Les missionnaires de la Charité, ordre fondé par Mère Teresa en 1950, ont été contraintes mercredi 6 juillet par le gouvernement du Nicaragua de quitter le pays où elles accueillaient les plus pauvres. Le Parlement a en effet jugé leurs activités “illégales” et reproche à la congrégation, comme à des centaines d’ONG, de ne pas communiquer leurs revenus financiers et la source de leurs dons. D’autre part, le ministère de l’Intérieur n’avait pas accrédité leurs activités sociales. Les religieuses seraient sorties du pays par la frontière terrestre avec le Costa Rica.
Déjà en mars, le nonce apostolique, Mgr Sommertag, avait été expulsé du pays, suscitant l’incompréhension du Saint-Siège : «Une telle mesure apparaît incompréhensible, souligne le communiqué du Saint-Siège, car au cours de sa mission, Mgr Sommertag a travaillé avec un profond dévouement pour le bien de l’Église et du peuple nicaraguayen, en particulier des plus vulnérables, cherchant toujours à favoriser de bonnes relations entre le Siège apostolique et les autorités nicaraguayennes».
Des tensions avec l’Église
Cette suite de décisions unilatérales intervient alors que les relations entre le gouvernement nicaguais et l’Église sont tendues depuis que des paroisses ont accueilli en 2018 des manifestants fuyant la répression. Les mouvements sociaux avaient été réprimés dans le sang faisant 55 morts, 2.000 blessés, un demi-millier de prisonniers et des dizaines de milliers d’exilés, selon des organisations de défense des droits humains. Le président Daniel Ortega avait alors tenu l’Église pour complice de ces mouvements sociaux qualifiés de coup d’État. Ainsi, celui-là même qui avait accueilli Mère Teresa de Calcutta dans les années 1980 pousse désormais les petites sœurs de la Charité à l’exil.