Le magazine Têtu se serait bien passé de cette mésaventure : la une du dernier numéro censurée par la SNCF et la RATP pour son contenu jugé « confessionnel » ! On ne sait plus à quels saints se vouer… La couverture en question met religieusement à l’honneur le performeur Bilal Hassani, élu personnalité de l’année par le magazine, plus connu pour sa ligne éditoriale LGBT que pour ses catéchèses…
Reprenant une esthétique devenue un classique du genre, à la façon des artistes Pierre et Gilles dans les années quatre-vingt, à la façon des mises en scènes religieuses de Madonna à ses débuts, cette couverture présente Bilal Hassani dans une attitude extatique, auréolé de lumière et drapé dans un manteau virginal aux courbes baroques… Rien de bien original, donc. Et on est loin de Botticelli. Inutile pourtant de chercher des interprétations hasardeuses du genre « Hassani se prendrait-il pour Dieu » ? ou Têtu cherche-t-il à souhaiter un Joyeux Noël à tous les catholiques ? Ou une minorité viserait-elle à se payer la tête d’une autre minorité ? Rien de tout ça, assurément.
Et pourtant, les ennuis sont tombés en escadrille. Premier malentendu, constaté par la rédaction du magazine (invitée à l’émission Touche pas à mon poste) : l’allusion à la Sainte Vierge — une « Madonne », dit le rédacteur en chef de Têtu — n’a pas été comprise de grand monde, en dépit de la longue chevelure du modèle… l’ambiguïté a plutôt profité à Jésus !
Ainsi donc, la SNCF, jugeant que ce contenu religieux risquait de choquer une partie des voyageurs traversant les gares, ou des automobilistes coincés derrière un bus, a refusé cette campagne d’affichage. Mal lui en a pris : d’un côté, Têtu s’est vu inondé d’insultes par un public pour qui toute représentation religieuse est blasphématoire, et de l’autre, la SNCF s’est vue traitée d’homophobie, tout ceci par réseaux sociaux interposés.