Le sujet est pour le moins inhabituel. Même dans les cycles consacrés à l’enfance de Jésus, une promenade avec son père adoptif est rarement représentée. Le Louvre conserve bien un dessin un peu postérieur sur le même sujet d’un autre artiste espagnol, Murillo — peut-être s’est-il même inspiré de son prédécesseur, car la composition en est très proche. Autrement, rien ou presque. Aussi, cette promenade conservée à Saint-Médard (5e) a quelque chose d’exceptionnel. D’autant plus qu’elle est la seule œuvre de l’Espagnol Francisco de Zurbaran a se trouver dans un lieu de culte de la capitale.
Le drapé des vêtements est somptueux, entre le rose, le violet et l’ocre. Les deux personnages marchent dans un paysage laissant une large place aux arbres de grande taille, sous un ciel nuageux.
L’œuvre a été initialement réalisée pour une institution religieuse sévillane, le couvent de la Merci Déchaussée (Merced Descalza) dont la vocation était de racheter les captifs. Ce couvent abrite désormais le musée des Beaux-Arts de Séville et n’a plus de vocation religieuse. Sur la toile, on voit l’Enfant-Jésus tenir la main de son père adoptif et le regarder tendrement, avec attention. Comme un hommage à celui qui pourvoit à son éducation aux yeux des hommes. Joseph, bien plus jeune que sur la plupart des tableaux le représentant, s’appuie sur un bâton fleurdelisé. Le drapé des vêtements est somptueux, entre le rose, le violet et l’ocre. Les deux personnages marchent dans un paysage laissant une large place aux arbres de grande taille, sous un ciel nuageux. La restauration de La promenade de l’Enfant-Jésus a récemment mis en lumière cette œuvre méconnue. Les paysages ont retrouvé leur apparence d’origine, les drapés, tout l’éclat de leurs couleurs.
Comment un Zurbaran s’est-il retrouvé à Saint-Médard ?
Voilà plus de cent-trente ans que le tableau se trouve dans l’église Saint-Médard, en plein cœur de Paris. Il fut en effet acheté en 1889 par le curé de l’époque, l’abbé Louis-Pierre Jouan. Certainement souhaitait-il compléter le décor de son église, alors qu’elle avait été saccagée pendant la Commune. Les tableaux éventrés avaient-ils besoin d’être remplacés, ou était-ce le signe de la dévotion du curé pour saint Joseph ? Difficile de le savoir. Toujours est-il que, grâce au goût artistique très sûr de son abbé, Saint-Médard offre à la contemplation l’image d’un Saint-Joseph éducateur, accompagnant un jeune Jésus.