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Depuis l’incendie, la cathédrale de Nantes panse ses plaies

cathédrale de Nantes

© David Gallard

Le port d'une blouse intégrale est obligatoire pour entrer dans la cathédrale afin de se protéger des poussières de plomb.

Caroline Becker - publié le 18/09/21

Incendiée volontairement en juillet 2020, la cathédrale de Nantes est en cours de restauration. Sa réouverture partielle devrait avoir lieu en 2024 selon la Direction régionale des affaires culturelles. Un espoir pour les catholiques, très affectés par la fermeture de leur cathédrale.

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Il y a un peu plus d’un an, la cathédrale de Nantes vivait l’un des plus grands drames de son histoire. Le 20 juillet 2020, trois départs de feu volontaires enflamment l’édifice. L’un au niveau de la console de l’orgue de choeur, un autre au niveau d’un tableau électrique dans la nef et l’autre à la tribune du grand orgue. Malgré l’arrivée rapide des pompiers, les dégâts sont considérables.

Parmi les victimes, le grand orgue du XVIIe siècle qui accompagnait la liturgie depuis plus de 400 ans. Réduit en poussières, il ne reste de ce chef-d’œuvre que quelques débris inexploitables. Une immense perte pour tous les catholiques de Nantes quand on sait que l’instrument a traversé les affres de la Révolution française, les bombardements de la Seconde Guerre mondiale et le grand incendie de 1972 qui avait ruiné la toiture et la charpente. Il n’aura finalement fallu que quelques chaises et vêtements liturgiques enflammés pour le voir disparaître à tout jamais. À ce drame s’ajoutent d’autres pertes considérables, comme le grand vitrail occidental qui a explosé sous la chaleur, le tableau d’Hippolyte Flandrin représentant saint Clair guérissant les aveugles et la console mobile de l’orgue de chœur.

cathédrale de Nantes
L’orgue du XVIIe siècle de la cathédrale de Nantes détruit dans l’incendie. Derrière, le vitrail a également explosé en mille morceaux.

Un an après ce drame, la cathédrale de Nantes est toujours fermée au public. Valérie Gaudard, conservatrice régionale des monuments historiques à la DRAC des Pays de la Loire, revient pour Aleteia sur les grandes étapes de l’année écoulée : « La première urgence a été de sécuriser l’édifice puis d’analyser l’état complet de la cathédrale. À l’issue de cette étude, le constat a été sans appel : l’édifice était entièrement pollué par le plomb et bien plus qu’on ne l’imaginait. » En cause, la fonte des tuyaux d’orgue. Rapidement, un protocole de sécurité est mis en place pour protéger les restaurateurs mais, très contraignant, il ralentit le déblaiement de la cathédrale.

cathédrale de nantes
La tribune vide où se déployait autrefois le grand orgue de la cathédrale.

« Tous les débris ont été mis au sol pour procéder à un tri minutieux. Après avoir sélectionné les vestiges potentiellement réutilisables, nous avons dû les nettoyer un à un. » Un travail titanesque auquel s’ajoute le nettoyage complet de la cathédrale par aspiration pour retirer toutes les particules de plomb sur le sol et les murs. Un travail de fourmi qui a révélé à quel point la cathédrale a souffert. « Certaines clés de voûte ont été noircies par la chaleur alors qu’elles se trouvaient loin des départs de feu. C’était consternant », se souvient Valérie Gaudard qui a pu rentrer dans la cathédrale pour constater les dégâts. 

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Les débris du buffet d’orgue calcinés.

Un an après, la phase de restauration commence tout doucement à se mettre en place. Cette semaine, un grand échafaudage va être installé devant la façade occidentale pour analyser les pierres endommagées par le feu. Les débris du grand vitrail, dont trois lancettes avaient été commandées sous le règne d’Anne de Bretagne, sont en train de former un puzzle géant dans les ateliers de restauration d’un maître-verrier. Ces vitraux, hauts de 11 mètres, avaient déjà été largement endommagés par l’explosion de la poudrière du château des ducs de Bretagne en 1800. Parmi les plus belles lancettes, celle de la Fontaine de Vie surplombée par la figure du Christ et la colombe du Saint-Esprit a été réduite en mille morceaux. Les reliquats du buffet d’orgue sont, eux aussi, en train d’être reportés sur un relevé dans l’espoir de pouvoir les réutiliser, sinon les conserver. Interrogée sur sa reconstruction, Valérie Gaudard estime qu’il est trop tôt pour imaginer sous quelle forme renaîtra l’instrument. Nul doute, en revanche, qu’un nouvel orgue sera réalisé afin d’accompagner la vie liturgique de la cathédrale. « Nous commençons tout juste à former des groupes de travail avec des experts du monde de l’orgue, le clergé, les architectes. Nous sommes encore en phase de réflexion. »

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Les tuyaux de l’orgue ont fondu sous l’effet de la chaleur.

Des paroissiens dans l’attente

À ce drame patrimonial s’ajoute une vie liturgique chamboulée, surtout pour les fidèles qui se désespèrent de retrouver leur cathédrale tout de suite. « Une réouverture sera possible partiellement mais pas avant avant 2024 », indique la conservatrice qui précise que les travaux vont commencer en priorité dans le chœur afin de pouvoir la rendre au culte. « Les catholiques pourront célébrer à nouveau la messe mais l’intérieur sera sans doute encore en travaux pour plusieurs années. » En attendant, beaucoup ont trouvé refuge dans l’église voisine, la chapelle de l’Immaculée, construite au XVe siècle par François II, duc de Bretagne et sa première épouse, Marguerite de Bretagne. C’est ici que les célébrations de la cathédrale ont été transférées, comme lors de l’incendie de 1972. Ne pouvant accueillir que 300 personnes, certains paroissiens de la cathédrale ont décidé de se diriger vers l’église Saint-Similien, bâtie sur le tombeau du troisième évêque de Nantes.

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La cathédrale, très lumineuse d’habitude, s’est assombrie avec l’incendie.

Directeur de la musique sacrée de la cathédrale de Nantes, Étienne Ferchaud témoigne de l’impatience des fidèles et des acteurs de la liturgie de revoir leur cathédrale : « Il y a une vraie attente qui se ressent. Les paroissiens posent beaucoup de questions sur l’avancée des travaux. On sent qu’ils ont besoin de savoir. » Un désir partagé par les chantres qui, malgré leur délocalisation, continue d’animer la liturgie. « La cathédrale est un lieu qui nous nourrit. Le projet musical de la maîtrise de la cathédrale, née il y a dix ans, s’est construit avec l’édifice. Nous sommes évidemment tristes de ne plus pouvoir y pénétrer mais nous continuons à chanter. Le plus dur est pour les organistes qui, eux, on perdu leur instrument ».

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Tous les débris ont été posés au sol et triés.

Un drame que se remémore Michel Bourcier, l’un des organistes titulaires de la cathédrale : « Dès les premières flammes, j’ai compris que l’orgue avait disparu. J’étais sidéré. Sur le moment, on n’arrive pas à réaliser. Puis on se résigne. Dans notre malheur, on se console en se disant qu’il n’y a pas eu de morts ». Animant aujourd’hui les messes sur un plus petit instrument, l’organiste regrette « l’ampleur » de son orgue disparu. Mais confiant, il sait que la cathédrale de Nantes retrouvera un instrument digne de son histoire. « Il faut que la reconstruction de l’orgue soit un projet exceptionnel, qui fasse rayonner la cathédrale au-delà de la ville de Nantes. Un hommage vibrant à l’orgue disparu mais qui s’inscrive aussi dans notre époque. » Évoquant l’orgue de chœur, partiellement rescapé de l’incendie, Michel Bourcier se réjouit de sa restauration future. « Il va retrouver son lustre de 1896. »

Malgré le drame qui marque encore douloureusement les Nantais, la restauration de la cathédrale ouvre ainsi de belles perspectives. Le diocèse va profiter de ces restaurations pour apporter quelques améliorations aux aménagements liturgiques. Rien de concret pour le moment mais une volonté de redonner à la cathédrale sa majesté pour la rendre digne de célébrer à nouveau.

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