénor Goudet - publié le 02/12/20 - mis à jour le 01/12/22

Issu de l’ancienne noblesse basque et de caractère paresseux, saint François Xavier (1506-1552) est séduit par la foi et l’exemple d’Ignace de Loyola (1491-1556) et devient prêtre. Après avoir aidé à la fondation de la Compagnie de Jésus, on lui donne la charge d’évangéliser les terres de l’Extrême-Orient. Mais c’est la rencontre avec un ancien samouraï qui va le pousser à se rendre au Japon qu’il voit comme la parfaite terre d’évangélisation.

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Malacca, décembre 1545. En ce début d’après-midi, alors que les rues marchandes sont pleines de monde, un homme d’une quarantaine d’années se faufile tant bien que mal parmi la foule. Anjiro, un noble japonais issu de la classe samouraï de son pays d’origine, n’hésite pas à bousculer les passants pour se frayer un chemin. Sa pauvre mère se retournerait dans sa tombe si elle le voyait agir avec si peu d’élégance. Mais il n’y peut rien. Après deux ans de recherche, il va enfin rencontrer le maître François Xavier.

Depuis des années, le souvenir d’un meurtre qu’il a commis dans son pays natal le ronge de l’intérieur. À tel point qu’il avait failli mettre fin à ses jours. Mais des marchands portugais lui avaient alors parlé du père François Xavier. Un homme arrivé d’Espagne d’une grande sagesse et qui servait les pauvres et les malades au nom de son Dieu. D’abord envoyé à Goa en tant que nonce apostolique, il avait choisi de vivre avec les pauvres et d’apporter son aide à qui en avait besoin. Malgré une grande sévérité vis-à-vis de l’observation de la morale chrétienne, on dit que jamais il ne rabaissait ses ennemis et portait un grand respect envers les personnes ayant des valeurs solides, chrétiennes ou non.

Un homme d’une grande humilité

En 1542, le vice-roi de Goa l’avait ensuite envoyé dans le sud de l’Inde, vers les côtes des Paravers. Là, le père s’était dévoué à la conversion des pêcheurs de perles, l’avant-dernière classe sur l’échelon des castes. Sa charité et son exemple avaient eu raison de la barrière de la langue en peu de temps. Le conflit de deux rajahs était survenu peu après et François avait emmené ses Paravers se réfugier au Travancor, à l’ouest du Cap Comorin. Là encore, il avait réussi à baptiser dix mille personnes. Tous ceux qu’il croisait n’étaient pas forcément convertis, mais tous bénéficiaient également de cette charité et du pardon de Dieu.

– Où se trouve cet homme désormais ? avait demandé Anjiro avec empressement.

– J’ai ouï dire qu’il se trouve maintenant à Malacca, lui avait-on répondu.

C’était il y a deux ans, en 1545. Le temps de mettre quelques affaires en ordre, Anjiro s’était empressé de prendre la mer pour aller retrouver le saint homme. Par malchance, le père Xavier avait déjà quitté Malacca pour l’Indonésie. Dépité, Anjiro avait repris la mer pour rentrer à Kagoshima. Mais la Providence revint à la charge et une tempête fit échouer le vaisseau sur les côtes chinoises. Voilà comment Anjiro fut forcé de retourner à Malacca pour prendre un autre bateau… avant d’apprendre que le père François Xavier était de retour.

Lorsqu’il le trouve enfin à l’église Notre-Dame-de-la Montagne, le samouraï s’incline profondément pour présenter son respect à celui qu’il appelle déjà shisho ou maître. Ce dernier l’invite à demeurer avec lui un certain temps. Mais il suffit de quelques conversations pour alléger l’âme et éveiller la foi d’Anjiro. Plus surprenant encore, c’est l’intérêt que le père Xavier semble avoir pour le Japon, terre ignorante du message du Christ.

Une nouvelle nation entière à évangéliser

La plupart des lieux de mission où on l’envoie sont souvent peuplés de pauvres gens illettrés et peu curieux d’esprit. Dieu sait que la présence de prêtres est nécessaire pour les éveiller au Christ. Mais, émerveillé par les visions du Japon plein d’hommes savants et spirituels, François Xavier y voit un potentiel extraordinaire. Une nouvelle nation entière à évangéliser.

– Dis moi, Anjiro, demande-t-il, les Japonais se feraient-ils volontiers chrétiens ?

– Je ne pense pas, maître, répond Anjiro. Mais les Japonais sont guidés par la loi de la raison. Si la noblesse n’a rien à blâmer à votre conduite et si vous répondez avec finesse à ses questions, elle vous acceptera et se fera chrétienne.

– Si les grands hommes savants reconnaissent le Christ, alors le reste suivra en confiance…

Anjiro est stupéfait. Le savoir et l’humanité de maître Xavier l’ont séduit dès leur première discussion. Il découvre maintenant l’audace du saint homme. Un ingrédient sans doute vital à l’extension de la charité de celui-ci. Si quelqu’un est capable d’amener la chrétienté au Japon, ça ne peut être que lui.

Malgré les difficultés qui se présenteront pour rencontrer l’empereur et faire connaître le Christ au pays du soleil levant, rien n’arrête François. La barrière de la langue est un obstacle de taille. Et si l’expulsion des étrangers cent ans plus tard mettra un terme à cette tentative d’évangélisation, François Xavier et sa charité laisseront une marque profonde dans l’esprit des chrétiens japonais comme celui d’Anjiro. Ce dernier deviendra frère Paulo de Santa Fé et poursuivra la mission commencée par son maître sur sa terre natale.

François Xavier rend malheureusement l’âme le 3 décembre 1552 avant de poursuivre sa mission en Chine. Il est canonisé en mars 1622 par Grégoire XV en même temps qu’Ignace de Loyola. Il est le saint patron des missions. Malgré les nombreuses difficultés et la réticence de l’Extrême-Orient à recevoir le Christ, le témoignage vivant qu’a été saint François Xavier a résonné dans le cœur de tous les chrétiens.

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