Faut-il admettre le suicide assisté pour éviter l’euthanasie ? Tugdual Derville, auteur de “La Bataille de l’euthanasie” (Salvator) revient sur la « tentation de l’exception » posée par le projet de référendum en Italie visant à légaliser l’euthanasie. Après la mise au point du pape François récusant tout « droit à la mort », la Cour constitutionnelle italienne vient de donner tort aux tenants du « moindre mal anticipé ».
Le temps est une étrange créature, qui force l’humilité. Le dénouement d’une fable transalpine vient à nouveau de le confirmer. Un prêtre italien, spécialiste d’éthique, a pris position dans une revue en faveur du vote d’une loi légalisant le suicide assisté, tout en espérant en atténuer au maximum la portée. Son explication : il juge inéluctable la perspective d’un référendum légalisant l’euthanasie, à cause d’une pétition citoyenne de 750.000 signatures que devait examiner la Cour constitutionnelle italienne.
L’éthicien plaide en substance pour se rallier à un mal — quoique à contrecœur — pour éviter le pire, imminent. Pour lui, il ne s’agit pas de soutenir certains suicides, mais d’y consentir afin de bloquer, tant qu’il est temps, par cette loi aux conséquences néfastes limitées, la loi future qui promet de plus lourdes conséquences. Sa préconisation, qu’on prétend soutenue par le pape, provoque aussitôt un élan de protestation des mouvements de défense de la vie.