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Nos émotions sont-elles supérieures à la vérité ?

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FrankHH I Shutterstock

Aliénor Strentz - publié le 21/01/22

Le terme de « post-vérité » est récemment apparu dans le dictionnaire. Nous serions même entrés dans une "culture de la post-vérité", où nos préférences et opinions sont considérées comme supérieures aux faits et à la vérité. Quel peut en être l’impact sur sa vie spirituelle ? Que propose la sagesse biblique ?

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En 2016, le dictionnaire Oxford (Oxford Dictionaries) a élu le mot « post-vérité » comme terme de l’année. Ce concept met en avant une tendance actuelle : les faits objectifs auraient désormais moins d’importance que ce qui fait appel aux émotions et aux convictions personnelles. Selon Abdu Murray, auteur chrétien d’un ouvrage sur la vérité intitulé Qu’est-ce que la vérité ? (Ourania, 2021), la post-vérité peut se décliner en deux modes :

« Le premier correspond à un mode souple : dans ce cadre, on peut reconnaître l’existence de la vérité ou admettre que certaines vérités existent, mais celles-ci n’ont pas d’importance si elles viennent se mettre en travers de nos préférences personnelles. Dans une telle approche, la vérité existe de manière objective, mais nos ressentis subjectifs et nos opinions ont plus d’importance. 

La seconde option correspond à un mode dur : la volonté avérée de propager des mensonges caractérisés en sachant qu’il s’agit de mensonges, puisque cela a pour objectif de servir un calendrier social ou politique auquel on accorde plus d’importance qu’à la vérité ». 

Les élections présidentielles américaines de 2016 sont un exemple de cette vision postmoderniste de la vérité. Elles ont été marquées par une quantité d’affirmations contradictoires, de condamnations réciproques des deux bords politiques, et se sont même terminées par des allégations de fraude qui ont entretenu un régime de suspicion généralisé.

En France, nous pouvons penser à la teneur des débats médiatiques depuis quelques années déjà. Ils sont davantage le lieu de polémiques que d’écoute mutuelle et de quête du bien commun. Ceci dit, la post-vérité n’est pas seulement un problème politique : elle peut également toucher notre vie spirituelle et influencer la manière dont nous répondons aux grandes questions de l’existence.

La question se trouve dans la Bible…

Nous connaissons la fameuse question de Ponce Pilate à Jésus : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 38). Ponce Pilate la pose dans un contexte particulier : il est alors gouverneur de la province romaine de la Judée. Quant à Jésus, il vient de lui être amené par les autorités juives afin d’être jugé et condamné. Ponce Pilate est pendant un laps de temps bouleversé par ce que lui apprend Jésus. En effet, Jésus lui signale que son autorité n’est en rien dépendante des vicissitudes du pouvoir politique ou de la situation sociale, mais qu’elle est fondée sur la vérité. « Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité ». (Jn 18, 37).

Ponce Pilate lui demande alors : « Qu’est-ce que la vérité ? » Cependant, il s’agissait davantage pour lui d’une formule toute faite car il sort aussitôt, avant que Jésus n’ait pu lui répondre. Quelques minutes plus tard, Ponce Pilate prend une décision lourde de conséquences, en préférant protéger sa propre situation personnelle et son aura politique plutôt que de se tourner vers la Vérité incarnée par le Christ. 

La sagesse de la Bible pour sortir de la confusion et de la colère

A l’ère contemporaine de la post-vérité, les faits objectifs deviennent des problèmes à contourner plutôt que la base essentielle d’un débat rationnel. C’est ainsi que Abdu Murray évoque « une culture de la confusion et de la colère », de mise avec l’épanouissement de la post-vérité. Dans un tel modèle culturel, ceux qui ne sont pas d’accord avec nous deviennent « les autres ». Une chasse aux sorcières s’ensuit pour exclure ou rabaisser ceux qui pensent différemment de la norme établie et subtilement imposée.

La sagesse biblique dénonce au contraire les comportements irrationnels. Le livre des Proverbes en particulier nous livre une sagesse qui reste pertinente pour notre époque. Elle affirme que « les provocateurs embrasent la cité, les sages font retomber la colère » (Proverbes 29, 8), ou encore que « l’insensé à toute heure exprime ses humeurs, le sage a du recul et les tempère » (Proverbes 29, 11).

Nos paroles et nos actions communiquent-elles la vérité et la fraternité ?

Sommes-nous de fait encore capables d’exprimer sans heurt nos désaccords, en faisant preuve de douceur et de considération ? C’est ce que l’apôtre Paul conseille à son jeune protégé Tite, en lui rappelant « de n’insulter personne, d’être pacifique, bienveillant, plein de douceur à l’égard de tous les hommes » (Tite 3, 2). Le livre des Proverbes nous livre la voie du salut : « Qui marche droit sera sauvé » (Proverbes 28, 18). Même si depuis la venue du Christ, nous savons que l’unique voie de salut réside en Lui, nous pouvons néanmoins considérer avec attention cette affirmation de l’Ancien Testament.

L’intégrité suppose une droiture du cœur pour rechercher la vérité, en s’engageant dans des échanges honnêtes et respectueux envers chaque être humain, qu’il soit de notre « bord » ou pas. Nos paroles et nos actions communiquent-elles la vérité et la fraternité ? Ou au contraire véhiculent-elles le mensonge et la souffrance ? Si tel est le cas, nous pouvons adopter comme « parole de vie » cette parole de sagesse qui sonne comme une prophétie : « Qui marche droit sera sauvé ».

Aliénor Strentz est docteur en ethnologie-anthropologie et fondatrice du blog « Chrétiens heureux ».

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