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Lens : sous le pinceau de Lise Flipo, 28 vitraux vont prendre vie

LISE FLIPO

© LF

Lise Flipo.

Caroline Becker - publié le 13/11/21

C’est un projet touché par la Grâce. À Lens, à deux pas du Louvre, Saint-Théodore va devenir le théâtre d’un projet fou : l’installation de 28 vitraux figuratifs pour remplacer les vitres blanches qui prennent place depuis un siècle. Lise Flipo, l’artiste choisie pour réaliser les dessins, confie à Aleteia les coulisses de ce projet incroyable assurément guidé par l’Esprit saint.

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Avec son style singulier typique des églises scandinaves, l’église Saint-Théodore de Lens ne passe pas inaperçue. Construite en 1910 par l’architecte Jean-Baptiste Cordonnier en plein cœur du quartier minier, celle-ci est reconstruite à l’identique par son fils après avoir été détruite durant la Première Guerre mondiale. Seul élément exclu de la reconstruction, les vitraux remplacés par de simples vitres blanches.

Depuis le sanctuaire n’a pas bougé. En 2007, avec l’arrivée du Louvre-Lens situé à deux pas de l’église, l’idée de revaloriser l’église Saint-Théodore fait son chemin. En 2008, l’Association Culturelle pour la Valorisation de l’église Saint Théodore de Lens naît et le projet de redonner à ses murs des vitraux dignes de son histoire commence tout doucement à émerger. Mais pour réaliser ces vitraux, il faut trouver l’artiste qui les dessinera. Comme un signe de la Providence, la renaissance des vitraux de Saint-Théodore va en rencontrer une autre, celle de Lise Flipo, jeune femme de 27 ans, sensible et fragile, bousculée par la vie mais qui va, au fil de son parcours, découvrir ce que Dieu attend d’elle. « Ce projet, c’est la réponse de Dieu à mon cri vers Lui », témoigne-t-elle. 

église saint théodore de Lens

Cette jeune peintre lilloise, qui n’a jamais réalisé de vitraux de sa vie, a ainsi été choisie pour réaliser ce projet d’envergure. Sa rencontre avec l’église de Lens, elle la doit à ses talents artistiques bien sûr, mais aussi à son histoire de vie incroyable. C’est en 2019, alors qu’elle expose timidement, et pour la première fois, ses aquarelles à Lille dans un bar chrétien solidaire, « Le comptoir de Cana« , que la jeune chargée de communication dans une grande banque fait la rencontre de Christian Lazewski, président de l’association pour la valorisation de Saint-Théodore. Poussé par la certitude qu’il doit venir voir l’exposition de la jeune fille, il se rend à Lille expressément pour cela. Arrivé sur place, c’est l’évidence ! En voyant la joie qui illumine les œuvres de Lise, il est persuadé que celles-ci s’intégreront parfaitement dans l’église. La Providence faisant son œuvre, Lise, qui ne connaît pas cet homme, lui confie ce soir-là, alors qu’elle lui présente une de ses aquarelles : « Mon rêve serait de créer des vitraux pour une église ». Ému par une telle confidence, Christian Lazewski lui partage alors son projet fou de création de vitraux. Intimidée mais enthousiasmée, Lise accepte. En septembre 2019, après avoir exposé quelques aquarelles dans l’église de Lens dans l’espoir que celles-ci emportent l’adhésion des paroissiens, le projet est validé. 

Lise Flipo
Portrait de Lise Flipo dans son atelier.

Cette aventure, totalement inattendue, est un signe d’espoir incroyable pour Lise qui comprend que Dieu a enfin répondu à ses prières. Car derrière ce sourire angélique se cache une âme sensible ballotée au fil de la vie et des épreuves. Un âme délicate mais animée par une foi profonde qui prend racine dès l’enfance : « À l’âge de 7 ans, je me suis rendue pour la première fois à une adoration. J’ai été saisie par Dieu, j’ai ressenti son amour immense. Plus tard, à Taizé, alors que je préparais ma confirmation, j’ai rencontré mon “copain” l’Esprit saint. Ce fut un moment fondateur, le début d’une intimité qui n’a jamais cessé », se souvient-elle encore émue.

Utilise ta sensibilité, tes talents pour faire passer des messages de paix, de joie et d’espérance.

Enfant sensible qui a sans cesse besoin d’exprimer ce qu’elle ressent, Lise écrit des poèmes et dessine, surtout la nature qui l’émerveille continuellement. Sa fibre artistique est déjà bien présente mais, encouragée à suivre un parcours plus classique, elle s’oriente vers des études de communication persuadée que celles-ci étancheront sa soif « d’humain ». Derrière cette apparente réussite, Lise cache une sensibilité à fleur de peau que les épreuves de la vie n’ont fait qu’accentuer. La perte d’un ami durant l’adolescence est sans doute le plus douloureux. Le corps et le mental épuisés, Lise se retrouve, à l’âge de 25 ans, alourdie par un fardeau qu’elle n’arrive plus à porter. C’est à ce moment qu’elle décide, encouragée par un prêtre, de se rendre au Foyer de Charité de La Flatière dans l’espoir de s’y ressourcer. Là-bas elle y dépose ses valises et supplie le Seigneur de l’éclairer. « J’ai demandé au Seigneur de m’aider. Je ne savais plus comment gérer cette sensibilité excessive ». Durant cette retraite, alors qu’elle se promène dans la montagne, elle entend une voix au fond de son cœur : « Utilise ta sensibilité, tes talents pour faire passer des messages de paix, de joie et d’espérance ». À ce moment-là, sa tristesse se transforme en joie. Elle le sait désormais, le Seigneur l’appelle à le servir. 

Lise Flipo
Lise Flipo dans son atelier.

Les vitraux de Saint-Théodore de Lens, un cadeau du Ciel

Si son cœur se transforme, son dessin aussi. Ses aquarelles se font soudain plus joyeuses, plus colorées. Sa foi, qui se devinait subtilement à travers quelques motifs symboliques, s’exprime désormais pleinement dans ses dessins. C’est forte de cette nouvelle lumière qui a jailli en elle que Lise accepte d’exposer ses modestes aquarelles au « Comptoir de Cana ». Le projet des vitraux de Saint-Théodore de Lens, qui arrive tel un cadeau du Ciel, sonne le point final de cette quête de sens. 

Lise Flipo et Thomas Masson
Lise Flipo et le maître-verrier Thomas Masson.

« Une fois le projet validé, j’ai appris que mon CDD dans la banque était interrompu. Je l’ai vu comme un signe de Dieu. C’était le moment de me lancer pleinement dans ce nouveau projet. » Lise se déleste ainsi de son passé et crée son entreprise « Atelier Joie et Lumière« . Elle part ensuite à Paris, Barcelone, Vézelay, Vence, visite la Sainte-Chapelle, la Sagrada Familia ou encore la chapelle de Matisse. Enivrée de toutes ces découvertes, elle prend le pinceau et commence à dessiner les premiers vitraux autour des thèmes de la Création et la Miséricorde. « Pour moi, l’amour de Dieu pour sa Création et la Miséricorde sont intimement liés. Dieu est toujours là, quoiqu’il arrive, car il porte un amour infini à sa Création. »

LISE FLIPO
Aquarelles sur la Création du monde. À droite, Adam et Eve dans le jardin d’Éden, une des œuvres préférées de Lise Flipo.

Aujourd’hui, Lise a déjà réalisé 25 croquis sur les 28 et travaille en étroite collaboration avec un maître-verrier. Comme un fil rouge qui guide chacun de ses coups de pinceau, le Beau, l’Espérance et la Joie transparaissent dans chacune de ses aquarelles. Avant de commencer ses sessions de travail, Lise commence toujours par une petite prière pour demander à l’Esprit saint de la guider. « Quand je dessine, je suis dans la paix. Je fais confiance à Dieu », confie-t-elle. Un dessin la touche plus particulièrement. Il représente Adam et Eve enlacés par Dieu dans le jardin d’Éden. Tous les deux portent, ensemble, une motte de terre dans les mains. Sur l’épaule de Dieu, l’Esprit saint, sous la forme d’une colombe, tient un pinceau dans son bec. « Dieu est le Créateur, il nous confie sa Création, mais nous sommes tous appelés à être co-créateurs avec lui. » Au pied de Dieu, une rivière coule. « Pour être co-créateurs, il faut sans cesse revenir à la source qui est Dieu », explique-t-elle, évoquant le Psaume : « Mon âme a soif de toi mon Dieu ». 

Être co-créatrice sous le regard de Dieu, c’est la mission que s’est fixée Lise. Elle qui se trouvait si faible et si inutile, elle a enfin trouvé la voie que Dieu avait tracé pour elle. Elle n’a désormais qu’un seul désir, mettre ses talents au service de Dieu pour témoigner de ses bienfaits. Avec la renaissance des vitraux de Saint-Théodore, c’est finalement sa propre renaissance qu’elle concrétise. 

Tags:
ArtsPatrimoine
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