Que vous disiez messe de saint Jean, de saint Paul ou le Notre père de Korsakov, ces mélodies n’ont plus de secret pour Hugo Ferry. À bientôt 17 ans, l’adolescent est l’un des organistes de la paroisse Bienheureux-Frédéric-Ozanam, au Thillot, dans les Vosges. Chaque week-end, il répond aux sollicitations qui l’amènent vers l’un des trois clochers de son ensemble paroissial. Et même en pèlerinage, son service continue. « Je rentre d’une semaine à Lourdes avec tout le diocèse de Saint-Dié » confie-t-il à Aleteia. La cinquantaine de jeunes et les 32 malades qui formaient le groupe ont eu la joie de voir leurs célébrations dans le sanctuaire marial accompagnées par le jeune organiste. « J’ai pu jouer sur plusieurs orgues, c’est exceptionnel», s’exclame Hugo.
Exceptionnel aussi parce qu’il a découvert l’orgue il y a tout juste trois ans. « Je n’allais pas régulièrement à la messe. C’est en accompagnant un jour mes parents, que j’ai prêté attention à l’orgue. » Là, c’est la bascule. Celui qui joue déjà de plusieurs instruments est touché. « J’ai demandé à mes parents juste après si je pouvais en jouer. On a vu l’organiste qui a accepté et j’ai commencé à jouer des morceaux, puis la messe en entier. » La Providence n’étant jamais loin, un prêtre introduit les parents du lycéen auprès d’un professeur d’orgue. Et surprise : lui-même organiste fait partie de l’équipe paroissiale. Alors Hugo se perfectionne et participe de plus en plus régulièrement à l’animation de la messe. S’il fait la joie des fidèles, il n’en reçoit pas moins. « Je suis le seul dans ma famille qui joue d’un instrument et cette grâce je la mets au service de Dieu et des paroissiens qui viennent à la messe. »
À l’occasion de messes de mariage ou d’enterrement, Hugo fait usage de ses talents. « La musique monte vers les anges qui sont là pour chanter et je les accompagne, explique-t-il ». “Je veux chanter au Seigneur tant que je vis ; je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure”. Il n’est pas surprenant que ce passage du psaume 103 fasse partie des passages de la Bible qui le touche le plus.
En plus de la place qu’il s’est découverte dans l’Église grâce à l’orgue, Hugo prie la messe différemment. « Avant je n’écoutais pas forcément l’Évangile ni ce que disait le prêtre. Maintenant je suis plus attentif, je me repère dans le déroulement, je comprends mieux et je suis heureux. » La foi de l’adolescent se renforce également et il prend plaisir à participer à des camps ou à des pèlerinages. « On vit un acte de foi différemment que si on était dans une église. Et je trouve que c’est intéressant d’échanger avec d’autres jeunes parce que l’ambiance et différente et on se fait des nouveaux copains. »
Jouer comme une mission
Quand Hugo crée son compte sur TikTok à l’été 2020, il ne pense pas y partager sa foi. « Je me suis inscrit comme tous les jeunes, pour rigoler, regarder des vidéos. Puis, j’ai vu plusieurs prêtres faire des vidéos où ils citaient des passages de l’Évangile. Et je me suis dit : “je joue de l’orgue, autant essayer de faire quelque chose”. Il commence alors à se filmer en train d’interpréter des chants de célébrations, des ordinaires de messe ou des classiques. Au grand bonheur d’autres jeunes mélomanes.
Il reçoit de nombreux messages : des utilisateurs l’encouragent ou lui posent des questions sur la pratique d’un instrument peu commun. Mais des questions sur la foi surviennent aussi : “Beaucoup me demandent si je vais à la messe, depuis combien de temps ou depuis quand je joue à l’orgue pour servir la messe. Certains me disent aussi : “Je ne suis pas croyant mais je m’abonne parce que ce que tu fais est génial.””