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Le logiciel espion Pegasus, un révélateur de vulnérabilité

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JOEL SAGET / AFP

Pegasus, un logiciel espion créé et développé par la société israélienne NSO Group.

Jean-Baptiste Noé - publié le 29/07/21

Le logiciel israélien Pegasus a été utilisé pour espionner des dirigeants politiques et des journalistes français. L’émoi suscité par cette affaire accuse une grande naïveté dans la protection de la vie privée et l’usage du numérique par les personnes sensibles.

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Comme toute affaire complexe où s’imbriquent plusieurs intervenants, il faut remettre les choses dans l’ordre pour la comprendre. Pegasus est un logiciel espion créé et développé par la société israélienne NSO Group. Ce logiciel est installé à l’insu de son propriétaire sur son téléphone. Il permet d’accéder à l’ensemble des contacts et des conversations et même d’actionner la vidéo et l’enregistrement. Il peut ensuite être désactivé si le propriétaire du téléphone le remarque. Redoutable machine, il transforme les téléphones en mouchards.

NSO Group est une entreprise privée insérée dans le complexe militaro-cyber israélien. Le logiciel Pegasus ne peut être vendu qu’à des États, avec l’accord préalable du ministère de la Défense israélien. NSO Group a recruté un grand nombre de développeurs et de hackeurs formés dans les services israéliens, notamment dans l’unité 8200, service de renseignement du ministère de la Défense. 

Du terrorisme à l’espionnage

Mis en place en 2013, le logiciel Pegasus était utilisé par les États pour espionner des terroristes et des criminels. Le Mexique l’a acheté pour espionner les dirigeants des cartels de la drogue. D’autres États l’on acquis dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ce cadre initial est aujourd’hui dépassé, le logiciel servant à espionner des journalistes, des opposants politiques. C’est dans ce contexte qu’apparaît l’affaire Pegasus au Maroc. Les services marocains ont informé leurs homologues français que de nombreuses personnalités françaises ont été espionnées via ce logiciel : outre le président de la République et des ministres, plusieurs journalistes et personnalités médiatiques.

Il y a donc une affaire dans l’affaire et une imbrication multiple de différents services.

En l’état de la connaissance du dossier, il est difficile de savoir si cela est le fait des services secrets marocains ou bien de services étrangers qui attribuent cet espionnage au Maroc afin de déstabiliser le pays. Le Maroc et l’Allemagne sont notamment en froid sur le dossier du Sahara occidental, Berlin cherchant à évincer Rabat de son influence en Afrique. Cette deuxième hypothèse est la plus probable, le Maroc n’ayant pas d’intérêt à se brouiller avec la France, qui est son principal soutien au Maghreb et en Afrique. Il y a donc une affaire dans l’affaire et une imbrication multiple de différents services. Les enquêtes en cours permettront peut-être de déterminer l’origine de cet espionnage. 

Fragilité numérique

Quoi qu’il en soit, l’affaire Pegasus démontre la fragilité numérique des États et des personnes publiques. On assiste ici à un glissement connu : au nom de la défense d’un bien (la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue) on accepte le déploiement d’un mal (l’espionnage généralisé) qui finit par s’étendre à des secteurs non prévus à l’origine. La sécurité a été privilégiée contre les libertés privées et humaines. Ni le terrorisme ni le trafic de drogue n’ont reculé, ce qui peut faire douter de l’intérêt réel de ce logiciel d’espionnage. En revanche, des personnes honnêtes ont été espionnées et seront peut-être arrêtées (cas des opposants politiques dans certains pays). Pas d’augmentation de la sécurité donc, mais une restriction forte des libertés. 

Une grande naïveté

Cela démontre également la naïveté et la fragilité des dirigeants en matière numérique. Pegasus s’introduit en exploitant les failles des services d’exploitation iOS et Android. La mise en place d’un service d’exploitation propre à l’État français pour servir aux téléphones des dirigeants politiques et des personnes sensibles devrait être une obligation. Comment se fait-il que le Président de la République et des ministres puissent utiliser des téléphones communs ? Naïveté aussi quant à l’usage de certains logiciels de communication, Pegasus s’infiltrant via des failles de WhatsApp. Les enceintes vocales et les enceintes connectées deviennent des mouchards potentiels : elles aussi peuvent enregistrer les commandes et les conversations privées. Pourtant, beaucoup les utilisent sans trop de réflexion à leurs sujets, pensant, à tort, qu’ils n’ont rien à cacher. Entre la paranoïa et la naïveté, il existe un juste milieu qui doit opérer une prise de conscience chez tout un chacun. Progressera-t-on dans ce domaine ou faudra-t-il d’autres affaires d’espionnage pour parvenir à cela ? 

Tags:
IsraëlnumeriqueTerrorisme
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