L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. La profondeur du mal dans le monde laisse parfois entrevoir cet abîme où fait plonger le refus de Dieu. Jésus lui-même nous met en garde à de nombreuses reprises dans les Évangiles.
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Si nous lisons les évangiles sans préjugé, nous verrons que Jésus parle une cinquantaine de fois de l’existence d’un « lieu » de supplice, que nous appelons enfer (du latin inferus, « région inférieure », « lieu de morts »). Qu’il suffise de donner ici quelques références. Les fauteurs d’iniquité seront jetés « dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 13, 42 et 50). « Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la Vie que de t’en aller avec tes deux mains dans la géhenne, dans le feu qu’on n’éteint pas » (Mc 9, 43 ; cf. ibid. 45, 47). Parlant du jugement dernier, Jésus « dira à ceux qui sont à sa gauche : “Allez-vous en loin de moi, maudits, au feu éternel, préparé pour le diable et pour ses anges” » (Mt 25, 41).
Un enseignement sans ambiguïté
La conclusion de la parabole des talents et l’annonce du jugement dernier montrent bien que le sort final des hommes n’est pas identique pour tous. Ceux qui ont fait fructifier les talents reçus s’entendent dire : « Très bien, bon et fidèle serviteur ! Tu as été fidèle pour de petites choses ; je te mettrai à la tête d’une quantité. Entre à la fête [ou dans la joie] de ton maître » (Mt 25, 21 et 23). Mais le serviteur « bon à rien » qui a enfoui son talent en terre sera « jeté dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 25, 30). Ténèbres qui sont l’antithèse de Jésus, présenté comme « la Lumière vraie, qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9). Et de même pour l’enseignement sur le Jugement dernier (Mt 25, 31-46) qui se termine par ce verset : « Alors ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle. »
Le Christ le répète souvent : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas » (Lc 13, 23-24). Quand quelqu’un demanda un jour au rabbi de Nazareth : « Seigneur, est-ce que ceux qui seront sauvés sont peu nombreux ? », il leur dit : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car [il en est] beaucoup, je vous le dis, qui chercheront à entrer et qui ne le pourront pas » (Lc 13, 23-24). Saint Paul, entre autres, reprendra cet enseignement, par exemple quand il écrit : « Sachez bien ceci : nul fornicateur, nul impudique, nul avare — c’est un idolâtre — n’aura part à l’héritage du royaume du Christ et de Dieu » (Ep 5, 5). Ou encore : « Ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les diffamateurs, ni les rapaces n’hériteront du royaume de Dieu » (1 Co 6, 10). Notons une seule référence de saint Pierre, le prince des apôtres : « Beaucoup les suivront [les faux docteurs] dans leurs dérèglements, faisant ainsi calomnier la voie de la vérité. Et par cupidité, ils vous exploiteront avec des paroles artificieuses. Pour eux, la condamnation est acquise de longue date, et leur ruine n’est pas en sommeil. […] Les ténèbres les plus épaisses les attendent » (2 P 2, 2-3.17).
L’enseignement de l’Église affirme clairement l’existence de l’enfer et son éternité.
L’enseignement de l’Église affirme clairement l’existence de l’enfer et son éternité. Dès le Ve siècle, la double sentence qui intervient au terme du jugement particulier est clairement affirmée : « La vie éternelle comme récompense du bon mérite ou la peine du supplice éternel pour les péchés » (formule dite Fides Damasi) ; « ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; ceux qui auront commis le mal iront au feu éternel » (symbole dit de saint Athanase). « L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, le feu éternel » (Catéchisme de l’Église catholique [CEC], n. 1035). Comme le résume le cardinal Ratzinger : « Inutile de discuter : la notion de damnation éternelle a bel et bien sa place dans l’enseignement de Jésus, comme dans les écrits des apôtres. Le dogme affirmant l’existence de l’enfer et l’éternité de la damnation repose donc sur des bases solides. »
L’enfer et les enfers
Il y a cependant une grande différence entre l’enfer et « les enfers » où Jésus « descend » après le Vendredi saint.Les enfers désignaient le séjour des morts, les inferi de la mythologie romaine, l’hadès des Grecs. « Dans l’Ancien Testament, la condition des morts n’était pas encore pleinement illuminée par la Révélation. On pensait en effet tout au plus que les morts étaient réunis dans le sheól, un lieu de ténèbres (cf. Ez 28, 8 ; 31, 14 ; Jb 10, 21sq ; 38, 17 ; Ps 30, 10 ; 88, 7.13), une fosse dont on ne remonte pas (cf. Jb 7, 9), un lieu dans lequel il n’est pas possible de louer Dieu (cf. Is 38, 18 ; Ps 6, 6) ». Le Nouveau Testament apporte une nouvelle lumière sur la condition des morts, en particulier en annonçant que le Christ, à travers sa résurrection, a vaincu la mort et a étendu son pouvoir libérateur également au royaume des morts » (saint Jean-Paul II, Audience générale, 28 juillet 1999).
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