Malade ou bien-portant, la grande question de la vie est celle de son but. Le père Benoist de Sinety, curé de la paroisse Saint-Eubert de Lille, rappelle qu’on ne peut répondre seul à ce mystère vertigineux.
Santé ! Que nous levions nos verres ou échangions des vœux, s’il y a bien quelque chose qui ne change pas de génération en génération, c’est bien l’allusion permanente à cette « bonne santé » que nous invoquons jour après jour sans lassitude ni remord. Dans un monde qui vieillit, et ce sur tous les continents, la santé n’est plus simplement une affaire personnelle, elle est devenue une valeur économique majeure. Alors que l’on feint de découvrir les scandales de maltraitance dans divers groupes de maison de retraite, et que l’émotion collective s’organise annuellement pour combattre telle ou telle maladie, il demeure une question peu posée dans notre société championne en utilisateurs de médicaments de toutes sortes : qu’est-ce que la santé ?
Ce jour-même, comme dans de nombreuses églises sur la surface de la terre, nous mettons au premier rang de la messe dominicale quelques hommes et femmes qui portent en leurs corps le signe d’une fragilité sur laquelle nous peinons à nous arrêter. Ils sont là, tous les neuf, de 15 à 98 ans, debout, face à l’autel, au milieu de la communauté. De toutes générations et cultures, les uns souffrant d’une maladie du corps, d’autres de l’esprit, avec en commun avec tous de souffrir aussi de l’âme. Ils viennent chercher le réconfort, une parole, un geste, un signe qu’ils ne sont pas seuls face à l’épreuve d’un à-venir qui serait une torture s’il n’y avait le présent pour y faire malgré tout briller une lumière.